Affiche peinte
[1982]
Affiche peinte
[1982]
Ámbito | Dessin |
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Técnica | Peinture acrylique sur papier |
Medidas | 159 x 119 cm |
Adquisición | Don de l'artiste, 1983 |
Inventario | AM 1983-68 (10) |
Conjunto |
1982
10 peintures sur affiches (Conjunto disociable) |
Información detallada
Artista |
Claude Viallat
(1936, France) | |
---|---|---|
Título principal | Affiche peinte | |
Fecha de creación | [1982] | |
Conjunto |
(Conjunto disociable) 1982 10 peintures sur affiches | |
Ámbito | Dessin | |
Técnica | Peinture acrylique sur papier | |
Medidas | 159 x 119 cm | |
Inscripciones | Non signé, non daté | |
Adquisición | Don de l'artiste, 1983 | |
Sector de colección | Cabinet d'art graphique | |
Inventario | AM 1983-68 (10) |
Análisis
Depuis 1966, Claude Viallat peint en utilisant une forme unique, ni organique ni géométrique, dont la répétition, sur une toile libre, sans châssis, travaillée au sol, détermine la composition de l’œuvre. Ce principe de répétition, cet usage d’une empreinte, faite avec un pochoir déplacé sur la surface à peindre, inscrivent d’emblée sa démarche dans une critique de l’abstraction lyrique et géométrique des années 1960. De façon plus radicale encore, cette méthode qui repose sur la conviction que « l’objet de la peinture, c’est la peinture elle-même » amène l’artiste à mener une critique réglée, pratique et théorique, du tableau traditionnel. Avec Supports-Surfaces, groupe auquel il participe, depuis la fondation en 1970 jusqu’à sa démission en mai 1971, il contribue à un mouvement de déconstruction radicale de l’objet tableau, de ses composants matériels comme des procédures qui président à sa création.
Recouvrant d’une même forme des supports de toile non tendus sur châssis – bâches, parasols, rideaux, serpillières, stores à franges, sacs en jute, tissus recouverts de motifs décoratifs imprimés… –, Viallat manifeste la réalité matérielle du support, de l’outil et de la couleur. La peinture, jeu du même et de l’infinie variation, s’affirme comme travail, dont l’artiste dit qu’il est « nombreux et spiralé ». Nombreux comme la répétition d’un même qui n’est jamais tout à fait identique : la permanence de la forme étant aussi, en même temps, sa mise à l’épreuve. Spiralé, comme un mouvement qui, s’enroulant sur lui-même, avance peu à peu : faux recommencement où, à chaque passage, du nouveau surgit. Car, en utilisant aujourd’hui encore le « système » mis en place dans les années 1960 – cet usage banal d’une forme née du hasard –, Viallat ne se condamne pas à la répétition, mais, tout au contraire, à une recherche jamais achevée des infinies variations : variation des oppositions de couleur entre forme et contre-forme, variation des mises à l’épreuve de la forme, fragmentée par la couleur, ou du fond, fragmenté par le support, la couleur ou l’inachèvement. Comme si, en réglant ainsi, une fois pour toutes, les questions du sujet et de la composition, Viallat s’était ouvert une voie pour faire de la peinture, librement. Une sorte d’impasse fructueuse.
Le travail sur papier, qui vient en contrepoint régulier de la peinture sur toile non tendue, met au jour de façon claire la dimension expérimentale de son travail. Le papier, c’est-à-dire toutes sortes de papiers – fiches bristol, affiches récupérées, papier brouillon, feuilles ou lambeaux de feuille –, est le support de tous les possibles. Lieu d’étude et de mémoire – alors qu’il vit et enseigne à Limoges, Viallat travaille sur les filets et les nœuds (Nœuds, travaux et épissures, 1971) ; réceptacle pour empreintes (Empreinte « cercle noir sur fond blanc, intérieur gris » et Empreinte [1972-1973], MNAM), ou support pour un travail de peinture (Affiche peinte [1982]), il prolonge la pratique sur toile, accueillant ses débords et offrant cet inattendu qui est la condition même de relance du travail. Autre support, autre façon de boire ou de refuser la couleur, de se laisser recouvrir ou d’offrir une résistance non prévue. Du papier, Viallat attend ce qu’il espère de tout tissu inconnu qu’il attaque dans son atelier de Nîmes, chaque matin : une proposition nouvelle, à laquelle il répondra par la couleur.
Si l’on veut déterminer une spécificité de l’œuvre sur papier au sein de la démarche de Viallat, sans doute est-ce du côté du rapport au temps que l’on peut la trouver : car le papier, c’est la vitesse, la possibilité de produire un nombre stupéfiant d’œuvres en un même jour. Ainsi cette Empreinte « cercle noir sur fond blanc, intérieur gris » qui s’inscrit dans un ensemble de soixante-dix pièces sur papier produites en un jour. Provocation ? Sans doute, car, ce faisant, Viallat sait à quel point il désacralise l’œuvre d’art, à quel point il met à mal le culte de la rareté et de la lenteur de l’art : le papier, ici, n’est donc pas un lieu à part, mais un moyen de radicaliser son entreprise de mise à bas des privilèges de la peinture. Au-delà de ce combat, le papier s’impose, en outre, parce qu’il permet l’abondance, comme l’un des supports privilégiés d’un artiste pour qui peindre est d’abord une façon de travailler le temps. Peindre beaucoup, passer sans cesse d’un support à l’autre, en un même jour, c’est transformer le temps en peinture : manière de conjurer le temps qui passe, manière de transformer la durée en espace, la perte en peinture.
Pierre Wat
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
Bibliografía
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