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Monochrome vert (M 77)

1957

Yves Klein

Les monochromes de différentes couleurs sont à l’origine de l’œuvre entière d’Yves Klein car, en choisissant une seule couleur pour recouvrir entièrement la surface de la toile, il cherche à éviter d’introduire dans la peinture un élément qui lui est extérieur, comme l’interprétation psychologique d’une forme.


Mais surtout, la couleur est pour lui – comme pour Delacroix auquel il ne cesse de se référer – le moyen d’atteindre la sensibilité : « Jamais par la ligne, on n’a pu créer dans la peinture une quatrième, cinquième ou une quelconque autre dimension ; seule la couleur peut tenter de réussir cet exploit »1. Le format allongé et déroutant de ce monochrome, ainsi que l’épaisseur du panneau qui met la couleur en relief, contribuent à exprimer cette exigence.

 

Si, par la suite, Klein réduit ses monochromes à la seule couleur bleue, c’est parce qu’étant la plus abstraite des couleurs, elle lui permet mieux que toute autre de réaliser son programme artistique : « Toutes les couleurs amènent des associations d’idées concrètes matérielles ou tangibles d’une manière psychologique, tandis que le bleu rappelle tout au plus la mer et le ciel. Ce qu’il y a après tout de plus abstrait dans la nature tangible et visible »2.

 


1. « Sur la monochromie » in Yves Klein, Centre Georges Pompidou, Paris, 1983, p. 194

2. in L’architecture de l’air, Conférence de la Sorbonne, 1959