Hajdu

Cette exposition est consacrée aux œuvres sur papier du sculpteur roumain Etienne Hadju. Elle se compose de 120 dessins, 40 estampilles et 5 livres illustrés. Cinq sculptures sont en outre présentées pour rendre sensible l’unité de la création de l’artiste.

Pour Etienne Hadju, le dessin est comme l’utopie de la sculpture : il révèle l’espace idéal où les formes sculptées, qui semblent pourtant se jouer des contraintes de la matière, en seraient tout à fait libérées. Le lavis invente des découpages plus opaques et plus minces qu’une feuille de métal, des transparences plus fines que celles du marbre et de l’albâtre.

La séquence ou la gravitation des formes se règle sur les suggestions instantanées du caprice, enregistre l’afflux des sensations, l’émerveillement de l’artiste devant les « magnificences microscopiques » (comme disait Victor Hugo) de la nature : brins d’herbe, fleurs des champs, oiseaux, insectes, « demoiselles »…

On pense (chinoiserie à part) au programme rêvé par Mallarmé :

Imiter le Chinois au cœur limpide et fin

De qui l’extase pure est de peindre la fin

Sur ses tasses de neige à la lune ravie

D’une bizarre fleur qui parfume sa vie.

C’est peut-être dans ses délicates « estampilles » sur papier blanc ou noir, que la poétique d’Etienne Hadju donne sa mesure. Le ballet des empreintes en creux et en relief se déploie dans la texture même de la feuille, comme « un vol d’oiseau sur l’azur du ciel », comme des pas dans la neige.

D’après Le Bulletin, n° 12, avril-mai 1979