Holocaustes
1977

Holocaustes
1977
Ámbito | Dessin |
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Técnica | Pastel et aquarelle sur papier Canson brun |
Medidas | 75 x 106 cm |
Adquisición | Dation, 1991 |
Inventario | AM 1991-132 |
Información detallada
Artista |
Jean Hélion
(1904, France - 1987, France) |
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Título principal | Holocaustes |
Fecha de creación | 1977 |
Ámbito | Dessin |
Técnica | Pastel et aquarelle sur papier Canson brun |
Medidas | 75 x 106 cm |
Inscripciones | Monogrammé et daté en bas à droite : H. / IV.77 |
Adquisición | Dation, 1991 |
Sector de colección | Cabinet d'art graphique |
Inventario | AM 1991-132 |
Análisis
S’isolant radicalement de l’abstraction d’après guerre, comme le manifeste le titre de son œuvre phare de 1947, À rebours (MNAM), Hélion opte résolument pour une peinture figurative, progressivement mise en place depuis 1936. La pratique du dessin y devient essentielle. À propos d’études d’Homme assis (1947), il note dans ses Carnets : « Redessiné. Le dessin peut se charger d’énormément de sens. Dessiner longtemps. Que chaque élément principal (bras, jambe, tête) et chaque élément de détail (plis, doigts, nez) et chaque fragment (sourcil, bouton, paupière, ongle) soit placé, rythmé, ordonné, chargé » (24 oct. 1947). La série des Journaliers qui succède témoigne d’un travail patient et obstiné au fusain, et de la fascination qu’exerce sur Hélion la réalité quotidienne et sociale – figures humaines et objets familiers indissolublement liés –, élevée au niveau du mythe. Après les espaces publics des places, l’univers des marchés, outre les Puces de Saint-Ouen, retient toute son attention dans les années 1970 : il lui permet d’exercer ses talents d’observateur, et d’user d’une grande liberté et d’une grande richesse de tons.
Holocaustes, 1977, illustre un autre thème qui le fascine : le monde de la mer. L’année précédente, à l’occasion de son séjour estival à Belle-Île, Hélion avait déjà réalisé une série de gouaches représentant des homards. Dans Holocaustes, à l’exécution d’un réalisme minutieux est liée une traduction symbolique : ces têtes de poissons morts (rougets ou grondins), érigées verticalement dans l’espace, l’œil vague et la bouche ouverte, expriment impuissance et souffrance, protestation contre les mains criminelles des hommes. Le sens de l’image est, sans ambiguïté, allégorique – comme l’atteste encore le titre inscrit au revers de la feuille. Le regard voilé des poissons, dont la peau est, elle, somptueusement rehaussée de couleurs vives aux crayons pastel –, semble renvoyer également au drame personnel de l’artiste, qui est menacé de cécité (il sera contraint d’abandonner crayons et pinceaux en 1983). Ironie de l’intention doublement emblématique de cette prosaïque nature morte : « J’ai travaillé une grosse tête de colin avec tant d’ardeur que je serais heureux si justement – disons « injustement » – mon œil ne s’était pas soudain embrumé. Cette tête de gros poisson […] me paraît porter le drame si magnifiquement exprimé par l’étude de tête de cheval pour Guernica par Picasso », écrit Hélion le 1er avril 1977 dans ses Carnets.
Claude Laugier
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008