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Mademoiselle Pogany

1912-1913

Constantin Brancusi

Une Muse, datée de 1912, est sans doute l’ultime portrait de la baronne Frachon. L’œuvre perd son aspect monolithique et sa conception devient plus complexe. Une main et un avant-bras viennent soutenir la tête. Une Muse anticipe un autre portrait réalisé la même année, celui de Mademoiselle Pogany.


Comme pour La Muse endormie, Brancusi travaille ici d’après modèle, une jeune fille hongroise venue à Paris étudier la peinture. Encore une fois c’est une essence qu’il cherche, la sensibilité et la présence particulières du modèle. Les détails ne peuvent produire qu’une représentation. Comme Brancusi le dit à son modèle : « Il me suffit de vous regarder vivre pour m’en souvenir. Baissez vos paupières, laissez-les se reposer sur vos yeux fermés. C’est assez pour m’inspirer. » Aucune des nombreuses études en terre exécutées en sa présence ne le satisfaisant, il les détruit. Ce n’est qu’après le départ de Margit Pogany pour la Hongrie qu’il sculpte son visage de mémoire dans un marbre blanc. 


Le portrait de Mademoiselle Pogany en marbre blanc apparaît comme une présence hybride mi-humaine mi-animale. Un même mouvement lumineux relie tous les traits du visage. Le nez, en bec d’oiseau, et les yeux immenses en amande s’inscrivent dans une même forme qui commence avec les mains et se prolonge avec le cou et le crâne. Au-delà d’une représentation réaliste, Brancusi exacerbe les différentes parties du visage pour s’approcher au plus près de la sensibilité de son modèle.