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Victor Vasarely, « Hommage à Georges Pompidou », 1976

Focus sur... « Hommage à Georges Pompidou » de Victor Vasarely

Comme une figure tutélaire, la silhouette de Georges Pompidou flotte dans le Forum du Centre national d'art et de culture qui porte son nom. À l'origine de cette œuvre : l'artiste Victor Vasarely, proche du président et de sa femme Claude, et pionnier de l'art cinétique. Retour sur cette œuvre hommage.

± 5 min

On ne peut pas le manquer. Et c'est justement le but de Vasarely que de toucher un large public en étant présent partout. Apparenté à la mouvance cinétique puis à l'Op'Art, son œuvre joue sur des formes géométriques simples, « optimales et optimistes » qui, combinées dans l'espace, perturbent notre perception et persistent dans notre rétine.

 

Le logo de Renault, c'est Vasarely. Le fameux losange strié de noir et blanc avec son effet d'optique. Cette impres­sion à la fois de mouvement et de relief, qui rajeunit la marque automobile pour la sortie de la Renault 5 en 1972, c'est l'œuvre de Vasarely et de son fils Yvaral. Quatre ans plus tard, l'artiste réalise un hommage à Georges Pompidou, président de la République (de 1969 à 1974) dont il était proche. Non plus un losange, mais un hexagone de cinq mètres de hauteur dans lequel s'inscrit le visage du président défunt grâce à des profi­lés d'aluminium disposés verticalement. Le por­trait se dessine en creux. On reconnaît l'homme lorsque l'on se tient à une certaine distance, mais la composition devient abstraite dès qu'on s'en approche. Cette sculpture métallique rend hommage à l'homme politique « conservateur d'avant-garde » (Laurence Bertrand Dorléac) autant qu'au collectionneur, qui faisait se côtoyer chez lui les oeuvres de Bonnard et des Nouveaux Réalistes, celles de Kandinsky et des artistes cinétiques. Elle illustre également les recherches menées par Vasarely sur l'illusion produite grâce au mouvement du spectateur.

 

Cet hommage illustre les recherches menées par Vasarely sur l'illusion produite grâce au mouvement du spectateur.


Vasarely a eu un rôle fédérateur dans l'éclosion de la mouvance cinétique. 11 rédige le manifeste de l'exposition « Le Mouvement » qui accueille Duchamp, Calder et Tinguely dans la galerie Denise René en 1955. L'artiste d'origine hongroise étend son influence à l'Amérique latine suite à son exposition de 1958 à Buenos Aires, puis en Europe du Nord (1961) et aux États-Unis (1965) avec une exposition franco-américaine au MoMA qui marque l'épanouissement de l'Op'Art : maté­riaux industriels, compositions géométriques, aplats impeccables..., le côté spectaculaire des pièces enthousiasme à la fois la presse et le public. « L'œuvre plastique diffusable, optimale et opti­miste » (Vasarely) trouve un immense écho dans la publicité et à la télévision.

 

On vend du Vasarely au mètre dans les grands magasins.

Le Nouvel Observateur, 1966

 

Les motifs géométriques de Vasarely habillent les pla­teaux télé, les magazines de mode, les pochettes de disques (le deuxième album de David Bowie Space Oddity reprend la peinture composée de ronds dégra­dés bleus intitulée CTA 25 Neg), les couvertures de livres (les quatre-vingt-quinze premiers ouvrages de la collection « Tel » chez Gallimard), le tissu d'ameuble­ment. Sérigraphies, porcelaines, posters ... « On vend du Vasarely au mètre dans les grands magasins », consta­tait déjà Le Nouvel Observateur en 1966. Son omnipré­sence participe au désamour que l'œuvre suscite à partir des années 1980. La mode passe et la multiplication des Vasarely tous azimuts se heurte au marché de l'art qui le boude et l'éclipse pendant quelques décennies. ◼

Texte à retrouver dans « Pourquoi c'est connu ? Le fabuleux destin des chefs-d'œuvre du Centre Pompidou » :