Hannah Arendt à présent : la politique a-t-elle encore un sens ?

A l'occasion du centenaire de la naissance d'Hannah Arendt (1906-1975)

De l'inquiétude politique

A considérer le spectacle que nous donne souvent la politique aujourd'hui, on est en droit de se demander comme le fit Hannah Arendt dans les années 50 : « La politique a-t-elle encore un sens ? »

L'inquiétude qui pointe dans cette question renvoyait d'abord pour elle au désastre totalitaire qui chercha à éradiquer la source même de la liberté et de l'action humaines. Mais elle fait aussi écho à la configuration uniformisante des sociétés modernes qui fige la pluralité humaine sur laquelle, selon Arendt, la politique repose. De cette uniformisation, nous ressentons plus encore qu'il y a un demi-siècle les effets destructeurs. L'inquiétude qui étreint toujours Arendt, le sens qu'elle avait de la fragilité du monde et de la politique elle-même, la conduisent inlassablement à rechercher en quoi consiste la dignité de la politique et des affaires humaines, par delà l'obscurcissement provoqué par les événements du siècle aussi bien que par les diverses théorisations contemporaines de la politique. Cette inquiétude politique pour le monde est ce qui tient la pensée en éveil, c'est elle qui peut prévenir le pire en nous appelant à une vigilance active, à une action concertée.

Ce colloque organisé par la Bibliothèque publique d'information au Centre Georges Pompidou tentera de faire apparaître le tranchant de la pensée arendtienne sur la politique selon trois des mouvements qui la composent :

- Politique et violence

- Politique, tradition et modernité

- Politique et expérience de pensée

Par là ces journées visent-elles à reprendre à propos de la chose politique l'interrogation inauguratrice de la philosophie : la question « qu'est-ce que ? ».

PROGRAMME

Ouverture et présentation par Martine Leibovici, et par Etienne Tassin, philosophes, Université Paris 7-Denis-Diderot / C.S.P.R.P. (Centre de sociologie des pratiques et des représentations politiques )

Nous sommes tous encore ici : projection d'une séquence du film d'Anne-Marie Miéville (1997), à propos d'un passage des Origines du totalitarisme dit par Jean-Luc Godard.

Politique, tradition et modernité

- L'Amour des commencements

par Myriam Revault d'Allonnes, philosophe, Ecole pratique des hautes études, section des Sciences religieuses

- Penser la condition humaine, une exigence moderne ? à propos d'Hannah Arendt et de Léo Strauss

par Carole Widmaier, agrégée de philosophie, doctorante, enseignante

- Prendre soin du monde ou le sens de la politique selon Hannah Arendt

par Sylvie Courtine-Denamy, docteur en philosophie, chercheur associé au Centre d'Histoire moderne et contemporaine des juifs, EPHE

Débat. Modérateur : Dominique Bourel, Directeur de Recherche au C.N.R.S.

Politique et violence

- La violence occulte du totalitarisme, la perte des assises du monde

par Anne-Marie Roviello, philosophe, Université libre de Bruxelles

- Hannah Arendt et la question de l'égalité

par Robert Legros, philosophe, Université de Caen, et Université libre de Bruxelles

- Hannah Arendt, liberté et gratitude

par Alain Finkielkraut, philosophe, écrivain

Débat. Modératrice : Corinne Enaudeau, philosophe, Collège international de philosophie.

- Limites de la violence, violence des limites

par Françoise Collin, philosophe, écrivain

- Faiblesses des Républiques aujourd'hui

par Wolfgang Heuer, Université libre de Berlin, privat-docent de Science politique.

- Hannah Arendt, l'humanité et les nations : de la critique de l'Etat-Nation à la critique des droits de l'homme

par Philippe Raynaud, Université de Paris 2-Panthéon-Assas, Science politique

Débat. Modératrice : Perrine Simon-Nahum, historienne, CNRS et EHESS-AHMOC (Approche historique du monde contemporain, Centre de recherche).