Exposiciones
Les cinq ans du prix littéraire Bernard Heidsieck-Centre Pompidou
8 - 19 sep 2021

El evento ha terminado

© Centre Pompidou
Créé en 2017 en même temps que le festival Extra!, le prix Bernard Heidsieck-Centre Pompidou est singulier dans le monde des prix littéraires. Il consacre des figures remarquables de la création littéraire sous toutes ses formes : littérature plasticienne, performée, sonore, visuelle, numérique… Souvent rejetée ou marginalisée par le monde des lettres, cette conception ouverte de la littérature et ces modalités de sorties hors du livre sont ici pleinement mises à l’honneur.

© Centre Pompidou
C’est pourquoi le prix littéraire du Centre Pompidou a été placé sous la figure tutélaire du poète Bernard Heidsieck (1928-2014), pionnier de la performance poétique, inventeur de la « poésie-action » et chantre de la « poésie debout », contre les conventions d’une littérature « couchée » dans les livres.
En cinq ans, douze artistes ont remporté le prix d’honneur, le prix de l’année ou la mention spéciale de la Fondazione Bonotto qui soutient le prix depuis l’origine. L’univers littéraire ici proposé mélange sans hiérarchie des figures historiques et pionnières de la poésie visuelle avec des écrivains-artistes plus jeunes, qui poursuivent cette aventure littéraire.
Pour cette cinquième édition, l’unique prix littéraire du Centre Pompidou est mis en scène par la graphiste Anette Lenz. Les bandes magnétiques colorées qu’utilisait le poète Bernard Heidsieck sont contenues dans le trophée et se prolongent dans l’espace d’exposition, pour situer et rythmer les travaux exposés par chaque lauréat. Cette « scéno-graphie » met en relief le paysage littéraire actuel et expérimental porté par ce prix. Autant d’exemples d’une littérature qui n’hésite pas à s’échapper du livre pour monter sur scène ou gagner l’espace, pour se faire voix, corps, installation ou image.
Remise du 5e prix littéraire Bernard Heidsieck-Centre Pompidou : Vendredi 17 septembre, 19h
Les nominés sont : Ásta Fanney Sigurðardóttir (Islande, 1987), Lore Lixenberg (Royaume-Uni), Nico Dockx (Belgique, 1974), Nora Turato (Croatie, 1991).
Anette Lenz
La graphiste allemande Anette Lenz, installée à Paris depuis 1990, est l’une des designeuses contemporaines les plus influentes. Elle intègre les collectifs « Grapus » et « Nous travaillons ensemble » avant de créer son propre studio en 1993. Son travail, essentiellement autour du graphisme culturel, a fait l’objet de nombreuses expositions monographiques comme cette année au Musée des arts appliqués de Francfort (Museum Angewandte Kunst). Ayant conçu le trophée et l’identité visuelle du prix Bernard Heidsieck-Centre Pompidou dès son origine, Anette Lenz a pensé la scénographie de l’exposition comme son prolongement. Les bandes magnétiques colorées du poète sonore Bernard Heidsieck sont contenues dans le trophée et se prolongent dans l’espace d’exposition, pour situer et rythmer les travaux des différents artistes exposés.
Bernard Heidsieck (1928-2014)
Le nom du poète sonore Bernard Heidsieck s’est imposé avec force et évidence pour incarner la figure tutélaire du prix littéraire du Centre Pompidou, qui entend récompenser des formes de littérature ouvertes et extra-livresques. Figure majeure de la poésie française de la deuxième moitié du 20e siècle et inventeur de la « poésie action », Bernard Heidsieck est l'auteur d'une œuvre littéraire extraordinaire et largement reconnue à l’international. Sortir du livre et de la page, revendiquer une « poésie debout » contre les conventions d'une littérature « couchée » dans le livre, sortir la poésie de ses cercles habituels, utiliser les appareils sonores électroniques pour créer et amplifier la poésie : telles sont les grandes voies tracées par Bernard Heidsieck, qui a exploré les formes sonores et plastiques de la création littéraire via des performances, des poèmes-partitions, des audio-poèmes… Bernard Heidsieck a reçu en 1991 le Grand Prix national de la poésie. L’exposition propose d’entendre un de ses poèmes sonores les plus célèbres, Vaduz (1974), capitale du Lichtenstein, à partir de laquelle il recense et liste les peuples et ethnies de la planète.
