Tadao Ando

Cette exposition est consacrée à l’architecte japonais Tadao Ando.

Donné en exemple dans les écoles d’architecture, véritable coqueluche des étudiants, adulé des praticiens, l’architecte Tadao Ando (né à Osaka en 1941) a réussi en France à créer un consensus autour de son œuvre. La raison de ce succès tiendrait à la simplicité de l’approche, à la facilité de lecture de ses compositions géométriques, voire au formalisme du plan, à la retenue ou au « minimalisme » du travail des matériaux et des espaces à la dimension existentielle et écologique de la relation voulue entre architecture et nature, et surtout à ce qu’il apporte de sécurité.[…] Architecte autodidacte, Ando ne veut reconnaître que deux influences : la spiritualité de la culture de la construction japonaise et celle issue de ses voyages qui de 1962 à 1969 l’ont mené en Finlande, en Europe, aux USA, en Afrique, en Inde. A vingt-huit ans, il ouvre son agence à Osaka.

Ando travaille à la réutilisation et à la réduction du vocabulaire de l’architecture du Mouvement Moderne, une fois évacuée son idéologie, dans le cadre d’une démarche artistique appliquée à des objets isolés. […]

La force formidable d’Ando est ce travail de reprise d’éléments décontextualisés de leur environnement moderne européen et réunifiés par l’emploi d’un matériau quasi unique, le béton, et la mise eu point de détails de construction personnels et répétitifs dans des édifices « solides » qui ne peuvent que contraster avec celle de la ville occidentale. […] Mais c’est [aussi] sans doute dans la relation au paysage que cette conjonction de fait des deux cultures est la plus pertinente.

Tadao Ando s’est fait mondialement « reconnaître » par une architecture de murs de béton armé régulièrement poinçonnés de la trace de trous de coffrage, une architecture signée par son matériau. Utilisé pour tout programme, ce mur constitue une réelle invention architecturale […] transformant le matériau le plus massif et terne qui soit en un miroir. […]

Ando montre l’inépuisable transformation sémantique et formelle que fournit le vocabulaire architectural occidental apparemment codifié et connoté, mais qui, libéré de son contexte, s’ouvre à de nouvelles significations.

D’après Dominique Rouillard, Le Magazine, n°73, 15 janvier-15 mars 1993