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Sonia Delaunay

1885, Gradizhsk (Ukraine) – 1979, Paris (France)

Pionnière de l'art abstrait

Prismes électriques célèbre la vie urbaine et la poésie de la modernité. Né de la simple observation des transformations des couleurs et des formes imposées par l’éclairage électrique, le tableau prend ici une dimension cosmique. Le module géant est démultiplié en anneaux colorés, chatoyant de toutes les couleurs du prisme, qui absorbent toute la surface, l’unifient, et annulent toute perspective. Sans référence ni à un objet ni à une figure, ils expriment à la fois l’énergie de la matière et un espace sensible infini. L’œuvre de Sonia Delaunay est centrée sur les manifestations de la lumière, pensée comme principe créateur originaire. La couleur est parfaitement autonome, libérée de la forme.

 

La même année l’artiste travaille avec son ami Blaise Cendrars à la Prose du Transsibérien (1913), un projet de livre simultané en étroite correspondance avec l’énergie vitaliste et la poésie des « photographies mentales » du poète. Son nom apparaît ici inséré au centre de la composition, sous la forme d'un cartouche, reproduisant le prospectus de La Prose du Transsibérien.

 

L’œuvre a été exposée au Salon des indépendants de 1914, aux côtés du Manège de cochons de Robert Delaunay.


Biographie

Sarah Stern dite Sonia Terk–Delaunay (1885–1979) nait en Ukraine dans une famille modeste. Confiée à son oncle Henri Terk, elle est élévée à Saint-Petersbourg dans un milieu aisé et cultivé.

Elle suit une formation de peintre en Allemagne, puis se rend à Paris en 1905, y découvre les mouvements d’avant-gardes comme le fauvisme et la peinture de Gauguin, qui lui inspirent ses premières peintures.

 

Elle rencontre le galeriste Wilhem Uhde. Ensemble ils arrangent un mariage amical qui leur permet, lui, de dissimuler son homosexualité ; elle, de rester travailler en France. Par son intermédiaire, elle rencontre le jeune peintre

Robert Delaunay alors proche de la peinture cubiste et futuriste. Très vite elle divorce pour l’épouser en 1910. Ils donnent naissance à fils, Charles, pour lequel elle confectionne une couverture en patchwork à la manière des paysans russes. L'artiste considère cette pièce de 1911 comme sa première œuvre abstraite.

 

Robert et Sonia Delaunay s’orientent vers ce qu’ils nomment l’art « simultané », c’est-à-dire un même sujet travaillé sur différents supports. La découverte des travaux de Chevreul sur le contraste des couleurs les conduit peu à peu vers une abstraction qui est une conséquence de leurs recherches sur la vision. Fascinés par la synesthésie entre les arts (musique, arts décoratifs, poésie,  architecture), ils développent un art à même de transcrire l’intensité de la modernité.

 

Artiste complète, Sonia Delaunay s’essaie à la décoration d’intérieur ainsi qu’au design, puis crée des vêtements, et ouvre une boutique dans les années 1920 pour subvenir aux besoins de sa famille. Elle se forge une réputation internationale en travaillant pour des marques new-yorkaises, et en créant des costumes pour l’industrie du cinéma.

 

À la mort de Robert Delaunay en 1941, Sonia se retire à Grasse jusqu’à la fin de la guerre. Afin de promouvoir l’art abstrait, elle participe à la création du Salon des réalités nouvelles en 1946. L’artiste s’attèle à mettre en valeur l’œuvre de Robert Delaunay, selon elle, peu reconnu à sa juste valeur. Elle expose avec les artistes du mouvement l’Art Concret.

Sonia Delaunay reçoit de nombreuses récompenses au cours de sa carrière, et devient la première femme à se voir proposée une rétrospective de son œuvre de son vivant, par le musée du Louvre en 1964.


Pour aller plus loin

Bibliographie :

Sophie Chauveau, Sonia Delaunay : la magnifique, Paris, Ed. Tallandier, 2019
Anne Montfort (dir.), Cécile Godefroy (dir.), Sonia Delaunay, Catalogue d'exposition, Musée d'art moderne de la ville de Paris, 2015
Cécile Godefroy, Sonia Delaunay, Paris, Ed. Flammarion, 2014