Exposición
Anri Sala
3 may - 6 ago 2012

El evento ha terminado

Imaginée pour le Centre Pompidou, cette exposition est une oeuvre en soi, une symphonie, constituée d'objets, de photographies et de quatre films récents formant une boucle d'une heure. L'exposition entraîne le spectateur de Sarajevo à Berlin, de Bordeaux à Mexico-City. Le son et la musique y sont omniprésents ; ce travail original de l'artiste place le visiteur dans une boîte à musique, entre fiction et réalité.

Conçue pour le Centre Pompidou et sa Galerie sud, l’installation inédite imaginée par Anri Sala est une œuvre en soi, une symphonie, constituée d’objets, de photographies et de quatre films récents – activés selon un « time code » préétabli, formant une boucle d’une heure. Les images entraînent le spectateur en différents endroits du monde : de Sarajevo, évoqué pendant le siège de 1992 à 1995 (1395 Days without Red, 2011), à Berlin avec le dôme géodésique de Buckminster Fuller (Answer Me, 2008), de Bordeaux avec une salle des fêtes désertée (Le Clash, 2010) au célèbre site de Tlatelolco à Mexico City (Tlatelolco Clash, 2011). Grâce à un travail original de spatialisation sonore à travers les films, l’artiste fait de l’espace une boîte à musique, diffusant tour à tour une symphonie de Tchaïkovski, une nouvelle version de Should I Stay or Should I Go des Clash ou le rythme des dix batteries (Doldrums, 2008) qui s’animent de façon intermittente. L’exposition joue aussi avec l’espace qui communique visuellement avec la rue et les alentours. Placé entre fiction et réalité, le visiteur de l’installation fait face aux passants qui longent le Centre Pompidou.
Entretien avec l’artiste
Comment abordez-vous la question d’exposer vos œuvres, notamment dans un espace très spécifique ?
ANRI SALA – Je conçois chacune de mes expositions non pas comme une présentation ou une collection de pièces existantes, mais comme une œuvre en soi. Mon intention n’est pas de mettre l’accent sur l’un des films ou l’un des objets exposés, mais de créer entre eux une correspondance singulière qui va indiquer le tempo au spectateur et lui suggérer son cheminement à travers l’exposition, comme une chorégraphie. L’enjeu est d’unir en un seul mouvement le temps et l’espace et de les faire résonner, à partir du spectateur, l’un avec l’autre.
Dans cette exposition, un film invite le visiteur à se déplacer d’un écran à un autre dans l’espace de la Galerie sud, laissé ouvert. Il est parfois interrompu par un autre film projeté sur le même écran. Puis, le visiteur poursuit son parcours face à un autre film et ainsi de suite. Les films sont imbriqués les uns dans les autres, créant une boucle d’une heure entraînant le spectateur et l’invitant à avancer dans une exposition qui progresse simultanément dans sa narration et dans l’espace. Au cours de cette progression, le spectateur suit des personnages qui traversent une ville ou déambulent autour d’un bâtiment, par exemple dans les rues de Sarajevo à l’époque de la guerre de Yougoslavie ou dans une salle de concert abandonnée de Bordeaux. La main du chef d’orchestre Ari Benjamin Meyers apparaît dans la première image de trois séquences projetées sur des écrans différents – comme s’il en lançait lui-même la projection.
Son et musique se trouvent au centre de votre travail depuis quelques années, comme des substituts à la narration.
AS – Ils ne fonctionnent pas séparément, comme un bruitage ou un arrière-plan, mais agissent plutôt en synergie comme quelque chose en devenir. Mon intérêt pour la musique réside dans l’instant où elle prend forme, lorsque le souffle du musicien se métamorphose et se traduit en musique. Le son est un moteur pour chacun de mes films. Quelle que soit ma méthode de travail (seul ou en collaboration avec un musicien), il y a toujours une pré-écriture qui indique le sens que prendra la musique, comme un script qui parviendra à animer l’espace. Les films sont à leur tour des instruments de musique jouant chacun une mélodie distincte. Le son et la musique ne racontent pas d’histoires, mais plutôt leur impact, et celui de l’architecture qu’elles ont générée sur le présent. Leurs résidus et leurs souvenirs sont incarnés par les corps et les gestes devenus musique. Je pense que l’on se rappelle autrement des choses par les gestes que par les mots. Dans mes films, on rencontre souvent le souvenir d’un événement à travers la manière dont le corps l’a mémorisé. Je tente donc de déceler et de dépeindre comment les gestes révèlent une mémoire. Les films résultent d’un effet qui se produit – en images – entre un lieu, des sons et des personnages. Ils ne racontent pas une histoire à proprement parler, mais peuvent renvoyer à l’Histoire ou au politique, sans pour autant les décrire.
Quels rapports entretiennent pour vous l’espace et le son ?
AS – Je m’intéresse à l’espace qui existe entre la source d’un son et l’environnement sur lequel il rebondit, devenant ainsi musique. Il en va de même pour l’architecture.
Elle me conduit vers un son et une musique qui constituent une réponse à un lieu ou à une situation. Parfois, je filme l’influence acoustique de l’architecture d’un lieu sur une narration et une histoire, sur ses personnages et leurs dialogues, illustrant ainsi l’impact de l’architecture sur leur relation ainsi que sur eux-mêmes. C’est le cas dans le film Answer Me dans lequel l’écho produit par le son d’une batterie sur les parois d’un dôme géodésique à Berlin est incorporé dans la performance par le musicien. Ailleurs, c’est l’influence du contexte qui m’intéresse – comme le site de Tlatelolco à Mexico où a eu lieu la dernière bataille entre Aztèques et conquistadors, et où les révoltes étudiantes de 1968 ont été réprimées dans le sang. C’est un lieu mythique, lieu de rupture historique, architecturale et identitaire. Il devient, dans le film Tlatelolco Clash, le site d’une rupture musicale. L’idée que, là ou le son et l’espace se rencontrent, se crée une résonance allant au-delà du simple effet physique de l’écho m’a toujours fasciné.
Propos recueillis par Christine Macel, conservateur, Musée National d’Art Moderne et commissaire de l’exposition
Dónde
Galerie sud
Quando
3 may - 6 ago 2012
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