Exposición
Claude Simon
L'inépuisable chaos du monde
2 oct 2013 - 6 ene 2014

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Le 20e siècle fut celui de la Modernité et des avant-gardes. Il fut aussi celui des Révolutions et des Guerres mondiales. C'est au coeur de ce brassage que s'est trouvé Claude Simon et que, sans vouloir en témoigner,il a inventé une écriture inouïe dont la modernité prend en charge le chaos du monde, son non-sens absolu comme son imparable séduction

Le 20e siècle fut celui de la Modernité et des avant-gardes. Il fut aussi celui des Révolutions et des Guerres mondiales. C’est au cœur de ce brassage que s’est trouvé Claude Simon et que, sans vouloir en témoigner,il a inventé une écriture inouïe dont la modernité prend en charge le chaos du monde, son non-sens absolu comme son imparable séduction. L’œuvre que couronne le prix Nobel en 1985 tient cela tout ensemble : l’art et l’archive, les livres et les œuvres, l’harmonie des lieux et la ténacité des hommes, les fracas et faillites de l’Histoire, le désir de tout voir et la mélancolie de tout perdre.
C’est ce qu’il fallait donner à découvrir, dans une exposition qui privilégie le trajet de l’écriture, les documents qu’elle explore, le travail de composition qu’elle déploie, les rencontres qu’elle suscite. Les éléments personnels ou familiaux, dessins et manuscrits, y voisinent avec les œuvres des artistes fréquentés – Mirò, Dubuffet, Picasso, Rohmer, Boulez….- ; la réception critique des textes et leur résonance internationale, avec des lectures plus intimes.
Géant des lettres françaises du 20e siècle, Claude Simon était aussi un photographe et un intellectuel en dialogue avec les plus importants artistes de son temps, de Dubuffet à Miró. L’exposition consacrée à son oeuvre présentée à la Bibliothèque publique d’information (Bpi) à l’occasion du centenaire de sa naissance et l’accrochage simultané de ses travaux photographiques dans les collections du Centre Pompidou donnent la mesure de l’ambition de son écriture et de sa réflexion artistique.
Les romans de Claude Simon, prix Nobel de littérature en 1985, ont fait de lui un classique du 20e siècle. Lire La Route des Flandres (1960) pour la première fois est un choc physique. Simon a vécu le massacre de son escadron de cavaliers dans la débâcle de 1940. À sa suite, le lecteur est plongé dans le chaos de la guerre et la dissolution de croyances qui ont soutenu la culture occidentale : la foi chrétienne, l’humanisme des Lumières. Mais en même temps, on ressent, admirable et indomptable, l’effort immense pour imposer une forme à ce chaos, un profond attachement à la vie sensorielle et sensuelle, et la compassion de l’écrivain pour les victimes de l’Histoire, femmes, simples soldats ou chevaux.
La forme des romans de Simon n’a rien de gratuit. Un long apprentissage de romancier – quatre livres publiés entre 1945 et 1954 – et la fréquentation de ses grands devanciers – Dostoïevski, Proust, Faulkner, Céline – lui apprend à se méfier de l’intrigue et de sa prétendue logique de cause et effet, des personnages à contours fixes, de la syntaxe ordonnée et hiérarchisée. Et pourtant, ses romans se basent sur personnages, histoires et épisodes clés. Seulement, plutôt qu’un déroulement chronologique, Simon juxtapose des scènes similaires ou contrastées. Il glisse de l’une à l’autre, multipliant résonances et correspondances : trois histoires d’une même guerre dans La Route des Flandres, trois histoires de guerre et de révolution différentes dans Les Géorgiques (1981), trois sites, trois épisodes contrastés dans Triptyque (1973).
Simon ne rédigeait pas ses romans à partir de scénarios conçus d’avance. Il allait chaque fois à la conquête d’une nouvelle forme par un montage de fragments. Il pensait visuellement, comme en témoigne sa maîtrise de l’art photographique. De sa formation de peintre, il avait gardé l’ambition de concilier la simultanéité d’une oeuvre visuelle avec la linéarité de l’écriture. En travaillant ses romans, il donnait souvent des couleurs aux personnages et aux thèmes pour pouvoir les répartir sur le canevas de son oeuvre : Le Vent (1957) porte comme sous-titre Tentative de restitution d’un retable baroque. L’exposition présentée à la Bpi nous invite dans l’atelier de ce peintre-écrivain qui, à partir d’une matière biographique et familiale, a su transformer en fiction des pans entiers de l’histoire de la France moderne.
Par Alastair B. Duncan, conseiller scientifique de l'exposition, professeur à l'université de Stirling.
Bibliothèque publique d'information / Lire le monde
Emmanuèle Payen, 01.44.78.49.02, payen@bpi.fr
Bibliothèque publique d'information / Imaginer
Jérôme Béssière, 01.44.78.13.93, bessiere@bpi.fr
Dónde
Bpi Niveau 2
Quando
2 oct 2013 - 6 ene 2014
Entrée du public par la Bpi, (rue Beaubourg) , et par la coursive pour les visiteurs disposant du billet du jour