Cine / video
Isaki Lacuesta
Rétrospective
26 nov 2018 - 6 ene 2019
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« Je m’intéresse beaucoup à ce que sont les images contemporaines, aux images qui sont propres à notre époque. » Isaki Lacuesta, Contrapicado, 11 octobre 2013.
Né en 1975 à Gérone, en Catalogne, journaliste et critique dès 1994, diplômé en 2002 du Master de création documentaire de l’Université Pompeu Fabra à Barcelone, un épicentre du renouveau cinématographique espagnol, Isaki Lacuesta a réalisé son premier court métrage pendant ces études, en 2000. En dix-huit ans, il a signé plus de quarante films et une douzaine d’installations. Ce « il » mérite d’être précisé : Iñaki Lacuesta a fusionné le prénom de sa compagne et collaboratrice, Isa Campo, avec le sien, pour devenir Isaki Lacuesta. L’œuvre est le fait de cette entité double et mouvante, Isa Campo y participant de diverses manières au fil des projets.
Prolifique, le cinéma d’Isaki Lacuesta - parce qu’il est en recherche permanente - est également protéiforme. Ouvert au monde, à son temps, à l’autre, il intègre les sciences, les technologies, les différents arts à son processus de création, il accueille ceux qu’il filme comme des protagonistes véritables pouvant agir sur l’œuvre. On pense à Microscopies et Résonances magnétiques (2003) dont les récits naissent d’images de microscope électronique à haute résolution et d’IRM, à Lieux qui n’existent pas (Goggle Earth 1.0., 2009) qui nous invite à chausser nos lunettes pour aller voir de près des lieux que les images satellites de Google Earth ne représentent pas. On pense à l’artiste Miquel Barceló dont les séjours au Mali, en Pays Dogon, et les œuvres qu’il y a créées sont non seulement l’origine mais le moteur même de deux films, Le Cahier d’argile et Pasos dobles (2011). On pense à Isra et Cheíto Gomez, les frères gitans du sud andalou jouant, et réinventant ce faisant, leurs propres rôles, une première fois entre l’enfance et l’adolescence, en 2006, dans La leyenda del tiempo, puis douze ans plus tard, adultes, dans Entre dos aguas (2018). C’est là le temps lui-même, tel qu’il se compte en années, qui est intégré au processus de création. À ce stade, nul besoin de distinguer entre courts et longs métrages, documentaire et fiction, formats et genres tant tout est matière vivante, composite, en constante transformation.
La capacité d’Isaki Lacuesta à travailler avec le monde et les autres au présent en a fait aussi un filmeur des événements de son temps, de la crise économique en Espagne. Les mutations et migrations des images, alliées à son goût pour la recherche et l’expérience, l’ont conduit dès 2007 à concevoir des installations, avec des peintres, des danseurs, des chanteurs, des architectes, notamment Aftermath pour la Biennale d’architecture de Venise en 2016.
Cinéaste du 21e siècle, né avec lui, Isaki Lacuesta est resté à ce jour méconnu en France. Soutenus fidèlement par le Festival d’Automne, ainsi que par l’Espagne et la Catalogne, principalement l’Institut Ramon Llull, nous sommes heureux et fiers de faire découvrir ici son travail à travers une rétrospective en trente films, un autoportrait que nous lui avons commandé pour notre collection Où en êtes-vous ?, un livre que nous coéditons, et une nouvelle installation, Les Images échos, créée pour le Centre Pompidou. Celle-ci est exposée pendant un mois et demi, en accès libre au Forum -1, à côté des deux premières installations de la cinéaste japonaise Naomi Kawase – à qui nous consacrons aussi une rétrospective – et de la correspondance filmée qu’elle a entretenue avec Isaki Lacuesta en 2008 et 2009. Nous tenons ici à saluer le Centre de Culture Contemporaine de Barcelone et son directeur à l’époque, Jordi Balló, qui ont initié et produit ces beaux échanges entre cinéastes.
