Laura Huertas Millan et Rachael Rakes

Contre-Rencontres est un événement conçu par le collectif de recherche et de commissariat Counter-Encounters. Initié par l’artiste Laura Huertas Millan et la curatrice Rachael Rakes en 2019, ce collectif s'intéresse aux formes d'alter-ethnographies, voire d'anti-ethnographies, dans le cinéma et l'art contemporain. Avec une position critique envers les archétypes culturels intrinsèques à l'anthropologie et à ses fondements coloniaux, Counter-Encounters cherche d'autres moyens de rencontres, où les relations interculturelles peuvent encore jouer un rôle vital. 

« Hard Fictions », de Rachael Rakes
Conférence, 20 min
La curatrice Rachael Rakes présente une brève conférence illustrée comparant les méthodes d'enquêtes artistiques, cinématographiques et ethnographiques menées par des femmes sur la masculinité, en évoquant les œuvres de Chick Strand, Nazlı Dinçel, Yael Bartana, Zackary Drucker et d'autres. En anglais.

« Shadowboxing », de Laura Huertas Millan
Conférence performée, 30 min
« Contre quoi vous battez-vous ? ». Inspirée par les luttes politiques historiquement présentes sur les rings de boxe contre les violences raciales et sexistes, l’artiste pose cette question a des boxeuses et boxeurs – un sport qu'elle pratique et grâce auquel son propre corps devient un site de transformation et d'autonomie. Cette enquête de long terme, présentée pour la première fois sous forme d’une conférence performée, cherche à incarner cinématographiquement les quêtes d'émancipation vécues individuellement et collectivement à travers la boxe.
Avec le soutien de la direction régionale des Affaires culturelles d'Île-de-France - ministère de la Culture.

Le programme de films, entremêlé à ces deux prises de parole, présente des œuvres réalisées par des artistes qui ont remis en question, selon leurs propres termes, les rôles genrés, culturels et politiques qui leur ont été assignés, en créant des films iconiques et subversifs. 

Anthropologue de formation, mais « désenchantée » par l'impossibilité de cette discipline de transcrire « le cœur et l'âme d'une culture », la cinéaste expérimentale californienne Chick Strand (1931-2009) présente dans Fake Fruit Factory (1986, 22 min) un groupe d'ouvrières mexicaines qui trouvent dans les ragots et les moqueries un terrain pour subvertir l'oppression sexualisée mise en œuvre par leurs patrons américains. Popsicle (1984, 6 min) de Gloria Camiruaga, est selon les termes de l’artiste « un chapelet d'alarme, éternel et circulaire ; l'alarme d'une femme qui désire la vie, la lumière, la vérité et la solidarité, mais qui au lieu de cela voit et reçoit la mort et la peur ».  Untitled (2016, 4 min 47 s) de Nazlı Dinçel montre des comportements de travail masculins pernicieux enregistrés en coulisses ; Nice Colored Girls (1987, 16 min) de Tracey Moffat met en scène le récit de trois femmes autochtones qui trouvent dans la drague un moyen à la fois de dénoncer et de riposter à la violence patriarcale ; enfin, Plata o Plomo (2019, 4 min) de Nadia Granados, présente un pastiche de clip musical dénonçant la normalisation par les médias de masse de la narcoculture, de sa nouvelle violence colonialiste et genrée.

Certains films de cet événement seront en anglais sans traduction française.