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La Blouse roumaine

Avril 1940

Henri Matisse

« N’attendez pas l’inspiration elle vient pendant que l’on travaille. »

Matisse

 

Rien que l’essentiel dans cette image et pour y parvenir Matisse passe près de six mois à prendre possession de son motif, la blouse roumaine. Cette apparente simplicité est donc le résultat d’un travail long et rigoureux.

 

Les quatorze photographies prises par l’artiste montrent l’évolution de son travail. Il accorde d’abord une grande importance au fond, un décor à fleurs et représente le modèle féminin dans une vue plongeante assise sur un fauteuil tapissé de losanges. Procédant par élimination, il abandonne le décor et le fauteuil pour se concentrer sur le visage du modèle, les manches de la blouse et l’entrecroisement des mains à peine esquissé. Les trois couleurs dominantes le bleu, le blanc et le rouge ne sont pas sans rappeler les couleurs de la France en pleine guerre.

 

Il ne s’agit pas d’un portrait puisque la figure n’est plus qu’un signe laissant place à ce motif décoratif de la blouse qui s’épanouit sous la forme d’une corolle envahissant l’espace de la toile. Le contraste des couleurs ainsi que le jeu de courbes et des motifs décoratifs de la toile composent l’équilibre de la surface. Fond et figure ont la même importance car pour Matisse le sujet est bien cette blouse alors très en vogue à Nice dans les années 1930. L’artiste les collectionne, comme les étoffes et les tapis, pour en faire un sujet pictural qu’il va explorer dans plusieurs toiles entre 1930 et 1940. Dans cette épure finale, il parvient à la condensation de ses connaissances, son application et l’expression de sa sensation.


La Blouse roumaine annonce la nouvelle voie vers laquelle s’oriente Matisse dans les années 1940 avec ses gouaches découpées.


Pour aller plus loin

Podcast La Bouse roumaine

Série « Les chefs-d'œuvre du Centre Pompidou », 2020
Durée : 7’34


Matisse et le processus de création, par Guitemie Maldonado

à l'occasion de l’exposition « Matisse, Paires et séries »

au Centre Pompidou en 2012

Durée : 7'31