Exposición
Émile Aillaud, œuvres graphiques
4 oct 1989 - 15 ene 1990

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Cette exposition est consacrée aux dessins de l’architecte français Emile Aillaud.
Grand prix du Cercle des études architecturales en 1960, Emile Aillaud enseigne à l’Ecole nationale supérieur des Beaux-Arts de 1965 à 1967. En 1972, il est chargé de l’achèvement de La Défense, et ce jusqu’en 1983. Il participe également au projet des Halles de Paris de 1972 à 1974.
Très estimé du président Georges Pompidou, Emile Aillaud fut membre du jury international pour la création du Centre Georges Pompidou.
Entre 1954 et 1978, Emile Aillaud construit plusieurs cités originales.
[ …] L’œuvre d’Emile Aillaud n’est-elle pas constituée de pavillons éphémères, de projets primés mais non réalisés, d’immeubles reconnus mais qu’on ne lui attribue pas, de maisons transformées par leurs habitants et de quartiers inachevés ?
Mais l’architecte de la Grande Borne à Grigny pouvait-il ne pas être maudit ?
Fallait-il accepter de construire la Grande Borne ? Emile Aillaud crut qu’il le devait, pour faire enfin un grand ensemble pas comme les autres, même si le programme était « monstrueux » et qu’il risquait d’en assumer la responsabilité à la place des maîtres d’ouvrage. L’occasion était en effet exceptionnelle pour l’architecte de proposer un nouveau paysage urbain malgré la malédiction d’avoir à construire, entre une autoroute et une prison, trois mille huit cents logements H.L.M. destinés aux familles les plus déshéritées de la région parisienne.
A Grigny, Emile Aillaud a cassé l’orthogonalité des immeubles en s’opposant à la dictature du « chemin de grue » des entrepreneurs. Il a introduit systématiquement la coloration des façades et les murs-images sur les pignons. Il a essayé de recréer le labyrinthe qui fait la ville, les espaces clos protecteurs et le désordre apparent, sous l’ordre caché, qui permet d’heureuses découvertes au promeneur. Les rues retrouvées redevenaient le royaume des enfants.
C’était en 1972 et pour la première fois depuis des années, une architecture contemporaine provoquait un certain engouement chez les spécialistes comme dans les médias. [ …]
Ce fut presque un lieu à la mode. Il devint alors l’alibi de tous ceux qui rêvaient de se donner bonne conscience devant les cités H.L.M. pourvu qu’on leur trouve aussi quelques attributs culturels. C’est ainsi que trop de visiteurs ne perçurent que superficiellement les intentions poétiques mêlées à l’architecture par Emile Aillaud.
Après quelques mois d’honneurs excessifs, vinrent les réactions indignées, et également excessives, de ceux pour qui la Grande Borne incarnait l’urbanisation scandaleuse des banlieues avec un décor fabriqué justement pour tromper les habitants.
L’architecture n’avait pas éliminé la ségrégation sociales, ni les malfaçons de la préfabrication lourde, ni donné des équipements suffisants. C’était « l’Enfer du décor » selon le titre abusif d’une émission de télévision de Jacques Frémontier qui fera grand bruit dans le monde des architectes.
[…] Parce qu’il fut l’architecte des pavillons de la Haute Couture aux expositions de 1937 à Paris et de 1939 à New York, on a dit de lui que ce n’était qu’un décorateur élégant. Pourtant il construisit de très nombreux locaux industriels pendant cinq ans pour les Houillères de Lorraine. De l’époque de ses grands ensembles on n’a retenu que la démarche vers une poétique des formes architecturales alors que toute l’œuvre d’Emile Aillaud plaide heureusement pour la primauté de la fonctionnalité, quitte à la sublimer poétiquement ensuite. [ …] Alors, Emile Aillaud ne serait-il pas maudit parce qu’il voulait que l’architecte essaie de changer la vie ?
D’après Jean-François Dhuys, CNAC magazine, n°53, 15 septembre-15 novembre 1989
Dónde
Galerie des dessins d’architecture du Cci
Quando
4 oct 1989 - 15 ene 1990