Erinnerungen an die Spiegelsäle von Brüssel (Souvenirs de la galerie d…
1920

Erinnerungen an die Spiegelsäle von Brüssel
(Souvenirs de la galerie des glaces à Bruxelles)
1920
Repris du cubisme, l'éclatement en multiples facettes est mis au service d'une vision ironique et triviale de la société d'après-guerre.
Domaine | Peinture |
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Technique | Huile et glacis sur fonds d'argent sur toile |
Dimensions | 124 x 80,4 cm |
Acquisition | Achat en souvenir de Siegfried Poppe, 1999 |
N° d'inventaire | AM 1999-178 |
En salle :
Musée - Niveau 5 - Salle 19 : Réalismes
Informations détaillées
Artiste |
Otto Dix
(1891, Allemagne - 1969, République fédérale d'Allemagne) |
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Titre principal | Erinnerungen an die Spiegelsäle von Brüssel (Souvenirs de la galerie des glaces à Bruxelles) |
Date de création | 1920 |
Domaine | Peinture |
Technique | Huile et glacis sur fonds d'argent sur toile |
Dimensions | 124 x 80,4 cm |
Inscriptions | S.D. en bas à gauche : DIX / 1920 |
Acquisition | Achat en souvenir de Siegfried Poppe, 1999 |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Moderne |
N° d'inventaire | AM 1999-178 |
Analyse
L’année 1920, au cours de laquelle Dix est invité par Grosz et Heartfield à participer à la i re Foire internationale Dada de Berlin, correspond à une période prolifique pour l’artiste de Dresde. Inspiré par les dadaïstes, Dix dépeint de manière caricaturale et mordante l’absurdité de la guerre, où des estropiés, mi-hommes, mi-pantins (Les Joueurs de skat, La Rue de Prague) côtoient des bouchers enragés (Boucherie) et la soldatesque allemande en proie à sa libido. Les gradés se rendaient alors dans des cafés aménagés en bordel. L’un des plus célèbres à Bruxelles, baptisé Cristal Palace, était connu pour ses pièces entièrement recouvertes de miroirs. Dix y représente un général allemand congestionné, buvant du champagne français (dont le drapeau impérial allemand – noir, blanc, rouge – autour du col de la bouteille rappelle la taxe introduite en 1912 par Guillaume II pour financer l’essor de la marine), en compagnie d’une blonde vulgaire à la poitrine plantureuse. Le lieu lui permet non seulement de démultiplier l’image de ce couple caricatural, mais aussi de donner différents angles de vue (tels les détails du sexe de la femme dans le bas du tableau), et, dans le haut du tableau, de représenter d’autres scènes d’accouplement, réelles ou imaginaires. Il semble évident que le dadaïste Dix, qui, selon ses propres mots, voulait devenir « célèbre ou voyou », cherche, avec ce tableau, à parodier le cubisme en le transposant dans une réalité triviale, afin de montrer le fossé qui s’est ouvert entre les idéaux de l’avant-garde et l’horreur vécue au front. S’y ajoute le désenchantement de l’après-guerre. La raillerie de Dix vis-à-vis d’un général de la Reichswehr, calmant son ardeur dans un bordel bruxellois en subventionnant la marine allemande par sa consommation de champagne, s’inscrit dans l’actualité politique : la tentative d’un putsch militaire contre le nouveau gouvernement socialiste sous la direction du banquier Kapp, en mars 1920.
Angela Lampe
Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007