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Le Violoniste à la fenêtre

[printemps 1918]

Henri Matisse

 

Matisse peint cette toile peu après son arrivée à Nice à l'hiver 1917-1918, où il s'installe seul pour se consacrer à son art, sa femme et ses trois enfants étant restés à Paris. Dans la continuité stylistique des œuvres précédentes, il revient au motif de la fenêtre et travaille de nouveau le noir, avec toutefois de nouvelles couleurs plus légères. Quant au sujet de la toile, Matisse renoue aussi avec un thème déjà abordé, la musique.

 

La musique est très présente dans l'iconographie de l'époque, car elle alimente les réflexions sur la nature de la peinture et son rapport à l'imitation : la musique, en tant qu'art non discursif et non représentatif, sert de modèle à la peinture du début du siècle. Mais elle est aussi particulièrement chère à Matisse, puisqu'il joue lui-même du violon quotidiennement. À cet égard, on peut interpréter Le Violoniste à la fenêtre comme un autoportrait. L'artiste joue pour une fenêtre qui représente pour lui la peinture.

 

Reprenant la figure du violoniste de La Musique, l'un des deux panneaux décoratifs commandés en 1909 par le collectionneur russe Chtchoukine, Matisse, à la manière des artistes médiévaux qui se représentaient dans un coin de leurs tableaux, suggère ici un autoportrait déguisé comme ce sera fréquemment le cas dans son œuvre.