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L'artiste et son œuvre

Pablo Picasso

Biographie

Originaire d’Andalousie où il passe les premières années de sa vie, Pablo Ruiz Picasso grandit à Barcelone, son père ayant été nommé professeur à l’École des beaux-arts. Picasso y est lui-même admis en tant qu’élève à l’âge de 14 ans, comme il le sera deux ans plus tard, à l’Académie royale de Madrid.

 

Après cette période d’études classiques, il découvre la vie de bohème, notamment en fréquentant un cabaret artistique et littéraire de la vieille ville de Barcelone, Els Quatre Gats, où ses travaux sont exposés pour la première fois. À cette époque, il fréquente un bordel du Carrer D’Avinyo qui lui inspirera l’un de ses plus célèbres tableaux, Les Demoiselles d’Avignon. Il noue aussi de solides amitiés, comme avec Casagemas dont le suicide en 1901 le marque profondément. C’est en représentant son ami mort qu’il découvre le potentiel émotionnel des peintures en camaïeu bleu.

 

À partir de 1904, Picasso s’installe définitivement en France et emménage tout d’abord dans un misérable atelier de Montmartre, au Bateau-Lavoir, nom donné par Max Jacob parce qu’on accède à la bâtisse par un pont. C’est devant cet atelier que Picasso rencontre en 1905 Fernande Olivier. Avec elle, il fréquente des artistes, des écrivains comme Gertrude Stein, des poètes, notamment Guillaume Apollinaire. Cette époque heureuse marque le début de sa période rose avec ses peintures de saltimbanques, aux couleurs adoucies.

En 1907, Picasso travaille à la composition des Demoiselles d’Avignon, quand est présentée à Paris la grande rétrospective Cézanne. C’est à partir de l’œuvre du peintre d’Aix-en-Provence qu’il se rapproche de Georges Braque. Ensemble, ils se consacrent à la formulation du cubisme. Mais la déclaration de guerre met un terme à leur collaboration car Braque doit rejoindre son régiment. À 34 ans, Picasso reste seul à Paris et encore quasiment inconnu.

 

C’est alors qu’en 1917 les Ballets russes lui proposent de travailler aux costumes et aux décors de leur prochain spectacle. Parti rejoindre la troupe en Italie, il rencontre Olga, une des danseuses des Ballets, qu’il épouse l’année suivante. Leur fils Paul naît en 1921.
Durant cette période d’accalmie sentimentale et de prospérité, Picasso pratique un « retour à l’ordre », c’est-à-dire un retour à une forme d’art classique après les tentatives extrêmes des avant-gardes. Mais, dès 1925, son travail se déchaîne à nouveau en se rapprochant de l’art surréaliste. Il renoue avec la recherche de formes inédites et se consacre de plus en plus à la sculpture.

 

Le 27 avril 1937 un événement tragique vient bouleverser sa carrière. En Espagne, l'aviation allemande, au service des nationalistes franquistes, bombarde la petite ville basque de Guernica. En réaction, Picasso peint l’immense toile qui sera exposée un mois après au pavillon républicain de l’Exposition Internationale de Paris. Cette œuvre, conçue comme « un instrument de guerre », le rapproche du Parti communiste dont il devient membre.

 

À la fin des années 1940, il s’installe à Vallauris en Provence où il entame une nouvelle carrière de céramiste. C’est dans cette région qu’il réalise ses dernières œuvres, aussi bien des peintures, des sculptures, que des terres cuites et autres objets hétérogènes. Il emménage alors successivement à la Villa Californie dans la baie de Cannes, au Château de Vauvenargues au pied de la Montagne Sainte-Victoire, et au mas de Notre-Dame de Vie à Mougins, lieux que ses œuvres ont depuis rendus célèbres.


Introduction à l'œuvre

Le parcours artistique de Picasso est l’un des plus riches de toute l’histoire de l’art du 20e siècle. Tour à tour enfant prodige, peintre maudit, artiste mondain, sculpteur, graveur, céramiste, il collabore à presque tous les grands mouvements et tendances qui ont contribué à redéfinir les pratiques artistiques.

 

Au début du siècle, Picasso invente en compagnie de Georges Braque de nouvelles conventions picturales pour représenter l’espace de la perception, le cubisme. Dans les années 20, il participe au mouvement de « retour à l’ordre » qui réévalue l’héritage académique, puis renoue avec les avant-gardes en se rapprochant du surréalisme, auquel il apporte de riches innovations dans le domaine de la sculpture. Il réalise aussi bien de menus objets de papiers pliés, des jouets pour amuser ses enfants, des céramiques, des lithographies qui illustrent les livres de ses amis poètes, que des monuments publics ou des toiles immenses comme Guernica. À la fin de sa vie, il pose les bases d’un expressionnisme ludique, cocasse et provocateur, au style volontairement négligé qui se veut le témoin d’un appétit de vivre, repris en France dans les années 1980 notamment par Robert Combas du mouvement de la figuration libre.

 

Cette œuvre hétérogène témoigne de la vitalité d’un touche-à-tout spontanément artiste qui intègre tout ce qu’il aime à son art : non seulement ses compagnes, ses enfants, mais aussi le cirque, la tauromachie, l’Espagne, la politique… jusqu’aux objets de pacotille soigneusement conservés que l’on retrouve assemblés dans ses sculptures.

 

À l’image de sa vie personnelle aux multiples tournants, sa carrière artistique se constitue d’étapes, toutes ponctuées d’incertitudes et de crises finalement surmontées qui le conduisent à de constantes innovations. Picasso disait un jour à son amie Gertrude Stein : « quand vous faites quelque chose, faire est si compliqué qu’on ne peut pas s’empêcher de faire laid ; mais ceux qui après vous recommencent, ceux qui imitent ce que vous avez fait, eux, ils n’ont pas à chercher à faire, ils peuvent donc faire joli ; ainsi, tout le monde peut aimer ce que je fais, quand ce sont les autres qui le font » (Autobiographie, Alice Toklas).


Picasso a contribué à toutes les inventions esthétiques de son siècle, sans doute parce qu’il a eu le talent d’être toujours de son temps, de se remettre en cause, et de tourner la page d’une recherche achevée pour tenter d’autres aventures.