Cine/Video
Épique école !
Mois du film documentaire édition 2016
4 - 23 nov 2016

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Enseigner autrement, apprendre différemment.
Pour l’édition 2016 du Mois du film documentaire, la Bibliothèque publique d’information propose d’aborder la question de l’école à travers un panorama riche et varié de films documentaires et une exposition « L’école et les valeurs de la République ».
Ces 32 films choisis sont regroupés sous trois thèmes, afin de faire un tour d’horizon de la question universelle de l’école, de ses mutations et de ce qu'elle dit de notre société :
Enseignants, héros ordinaires
Intégration, inclusion, une école de la mixité
Enseigner autrement, apprendre différemment.
Chaque projection est suivie d’une rencontre avec les réalisateurs et parfois les protagonistes des films. Les samedi 5 et 19 novembre deux journées consacrées aux oeuvres de Jean-Michel Carré et Bernard Kleindienst se termineront par une table ronde avec des chercheurs, enseignants, écrivains, cinéastes...
En ouverture, l’avant-première d’un film sur les pionniers de la pédagogie nouvelle : Révolution école 1918-1939, de Joanna Grudzinska.
Et en clôture l’avant-première française d’un film primé au festival Sundance 2016 : Bad Kids, de Keith Fulton et Lou Pepe
Une évidence : le cinéma documentaire est familier du monde éducatif – la fiction n'étant, par ailleurs, pas en reste. Cet état de fait n'est pas franchement surprenant puisque s'y aventurer permet de saisir des microcosmes complexes tout en sondant de larges pans des sociétés, tandis que l'école fourmille de promesses dramaturgiques : rencontres/affrontements générationnels ; intégration/exclusion ; transmission/conflit ; ordre/désordre.
Enjeux du langage
Le langage à l'école est un enjeu primordial car il est le vecteur de la transmission des savoirs à travers la figure de l'enseignant. La force tranquille de Georges Lopez en est une représentation cinématographique marquante dans Être et avoir de Nicolas Philibert - on citera aussi la vigueur des deux enseignantes deTempête sous un crâne de Clara Bouffartigue. Dans Première classe, Françoise Davisse suit trois jeunes gens qui s'apprêtent à « entrer dans le métier » : la fameuse vocation fait alors la difficile expérience de la réalité de la profession. High School, High School II et Blind de Frederick Wiseman intègrent de nombreuses situations liées à la discipline ; la règle est ici à la fois fixe (elle est écrite) et mouvante en ce qu'elle fluctue à partir de négociations passant par le langage. Ces mêmes données s'inscrivent avec force dans La loi du collège, titre qui dit bien ce que Mariana Otero fait : suivre durant une année la vie de ce collège difficile de la banlieue parisienne à travers le prisme de la règle.
Le langage représente la condition de l'existence d'un collectif : la classe, l'établissement, mais aussi le devenir du corps social. La force de cet enjeu explique sans doute pourquoi son apprentissage est souvent filmé : l'intégration des enfants roms en Roumanie (Our school (Notre école) de Mona Nicoara et Miruna Coca) ou bien l'initiation linguistique de primo arrivants dans une école primaire à Paris (La mémoire dure de Rossella Ragazzi). A scuola (Un cas d'école) de Leonardo di Costanzo dévoile quant à lui une singulière situation de hiatus linguistique. Dans cet établissement de la banlieue de Naples, les enseignants parlent italien et les enfants le dialecte de la ville. À se demander si, au-delà des causalités complexes, le désordre impressionnant et l'impossibilité de transmettre ne se fondent pas ici sur l'absence d'une langue commune.
Quadrature du cercle
Les expériences pédagogiques alternatives ont largement suscité l'attention du cinéma documentaire, à l'image de la méthode Freinet fondée sur la coopération et l'autonomie, mise à l'honneur par Henry Colomer dans La maison de l'éveil, ou de l'autogestion évoquée par d'anciens élèves devenus adultes dans Les enfants de Summerhill de Bernard Kleindienst. Le cinéma militant habité par les idées libertaires des années 1970 choisit la forme pamphlétaire avec Alertez les bébés ! ; Jean-Michel Carré y dénonce un système excluant, normatif et fondé sur la reproduction sociale. Il advient que les questions d'hier et d'ailleurs (par exemple Devoirs du soir d'Abbas Kiarostami et Blank d'Amirnaiem Hosseini, qui se déroulent en Iran) restent pour l'essentiel celles d'ici et maintenant. L'école semble par définition un lieu de contradictions, qui réside peut-être dans cet oxymore : un carcan émancipateur.
Arnaud Hée, critique, programmateur et enseignant
Programmation complète à venir
Dónde
Cinéma 2
Cinema 1
Petite Salle
Quando
4 - 23 nov 2016