Les lauréats des éditions précédentes
Alain Arias-Misson (1936, mention spéciale Fondazione Bonotto 2018)
Alain Arias-Misson est un artiste, poète et romancier franco-américain, qui vit entre Paris, Madrid, Anvers et Venise. Dès 1965, il a créé ses « public poems », constitués de grandes lettres portées par des figurants dans les rues des villes. Il montre ici un poème-page en forme de tapisserie, produit dans le cadre de la mention spéciale que lui a donnée la Fondazione Bonotto en 2018.
Fia Bäckstrom (1970, prix de l’année 2018)
Artiste suédoise installée à New York, Fia Bäckstrom place le langage et l’écriture au cœur de son travail plastique d’installations, de films ou de performances-conférences. Nous présentons ici son livre COOP a-script, publié chez Primary Information, à la fois livre d’artiste, poème visuel et livret de ses performances.
Caroline Bergvall (1962, prix de l’année 2017)
Caroline Bergvall est une écrivaine et artiste franco-norvégienne installée à Londres. Ses projets prennent alternativement la forme de performances, de conversations collectives, d’installations, de livres, et de collaborations avec des artistes d’autres disciplines. Ses mots, sa syntaxe et son phrasé sont souvent multilingues, parfois disloqués et toujours singuliers. Le film Night & Refuge présenté ici retrace un atelier d’écriture numérique qui s’est tenu le 20 mai 2020 sous les contraintes du confinement mondial lié à la covid-19.
John Giorno (1936-2018, prix d’honneur 2017)
Figure majeure de la scène artistique et littéraire new-yorkaise depuis les années 1960, John Giorno n’a cessé de faire déborder la poésie hors du livre, par le biais de la performance sonore ou la création de nombreux « poem paintings ». En 1965, il fonde le label « Giorno Poetry Systems » qui a édité depuis une quarantaine d’albums. Son prix d’honneur reçu en 2017 s’inscrit dans une filiation forte et amicale avec le poète sonore Bernard Heidsieck, qui a largement œuvré pour la reconnaissance de John Giorno en Europe puis aux États-Unis.
Richard Kostelanetz (1940, mention spéciale Fondazione Bonotto 2020)
Né à New York en 1940, Richard Kostelanetz est poète, écrivain, artiste, critique et conservateur. Avec sa production littéraire et sa poésie visuelle, il introduit de nouveaux codes grammaticaux et expressifs définis dans les années 1960 comme « radicaux et intolérants ». Célèbre pour sa prose, ses nouvelles et sa contribution historique à la poésie visuelle, Richard Kostelanetz utilise des dispositifs tels que les connexions linguistiques, les séquences de chiffres, les jeux de mots, l’allitération, le parallélisme, le constructivisme et le minimalisme qui interpellent le lecteur – à l’image de cette tapisserie, produite dans le cadre du prix littéraire, qui forme une concaténation de mots, un « marabout-bout de ficelle » que le poète américain s’est ingénié à écrire en français.
Michèle Métail (1950, prix d’honneur 2018)
Depuis 1973, Michèle Métail diffuse ses textes au cours de « publications orales ». La projection du mot dans l’espace représente pour elle le stade ultime de l’écriture. Le poème est considéré comme une partition, que chaque lecture publique réinterprète en fonction du lieu et du contexte. C’est d’ailleurs un de ses splendides rouleaux de lecture du poème Le Cours du Danube qui est montré ici sur une scène : comme si ce poème manuscrit à l’encre de Chine était sur le point d’être lu, vu et écouté publiquement, avec les dessins lisibles dans le sens du public, et l’écriture tournée vers la lectrice.
