Le Vase aux trois têtes
13 mai 1955
Pablo Picasso
De 1947 à 1960, parallèlement à ses autres travaux, Picasso réalise un grand nombre de céramiques, plus de huit cents pièces parmi lesquelles des statuettes, des vases, des assiettes, des pichets, dont certaines, comme Le Vase aux trois têtes, ont ensuite été coulées en bronze.
Installé après la guerre à Vallauris, village réputé dès le 16e siècle pour la qualité de son argile et de ses poteries, Picasso travaille essentiellement à partir de la production de terre cuite de la fabrique locale, Madoura. Il intervient avant que l’argile des poteries ne soit sèche pour évider des formes, les inciser, et s’initie même aux techniques sophistiquées de la céramique comme l’oxyde ou l’engobe.
Il donne vie à des pièces ordinaires, les métamorphosant en créatures surprenantes, souvent humoristiques. Profitant des surfaces courbes que lui offrent les divers récipients pour expérimenter de nouveaux modes de représentation, il réalise aussi de nombreux visages, voire des portraits. À cet égard, il confie en 1948 au sculpteur Henri Laurens : « Vous devriez faire de la céramique. C’est magnifique ! […] J’ai fait une tête. Eh bien, on peut la regarder de partout, elle est plate. […] Qu’est-ce qu’on cherche dans un tableau ? La profondeur, le plus d’espace possible. Dans une sculpture, il faut chercher à la faire plate pour le spectateur, vue de partout. »
La céramique de Picasso ne doit par conséquent pas être dissociée de sa recherche picturale ou graphique – par exemple, la série de dessins Le Peintre et son modèle, contemporaine de cette pratique –ni de ses sculptures – comme Petite fille sautant à la corde (1950) qui intègre un récipient de terre cuite.