En conversation avec Jean Rouch

Pour Jean Rouch, la vérité du cinéma ne saurait se confondre avec un quelconque principe de réalisme. Il s’agit selon lui d’une construction, d’un cheminement à travers l’hallucination, la magie, le rêve, revendiqués comme des outils opératoires et comme moyens d’analyse du réel aussi bien que de la fiction. Les œuvres de Frédérique Lagny, Narimane Mari, Marie Voiginer, David Yon prennent la forme d’hypothèses multipliées sur le réel, plaçant le documentaire au miroir de la fiction, comme le cinéma de Jean Rouch l’a expérimenté. Elles dialoguent ici avec les carnets sonores du cinéaste, plaçant ces derniers au présent de la création.


Djama mourouti la (La colère du peuple), Frédérique Lagny, 49 min., 2016, Burkina Faso, France, VO/FR
Évocation de la chute du régime de Blaise Compaoré filmée à Bobo-Dioulasso. Le peuple Burkinabé se mobilise avec force, invente de nouveaux outils et slogans de la contestation citoyenne.

Loubia hamra (Haricots rouges), Narimane Mari, 77 min., 2013, France, VO/FR
Sur une plage algérienne et à ses abords à peine urbanisés, enfants et adolescents jouent à la guerre – celle de la décolonisation – en improvisant leur propre jeu, entre théâtre brechtien et cinéma d’aventure.

L’hypothèse du mokélé-mbembé, Marie Voignier, 78 min., 2011, France, VO/FR
Enquête autour de la recherche fantasmatique d’un cryptozoologue, parti depuis de nombreuses années sur les traces d’un animal fabuleux dans la forêt camerounaise, et sur la réalité hypnotique d’une géographie spécifique.

La nuit et l’enfant, David Yon, 60 min., 2015, Qatar, France, VO/FR
Le soleil ne se lève plus sur l’Atlas algérien. Sur cette terre où résonne encore l’écho d’une menace, Lamine marche dans la steppe. Un enfant à la présence rassurante l’accompagne. Cette traversée nocturne prend les accents fantastiques d’une quête, d’un jeu initiatique.