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Tetsumi Kudo

Grafted Garden (Jardin greffé) / Pollution-cultivation-nouvelle écologie, 1970-1971

Hybridation

La nature et la technologie sont-elles en mesure de tout recycler ? Dans ce paysage post-apocalyptique, des membres atrophiés, bras, jambe, sexe masculin sont fixés sur d’étranges prothèses disposées dans un jardin, greffé de fleurs et de cheveux artificiels. Ces objets factices semblent brandir leur impuissance au milieu d’une nature aux organismes modifiés. Profondément marqué par le bombardement atomique d’Hiroshima et le développement des nouvelles technologies (biologie, informatique), Tetsumi Kudo nous livre dès les années 1970, non sans une certaine ironie, une réflexion sur la responsabilité, le devenir et l’errance de l’espèce humaine.

 

Nouvelle écologie

Tetsumi Kudo perçoit déjà la métamorphose de l’être humain moderne. Avec humour et ironie, il traite de l’adaptation et de la survivance biochimique de l’humain, initiateur et victime des "avancées" technologiques comme la bombe nucléaire, la surconsommation et l’épuisement des ressources naturelles. Ces fragments de corps humain enfermés dans des cages ou des aquariums, ou ces vestiges d’une existence passée à demi enfouis dans la terre, sont les traces de catastrophes qui, selon l’artiste, ne sont pas opposées car c’est l’homme qui les a engendrées. Conscient de ces conséquences, le monde imaginé par Kudo donne naissance à une nouvelle culture, qu’il désigne comme « la nouvelle écologie ». Un monde hybride aux couleurs fluos, peuplé de corps atrophiés ou augmentés, à la fois raffiné, cruel et poétique s’instaure.

 

Provocateur et visionnaire

Né en 1935 dans une famille d’artistes peintres, Kudo se forme aux Beaux-Arts de Tokyo. Il fréquente d’abord les groupes Néo-Dada avec lesquels il réalise des performances et des installations donnant une importance nouvelle à l’objet. Installé à Paris en 1962, il est reconnu parmi les « Objecteurs », terme inventé par le critique d’art Alain Jouffroy pour désigner les artistes venus du surréalisme et influencés par la poétique de l’objet.

Contemporaine du Nouveau réalisme et du Pop Art, son œuvre reste marginale. À travers ses créations hybrides à base de cocon-phallus-chrysalide, de cages, de fils, de boîtes, Tetsumi Kudo esquisse les enjeux à venir de l’humanité : le péril écologique, le transhumanisme, la cybernétique et le contrôle des individus.


Tetsumi Kudo en 7 dates

1935  Naissance à Osaka
1954  Entrée aux Beaux-Arts et premier happening
1962  Installation à Paris grâce à une bourse d’artiste
1966  Participation à l’exposition « Les Objecteurs » à Paris
1978  Nombreux happenings entre Paris et Berlin
1981  Retour au Japon avec sa famille 
1990  Mort à Tokyo  


Pour aller plus loin

Tetsumi Kudo, portrait d'un artiste dans la crise

Conférence d’Anne Tronche, 18 novembre 2014

dans le cadre de la journée d’études « Green Power ! L’art écologique peut-il avoir un impact social mesurable ? », organisée par l’université de la Sorbonne Paris 1 et l'HiCSA/INHA
Durée : 40'52


Dans la collection du Musée national d'art moderne :

Œuvres de Tetsumi Kudo