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Vue du Centre Pompidou, par Manuel Braun

Le Centre Pompidou, un média à part entière

Avec le lancement de son magazine en ligne, gratuit et accessible sur tous les supports numériques, le Centre Pompidou complète son offre numérique. Ce nouveau média, riche de contenus inédits, multiplie les points de vue sur la programmation, et tente d’éclairer les enjeux contemporains du monde. Il poursuit ainsi notre mission de service public : rendre l’art et la culture toujours plus accessibles au plus grand nombre. Entretien avec Serge Lasvignes, président du Centre Pompidou. 

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En lançant un magazine en ligne, le Centre Pompidou intensifie sa présence sur l’espace numérique. Quel est le sens de cette démarche ? 

Serge Lasvignes – La présence en ligne est devenue une part nécessaire, essentielle de notre activité. Elle est un outil précieux de médiation et de transmission, qui donne la possibilité de montrer, illustrer, expliquer, commenter, documenter notre collection, nos expositions ou nos spectacles. Elle est aussi un puissant vecteur relationnel qui permet d’introduire un nouveau rapport entre le public et « l’institution ». On peut découvrir les mystères du Centre Pompidou, les dessous d’une exposition, tout ce back office qui souvent passionne le public et donne au musée une nouvelle réalité, plus proche, engageante, rassurante. On est aussi en mesure de développer cette interactivité qui est, pour moi, l’un de nos axes d’avenir : faire participer le public à la préparation d’une exposition, tester sa connaissance de l’art, jouer aussi (pourquoi pas ?) à partir de nos œuvres… Le résultat, c’est non seulement l’enrichissement de la relation avec le public qui vient voir nos expositions, mais aussi la faculté d’atteindre un public qui ne fait pas partie de nos habitués, mais va se laisser accrocher par une exposition virtuelle, un podcast ou un jeu. Le numérique contribue ainsi à cette diversification qui est l’une de nos exigences de service public. La crise sanitaire que nous avons traversée, et en particulier la période de confinement ont multiplié les visites de notre site, transformé en plate-forme de ressources. Nous avons notamment attiré un grand public situé hors de Paris, dans la France entière. Il faut continuer à construire sur cet acquis provisoire.

 

 

Mais pourquoi un magazine ?

SL – Il est vrai que peu d’institutions culturelles se sont engagées dans cette forme éditoriale, que ce soit en France ou à l’étranger. Mais le magazine touche pour moi à l’originalité intrinsèque du Centre Pompidou. Le projet de Georges Pompidou était de créer un lieu où l’art serait en prise directe sur la société, où la culture vivrait de telle sorte que l’on ferait tomber les cloisons entre les disciplines, les spécialités… La forme éditoriale du magazine poursuit à travers les ans le même objet. Elle permet à la fois de montrer comment nos propositions, expositions ou spectacles s’inscrivent dans la réalité contemporaine, et d’interroger l’état de cette société, ses espoirs, ses ambitions ou ses peurs. La culture est facteur de liberté et d’émancipation sociale. C’est ma conviction. Mais elle ne peut jouer ce rôle, au-delà de l’école, que si elle sort des lieux clos institutionnels et si elle met sans cesse « en relation » : les gens avec les gens, les œuvres avec la vie des gens, les artistes avec les philosophes ou les scientifiques, etc. Le magazine fait partie des modestes instruments qui aident à poursuivre cette grande ambition.

 

La culture est facteur de liberté et d’émancipation sociale. C’est ma conviction. [...] Nous avons le devoir d’être à l’écoute du temps. De nous réinventer sans cesse. L’immobilisme nous est interdit. Serge Lasvignes

 

Précisément, ces sujets, afin de toucher le plus grand nombre, doivent être accessibles à tous les lectorats… 

SL – Dès sa conception, le magazine en ligne a été pensé pour être accessible à toutes et tous. On y retrouve tous les formats journalistiques (entretiens, portraits, tribunes…), sur tous les supports (textes, images, vidéos…). Nous avons le devoir d’être à l’écoute du temps. De nous réinventer sans cesse. L’immobilisme nous est interdit. 

Nous devons, en deux mots, rester en prise. Rester en prise, cela veut dire comprendre l’évolution des mœurs, les nouvelles pratiques, les nouveaux chemins de la création. En allant chercher de nouveaux publics sur Internet, en contribuant à leur diversification, le magazine en ligne participe pleinement d’une meilleure lisibilité de la programmation du Centre Pompidou et rend concrète sa transdisciplinarité. Il réaffirme notre personnalité, vise à réduire le morcellement des savoirs, témoigne de la richesse et de la diversité avec lesquelles l’art peut saisir le monde. Et j’espère que ce magazine contribuera à le faire savoir. ◼