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Mes Petites Effigies

1988

Annette Messager

En même temps c’est comme des images de protection, comme des ex-voto, cousus, déchirés, des fragments de corps, des bras, des pieds, contre les maladies, contre les malheurs. Je les possède tous. Je vous possède. 

En choisissant comme titre Mes Petites Éffigies, Annette Messager crée une œuvre d’autofiction soigneusement mise en scène par une accumulation de petites peluches usées et de poupées de chiffon. Vestiges d’une enfance perdue, chaque objet cloué au mur porte en collier un fragment de corps humain au-dessus d’une inscription manuscrite au crayon de couleur. Ces mots tracés et répétés dans une écriture manuscrite forment une sorte de socle visuel. Il faut s’en approcher pour y découvrir des émotions telles que : attente, crainte, décision, désir, faute, hésitation, malaise, orgueil, oubli, peine, plainte, promesse, protection, piège, possession, remord, rencontre, retour, ruse, soupçon, vanité.  Comme dans ses collections, Annette Messager classe, ordonne et recompose. Ces petits objets évoquent les ex-voto du Brésil, un art brut désigné « art vierge », qu’elle affectionne tout particulièrement. Plus proche du monde fétichisé de la sorcellerie que de l’univers enfantin, ces petites effigies dégagent un sentiment de cruauté et de violence. « Ces petites poupées ridicules deviennent inquiétantes comme certaines poupées vaudou . »  (Entretien avec Bernard Marcadé en 1989) 

* Annette Messager. Note pour un film de Phillipe Demontaut, 1989