Serge Lasvignes
Président du Centre Pompidou
Quando
todos los días excepto martes
Dónde
Biographie
1975
Iñaki Lacuesta naît le 29 février 1975 à Girona, en Catalogne. Il y vit toujours avec sa femme, Isa Campo, dont il fusionne le prénom avec le sien pour devenir Isaki Lacuesta. Isa Campo est elle-même scénariste, cinéaste et productrice. Ils collaborent régulièrement ensemble.
2002
Isaki Lacuesta est diplômé du Master de création documentaire de l’Université Pompeu Fabra à Barcelone, l’un des épicentres du renouveau du cinéma en Espagne. Il est également journaliste et critique de cinéma depuis 1994. Il réalise son premier long métrage, Cravan vs Cravan, un jeu de miroir labyrinthique sur la vie du poète et boxeur Arthur Cravan, précurseur du dadaïsme et du surréalisme.
2003
Avec les films courts Microscopies et Résonances magnétiques, Isaki Lacuesta explore les mondes fictionnels et les interrogations métaphysiques qu’ouvrent des images générées par microscope électronique à haute résolution et par IRM. En parallèle, il enseigne et écrit toujours sur le cinéma, dans le quotidien catalan La Vanguardia entre autres.
2006
La leyenda del tiempo, portrait d’Isra et Cheíto Gómez, deux frères gitans entre l’enfance et l’adolescence sur l’île de San Fernando en Espagne, est sélectionné en compétition officielle au Festival de Rotterdam et remporte plusieurs prix dans d’autres festivals internationaux.
2007
Isaki Lacuesta conçoit Traces, pour quatre écrans, la première de ses nombreuses installations (13 à ce jour). Il réalise notamment Les Variations Marker, une réflexion sur l’image, le montage et la mémoire qui dialogue avec les films de Chris Marker.
2008
Isaki Lacuesta entame une correspondance filmée avec Naomi Kawase, qui s’étendra sur un an et sept lettres. Les images issues de cet échange seront présentées au Festival de Locarno en 2009, puis exposées en 2011-2012 au Centre de Culture Contemporaine de Barcelone, avec les autres correspondances entre cinéastes produites par le CCCB.
2009
Les Condamnés, thriller politique situé dans la jungle argentine, remporte le prix de la presse FIPRESCI au Festival de San Sebastián. Dans le livre Take 100: The Future of Film (éd. Phaidon), Isaki Lacuesta figure parmi les 100 cinéastes destinés à marquer l’avenir du cinéma, choisis par les directeurs artistiques de 10 festivals internationaux.
2011
Le Cahier d’argile et Pasos dobles sont réalisés au Mali avec la collaboration de l’artiste espagnol majorquin Miquel Barceló. Ils s’intéressent aux contes et légendes et forment les deux faces d’une même pièce. Les films sont sélectionnés au Festival de San Sebastián, où Pasos dobles reçoit la Concha d’oro.
2013
La National Gallery de Washington consacre une rétrospective à Isaki Lacuesta. Le 23 octobre 2013 naît Luna, la fille d’Isaki lacuesta et d’Isa Campo. Ce même jour, les frères Isra et Cheíto, filmés dans La leyenda del tiempo, ont également chacun une fille.
2016
Isaki Lacuesta est artiste invité au pavillon catalan de la Biennale d’architecture de Venise, où il crée l’installation Aftermath. Coréalisé avec Isa Campo, Peau neuve, drame autour de la filiation et du doute, remporte notamment 6 prix au Festival de Málaga.
2018
À l’occasion de cette rétrospective et exposition autour de sa correspondance filmée avec Naomi Kawase, Isaki Lacuesta crée une installation pour le Centre Pompidou, Les images échos. Dans ce cadre, il réalise un autoportrait filmé répondant à la question Où en êtes-vous, Isaki Lacuesta ? Son nouveau long métrage, Entre dos aguas, qui poursuit, après La leyenda del tiempo, le portrait des frères Isra et Cheíto devenus adultes, est présenté en compétition officielle au Festival de San Sebastián et ici, en avant-première. Un livre, Le cinéma d’Isaki Lacuesta, paraît aux éditions Mare & Martin, en coédition avec le Centre Pompidou.
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