Aragon
1942
Aragon
1942
Ámbito | Dessin |
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Técnica | Encre sur papier d'Arches |
Medidas | 52,9 x 40,5 cm |
Adquisición | Achat, 1984 |
Inventario | AM 1984-49 |
Información detallada
Artista |
Henri Matisse
(1869, France - 1954, France) |
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Título principal | Aragon |
Título atribuido | Portrait de Louis Aragon |
Fecha de creación | 1942 |
Lugar de realización | Ce dessin daté, 1943 par l'artiste alors que les séances de pose avec Aragon eurent lieu en avril-mars 1942. |
Ámbito | Dessin |
Técnica | Encre sur papier d'Arches |
Medidas | 52,9 x 40,5 cm |
Inscripciones | S.D.T.B.DR. : Aragon/Mars 43 H.Matisse |
Adquisición | Achat, 1984 |
Sector de colección | Cabinet d'art graphique |
Inventario | AM 1984-49 |
Análisis
« Dimanche 5 avril 1942 (4 h 30 du matin)
Cher Ami,
Vous avez posé comme un ange, toutefois vous m'avez constamment échappé. Derrière l'écran formé par l'intérêt que vous preniez à mon action, je n'ai pu que vous deviner. Puis-je vous demander pour la prochaine séance de rentrer particulièrement en vous, pour que j'observe un Aragon chez lui.
Il suffira que vous repreniez un sujet de méditation favori. Avec l'espoir de pouvoir pénétrer chez un Aragon enfin seul. [...]
La passion du cœur m'apparaît sur la face.
La face ne ment point : c'est le miroir du cœur. »1
Cette lettre d'Henri Matisse à Louis Aragon témoigne de la relation privilégiée des deux hommes qui travaillent ensemble à la mise en page de l'ouvrage Thèmes et variations, paru dès 1943, et qui relate cette exceptionnelle expérience de dessin. Ici Matisse prend comme modèle son ami pour une série qui compta quatre thèmes, études au fusain et à l'estompe, et trente-quatre variations à la plume à laquelle la feuille du MNAM appartient. La série est reproduite in extenso dans Roman (t. Il) où cette feuille apparaît accompagnée du chiffre 30.2 Aragon déplore que ces dessins soient impossibles à classer dans leur ordre de succession car ils ne furent pas numérotés et précise que Matisse les data par erreur de 1943 alors que ces séances de pose eurent effectivement lieu en 1942, en ces mois d'avril-mars auxquels remonte le courrier de l'artiste.
Aragon donne la cause de l'attitude que Matisse lui reprochait dans son texte La Grande songerie : « J'étais alors un objet, comme ces plantes vertes, ces coquillages, ces fauteuils, ces coloquintes, ces vases de la songerie. Un objet terriblement tenté d'épier la main dessinante. Assis à une distance intimidante, l'allonge du bras, je voyais Matisse, le crayon de Matisse partir, s'envoler pour retomber, le dessin fait comme d'une course »3. Le dialogue, à la fois machinal et tendu, que constitue la séance de pose est restitué par les remémorations du modèle rétif, Louis Aragon, écrivain et observateur attentif du travail de l'artiste : « Je n'avais pas demandé à Matisse de me tirer en portrait, alors ! Ça lui était venu pendant que nous parlions, à Cimiez, comme dans un bureau de poste. Je me souviens d'un jour où il faisait extraordinairement sombre, pour le ciel de Nice. Ce jour-là, je pourrais presque en identifier les dessins : ce sont les plus blancs, les plus clairs. Il y a là sans doute autre chose qu'une coïncidence »4. Effectivement, cette clarté était au centre de l'expérience et Matisse en avait formulé le projet et la nécessité, dès 1939, dans les Notes d'un peintre sur son dessin : « Malgré l'absence de traits entrecroisés, d'ombres ou de demi-teintes, je ne m'interdis pas le jeu des valeurs, les modulations. Je module avec mon trait plus ou moins épais, et surtout par les surfaces qu'il délimite sur mon papier blanc. Je modifie les différentes parties de mon papier blanc, sans y toucher, mais par des voisinages. »5 L'artiste précisa à Aragon à propos de Thèmes et variations : « Remarquez que toutes mes feuilles dessinées ont, qu'aucune de mes feuilles dessinées n'a perdu l'attendrissante blancheur du papier, même quand un trait la divise en compartiments de diverses qualités. »6 Ces qualités, ces nuances engendrées par les voisinages des noirs et des blancs ne procèdent que de la lumière matérialisée ici par la blancheur de la feuille de papier : « Vous voyez, c'est le même blanc partout »7. Ainsi pourrait se comprendre l'expérience graphique du « mystère de la chambre claire ».
Anne Baldessari
Notes :
1. Henri Matisse, cité in Louis Aragon, Henri Matisse. Roman, Paris, Gallimard (vol. 1), 1971, pp. 233.
2. Louis Aragon, Henri Matisse. Roman, Paris, Gallimard (vol. 2), 1971, p. 51.
3. Louis Aragon, Henri Matisse. Roman, Paris, Gallimard (vol. 1), 1971, p. 234.
4. Louis Aragon, Henri Matisse. Roman, Paris, Gallimard (vol. 2), 1971, pp. 48-49.
5. Henri Matisse, Notes d'un peintre sur son dessin,1939, in Henri Matisse, Écrits et propos sur l'art, édition établie par Dominique Fourcade, Paris, Hermann, 1972, p. 163
6. Ibid., p. 160, note 3.
7. Ibid.
Source :
Extrait du catalogue Œuvres de Matisse, catalogue établi par Isabelle Monod-Fontaine, Anne Baldassari et Claude Laugier, Paris, Éditions du Centre Pompidou, 1989
Bibliografía
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Matisse : Brisbane, Queensland Art Gallery, 29 mars-16 mai 1995 // Canberra, National Gallery of Australia, 27 mai-9 juillet 1995 // Melbourne, National Gallery of Victoria, 19 juillet-3 sept. 1995.- Brisbane, Queensland Art Gallery/Art Exhibitions Australia Limited, 1995 (édited by Caroline Turner and Roger Benjamin) (ill. n° 185, reprod. p. 262) . N° isbn 0-7242-6378-0
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Matisse, la collection du Centre Georges Pompidou, Musée national d''art moderne : Lyon, Musée des Beaux-Arts, 2 avril-28 juin 1998. - Paris : éd. Centre Pompidou (sous la dir. de Claude Laugier, Isabelle Monod-Fontaine et Philippe Durey) (cit. et reprod. coul. p. 70) . N° isbn 2-85850-946-8
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