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Helen Mayer-Harrison et

Newton Harrison

The Lagoon Cycle, 1973–1984

Artistes et pédagogues

Le travail artistique des Harrison est à la fois visionnaire et tout à fait révolutionnaire dans sa forme, ses moyens de production et de diffusion.

Helen Mayer (1928-2018), de formation littéraire et philosophique, est une pédagogue de renommée, formée sur l’émancipation de l’être et la justice sociale. Newton Harrison (1932) est sculpteur, passionné de géographie. Il envisage l’art de manière globale dans une action globale. Sa réflexion sur l’écosystème vise une portée mondiale.

Dès les années 1970, Helen Mayer prend conscience des effets du réchauffement climatique sur la montée des océans et Newton Harrison y voit le remodelage de la planète. Pionniers de l’art écologique, ils forment depuis le début des années 1970 une entité artistique et collaborative touchant tous les domaines, à la fois historiens, écologistes, diplomates, enquêteurs, émissaires et militants de l’art.

Pendant plus de quarante ans, ils travaillent en étroite collaboration avec des chercheurs, des biologistes, des écologistes, des architectes, des designers et des artistes pour initier des échanges d’idées et réaliser des œuvres et des actions en faveur de la biodiversité et du développement communautaire, que ce soit des réalisations de grande envergure comme la remise en état de bassins versants, le reboisement, ou des projets plus modestes d’agriculture urbaine dans des villes ou des banlieues. 

Ils intègrent systématiquement les acteurs locaux dans l’élaboration de l’enquête, de la conception et de la mise en œuvre du projet. La cartographie, le dessin, la photographie et le récit sont à la fois leur vocabulaire plastique et des outils ayant valeur de témoignages sur leurs recherches. 
L’alliance de ces deux personnalités a permis l’émergence d’un travail à la croisée des arts, des sciences humaines, de l’écologie, de l’histoire et de la politique.  

 

Cartographie de la survie

The Lagoon Cycle est considéré comme leur œuvre manifeste. Réalisée entre 1973 et 1984, elle est conçue comme une narration environnementale qui se lit en sept chapitres. Fresque monumentale formée de 42 toiles de 2,40 m de hauteur sur plus de 1 000 mètres de long, et composée de photographies, de commentaires manuscrits, de dessins, de maquettes et de cartographies, elle relate l'histoire d'un lagon. 

Mise en scène au moyen d'un dialogue semi-autobiographique entre un « Lagoon Maker » et un « témoin », cette histoire cherche à établir le fondement philosophique de l'argument écologique. Les deux personnages « recherchent une créature vigoureuse qui pourrait vivre dans des conditions muséales » et seront progressivement transformés par cette quête au cours du récit. Le dialogue, rédigé dans un style à la fois littéraire et scientifique, montre que personne ne peut camper sur ses positions initiales, et qu'il est essentiel d'accepter la part d’improvisation et d’adaptation nécessaires à la survie face aux phénomènes majeurs de la montée des eaux et du réchauffement climatique. Le récit s’achève par une interrogation sur une vision du monde divisée par deux frontières qui vont bien au-delà de celles qui nous ont gouverné jusqu’à aujourd’hui : celle de la montée des eaux qui transforme les rivages et celle de la sècheresse qui fait disparaître les rivières et les forêts.

Le Cycle du lagon est une fable philosophique à caractère écologique qui a servi de base à tous les travaux ultérieurs des Harrison. Il a été présenté pour la dernière fois dans sa totalité à l’exposition « Villette -Amazonie » en 1996, avant d’être acquis par le Centre Pompidou. Il a aussi fait l’objet d’un livre.

 

Réparer le monde

À partir du début des années 1970, période où les Harrison enseignent les arts visuels à l’université de San Diego en Californie, leur pratique artistique se concentre sur des projets de fermes urbaines, de réapprovisionnement d’eau des rivières et de reboisement, de préservation de la flore et de la faune, de protection des communautés locales et notamment celle de la tribu amérindienne Washoe au Nevada. 
Le concept d'art militant prend alors toute sa dimension puisqu'à travers leurs œuvres, ils cherchent à transmettre un message et à proposer des solutions. Pour cela, ils collectent de nombreux documents et établissent leurs travaux en fonction des informations récoltées et de leurs déplacements. 
Leurs différents projets portent entre autres sur la rénovation urbaine (Baltimore Promenade, 1981) et l’aménagement de bassins naturels en milieu urbain comme le Lake for the Halles en 1974 : un immense bassin entouré d’arbres sur l’emplacement du trou des Halles, alimenté par l’eau de la Seine avec des commerces autour et en dessous. Ces projets ont souvent conduit à des changements dans les politiques gouvernementales de certains pays et apporté des solutions pratiques sur les problématiques écologiques et environnementales.


En 2007, le Harrison Studio crée le « Centre de Force Majeure », un programme ayant pour objectif la création de systèmes d’adaptation (fermes urbaines, reboisement, préservation de l’humidification des sols, serres écologiques) sans impacter le système vivant. La « Force Majeure » est un projet de survie plein d’espoir dont est issu un Manifeste pour le 21e siècle, fruit des interrogations et des auto-critiques menées par les artistes face aux grands bouleversements climatiques. 


Pour aller plus loin

Helen Mayer Harrison et Newton Harrison en 7 dates

Helen Mayer Harrison

1927  Naissance à Queens, État de New York, dans une famille d’instituteurs
1948  Étudie la psychologie clinique, l'éducation et la philosophie
1957  Co-fondatrice d’une école Montessori à Florence (Italie)
1960  Retour aux États-Unis pour rejoindre les mouvements pacifistes, féministes, écologistes 
1965  Professeur de littérature à l’université du Nouveau Mexique avec des programmes adaptés aux populations amérindiennes 
1993  Création du studio collaboratif, Harrison Studio.

Réalisation de nombreux projets artistiques autour de l’agriculture urbaine et la préservation de l’eau aux États-Unis et en Europe. 
2018  Mort à Santa Cruz

Newton Harrison

1932  Naissance à Brooklyn, New York, dans une famille de commerçants prospères
1954  Étudie la sculpture
1965  Diplôme des Beaux-Arts à l’université de Yale
1967  Enseigne les arts visuels à l’université de San Diego, Californie
1970  Création d’un centre névralgique de l’écologie, Musée des arts appliqués de New York
1993  Création du studio collaboratif, Harrison Studio.

Réalisation de nombreux projets artistiques autour de l’agriculture urbaine et la préservation de l’eau aux États-Unis et en Europe. 
2007  Manifeste pour le 21e siècle. La Force Majeure


The Harrison Studio

Site internet


Newton Harrison à propos de son projet « Force Majeure »
16 octobre 2014
Durée : 1'33
(en anglais)


Trois questions à Newton Harrison

Entretien réalisé en juillet 2021


Dans la collection du Musée national d'art moderne :

The Lagoon Circle, 1973-1984