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Conversation autour du film "Composer les mondes"

avec Philippe Descola, Eliza Levy

animée par Mathieu Potte-Bonneville

Conférence de clôture

Dimanche 14 février 2021, à 17h30

Comment nous, les modernes, avons-nous fait pour rendre notre planète de moins en moins habitable et comment faire pour enrayer ce mouvement ?

Philippe Descola a consacré sa vie d’anthropologue à éclairer ces questions.

Le film Composer les mondes réalisé par Eliza Levy l’emmène confronter ses idées à une expérience sociétale unique au monde, en France, à Notre-Dame-des-Landes. Là, sur et avec la terre sauvée du béton, en lieu et place d’un aéroport pharaonique, se déploie une nouvelle façon d’être au monde. 

 

Conversation animée par Mathieu Potte-Bonneville


Eliza Levy

Eliza Levy est cinéaste. Elle apprend son métier de documentariste en filmant la scène hip-hop dès la fin des années 1990, notamment au travers d’une longue collaboration avec Oxmo Puccino. Elle réalise, entre autres, un épisode de la quatrième saison de la série Engrenages (2012) et le court métrage merveilleux Kaïros (2014) interprété par Reda Kateb. Elle adapte actuellement en série le roman de Wajdi Mouawad, Anima.


En 2015, Eliza Levy part à la rencontre de Philippe Descola.

« Ce que Philippe Descola a mis en lumière, la multiplicité des ontologies et par là même la relativité de la nôtre, offre un incroyable souffle sur le feu des imaginaires poétiques et politiques de notre temps. C’est un socle pour forger des histoires, des mythes nouveaux, dans une rigueur salvatrice. Dans chacun de mes films, j’essaie de réconcilier l’humain avec le sensible. Je tente de redonner vie à ce que l’on voit, et d’imaginer ce que nos yeux ne voient pas ; faire surgir la magie pour réenchanter notre monde. »

De leur collaboration naissent deux films : Composer les mondes (2021) et La fausse transparence du réel, un long métrage en cours d’écriture.


Philippe Descola

Né en 1949 à Paris, anthropologue français aujourd’hui le plus commenté au monde, Philippe Descola étudie la philosophie à l’École normale supérieure de Saint-Cloud et l’ethnologie à l’École pratique des hautes études où il effectue sa thèse sous la direction de Claude Lévi-Strauss.

Chargé de mission par le CNRS au tout début de sa carrière, il part en Amazonie d’août 1976 à août 1978 pour mener des enquêtes ethnographiques de terrain auprès des Indiens Jivaros Achuar. Il étudie comment les Achuar identifient les êtres de la nature et les types de relations qu’ils entretiennent avec eux. Cette expérience ethnographique nourrit sa thèse soutenue en 1983 et intitulée La Nature domestique, Symbolisme et praxis dans l’écologie des Achuar. Philippe Descola y montre notamment comment les Achuar attribuent des caractéristiques humaines à la nature, les humains et non-humains formant ainsi un continuum.

 

Après cette expérience ethnographique, Philippe Descola devient maître de conférences  (1987) puis directeur d’études (1989) à l’EHESS. Étendant progressivement sa réflexion à d’autres sociétés, et dépassant l’opposition entre nature et culture, il redéfinit la dialectique structurant notre propre rapport au monde et aux êtres : « Seul l’Occident moderne s’est attaché à classer les êtres selon qu’ils relèvent des lois de la matière ou des aléas des conventions. L’anthropologie n’a pas encore pris la mesure de ce constat : dans la définition même de son objet – la diversité culturelle sur fond d’universalité naturelle –, elle perpétue une opposition dont les peuples qu’elle étudie ont fait l’économie. Peut-on penser le monde sans distinguer la culture de la nature ? »


Au cours de sa carrière, Philippe Descola a publié de nombreux ouvrages de référence traduits dans plus de 17 langues dont La Nature domestique (1986), Les Lances du crépuscule (1993), Par-delà nature et culture (2005) ou encore La Composition des mondes (2014).

En 2012, il reçoit la Médaille d’or du CNRS, la plus prestigieuse récompense scientifique française.