Franz Mon (1926, mention spéciale Fondazione Bonotto 2019)
Pionnier de la poésie concrète et sonore en Allemagne, Franz Mon découvre la modernité artistique interdite par les nazis en lisant une revue littéraire dans un camp de prisonniers des alliés. Dans l’exposition, la tapisserie Europa Balance comporte sept mots-images, comme autant de balances symboliques que l’artiste présente ainsi : « Au centre, "Europa” et “Olympia” : deux termes universels de notre unité sociale et politique. La balance suivante est formée en vert et noir par “Olympia” et “Frieden” (paix) ; tandis que le seul mot-image en noir seulement, “Orakel” (oracle), en bas à droite, sert d'avertissement pour l'avenir. Il est contrebalancé par “Seele” (âme), en haut à droite, relié par l'orange clair aux deux images-mots en miroir “AURORA” ».
Clemente Padín (1939, prix d’honneur 2019)
Poète, performeur, designeur et artiste multimédia uruguayen, Clemente Padín est également un important théoricien des pratiques poétiques issues des avant-gardes historiques. Dans les années 1960, il est l'un des initiateurs du « mail art » en Amérique latine. En 1969, il crée la revue internationaliste, expérimentale et révolutionnaire Ovum 10, solidaire des mouvements sociaux.
Padín, qui met souvent en scène la parole interdite ou empêchée par le pouvoir, fut emprisonné pour son engagement politique de 1977 à 1979 par la dictature militaire, avant d'être placé en liberté surveillée jusqu’en 1984.
Lamberto Pignotti (1926, mention spéciale Fondazione Bonotto 2017)
Pionnier de la poésie sonore et visuelle, Lamberto Pignotti conçoit et théorise les premières formes de « poésie technologique » et de « poésie visuelle ». Il participe aux activités du mouvement littéraire Gruppo 6 (fondé à Palerme en 1963), et cofonde le Gruppo 70 la même année. La tapisserie produite suite à la mention spéciale de la Fondazione Bonotto est un texte-collage emblématique des interférences de signes qui fondent son activité.
Cia Rinne (1973, prix de l’année 2019)
Née à Göteborg (Suède), Cia Rinne a grandi en Allemagne, avant d’étudier la philosophie à Francfort, Athènes et Helsinki. Poétesse désormais installée à Berlin, ses textes minimalistes s’écrivent dans plusieurs langues et réduisent des questions philosophiques et linguistiques à des séquences sonores en provoquant des changements de sens. Elle montre ici un film-performance co-produit par la Maison des cultures du monde (HKW) de Berlin et le Centre Pompidou en 2019, à l’occasion du John Giorno Poetry Day.
Gerhard Rühm (1930, prix d’honneur 2020)
Figure majeure et historique de la poésie expérimentale, écrivain, poète sonore, plasticien, Gerhard Rühm a été l’un des membres fondateurs du Wiener Gruppe, considéré comme le premier mouvement d’avant-garde autrichien, précurseur de l’actionnisme viennois. Rühm appartient aux classiques de la littérature allemande moderne, dont il élargit les frontières en direction des arts visuels et de la musique, introduisant des notions telles que la « musique visuelle », la « poésie sonore » et le « dessin gestuel ». La vaste variété de ses créations est illustrée ici par un extrait du catalogue consacré au Wiener Gruppe à la Biennale de Venise.
Kinga Toth (1983, prix de l’année 2020)
Née en Hongrie, Kinga Toth écrit et publie des nouvelles, des poèmes et des pièces de théâtre en hongrois, en allemand et en anglais. Membre de diverses organisations artistiques, elle a rejoint plusieurs résidences d’artistes écrivains (IWP, LCB, GEDOK, Bosch, Solitude, etc.). Musicienne, chanteuse, poétesse visuelle et sonore, elle présente son travail dans des performances, des expositions et des installations à l'image de celle créée ici pour l'occasion, qui reprend des poèmes visuels réalisés ultérieurement pour nous les présenter sous une nouvelle forme.
Dónde
Nivel –1
Quando
8 - 19 sep 2021
© D.R.