« Paris noir, circulations artistiques et luttes anticoloniales »

Ces prémisses permettent de poser en ouverture la question cruciale de l’invisibilisation de ces artistes et d’envisager les hypothèses et les outils disponibles aujourd’hui, dans un contexte français, pour poursuivre ou entamer des politiques pérennes d’acquisition, de circulation de la recherche et des œuvres, d’émulation scientifique et de rattrapage historique.

Les échanges se poursuivent par une plongée dans l’exposition au prisme de la question de l’intimité entre artistes et écrivains. Jalon chronologique majeur, en début de parcours, la création de la revue Présence Africaine en 1947 fait entendre les « voix de Présence » et revient sur les relations tissées entre artistes et penseurs. D’autres compagnonnages intenses et fertiles sont évoqués, vécus dans le paysage parisien – James Baldwin et Beauford Delaney, Édouard Glissant et Agusteín Cárdenas – projetant un Paris capitale intellectuelle des luttes panafricaines et espace d’élaboration d’une pensée noire. Les rapports entre jazz et littérature, vécus et représentés par des artistes de l’exposition, sont discutés en clôture de cette première matinée.

L’après-midi est consacrée aux grands mouvements définis par l’histoire de l’art tels que le projet de « Paris noir » les parcourt : s’affirme la présence d’un Paris-école, où étudient les artistes noirs dans les ateliers de Fernand Léger, d’Ossip Zadkine, à l’école des Beaux-Arts mais aussi dans de nombreux lieux associatifs et alternatifs, notamment à partir des années 1980, avec d’autres modes de transmission.

Il s’agit, à partir d’études monographiques comme de présentations thématiques, de penser les grandes traversées des modernismes, post-modernismes, de l’abstraction, des esthétiques transatlantiques, mais aussi d’ouvrir à des hypothèses de recherche encore peu explorées : abstractions queer, représentation d’une identité métisse, etc. Une session est dédiée à la question des circulations transcontinentales particulièrement présentes dans la trajectoire des artistes au sein de « Paris noir » mais aussi dans la migration des formes que cette histoire de l’art met en lumière. 

Le colloque est porté par les équipes scientifiques du Centre Pompidou et du musée du quai Branly – Jacques Chirac. 
Avec : Audrey Célestine, Adrienne Childs, Marie Campbell, Diagne Chanel, Cheryl Finley, Sarah Fila-Bakabadio, Amadou Gaye, Laëtitia Guédon, Pamela Joyner, Benetta Jules Rosette, Trica Keaton, Yala Kisukidi, Anne Lafont, Robert O’Meally, Barbara Prézeau-Stephenson, Ming Smith, Cédric Vincent, Elvan Zabunyan, Amzat Boukari-Yabara, Manuèla Dikoumè, Florence Alexis, Kévi Donat, Christine Eyene…