Nouvelles vagues

Présentée successivement entre janvier et juin à Shanghai, Canton et Pékin, l'exposition "Nouvelles vagues : un point de vue sur l'art contemporain français", propose aux visiteurs d'explorer la relation entre images fixes et images animées à travers une vaste collection de peintures, photographies, films et vidéos réalisées à partir du début des années 1960.

La relation entre images fixes et images animées est au coeur de l'histoire du Centre National d'Art et de Culture Georges Pompidou au sein duquel, leur cohabitation est systématiquement privilégiée. L'exposition s'appuie par ailleurs sur la collection vidéos du Centre, qui constitue la plus importante du genre en Europe.

La "Nouvelle Vague" désigne l'émergence au début des années 60 d'un nouveau type de cinéma, qui renouvelle les techniques de narration ainsi que le traitement de l'image. C'est aussi au début des années 60 que s'affirme en France un certain nombre de mouvements d'avant garde qui vont bouleverser le paysage des arts plastiques. Or cinéastes et artistes sont loin de s'ignorer, au contraire, comme le prouvent quelques illustres exemples. D'un côté Jean-Luc Godard ne cessera de s'intéresser à la peinture, auquel il fait référence directe ou indirecte dans ses films les plus connus, de l'autre aussi bien Christian Boltanski que Daniel Buren hésiteront un temps entre les carrières de cinéaste et d'artiste.

Ainsi se nouent en France dès le début des années 60 et jusqu'aujourd'hui des relations étroites entre les créateurs de l'image animée (cinéma, vidéo) et ceux de l'image fixe (peinture, photographie).

Des "nouvelles vagues" successives de transformations de l'image (dans les années 80 la "nouvelle vague" de la photographie plasticienne, puis dans les années 90 celle de la vidéo et plus récemment de l'image numérique) vont enrichir ces relations et en faire une problématique essentielle pour l'art français contemporain. Si bien qu'aujourd'hui l'image fixe quelle qu'elle soit (peinture, photographie, abstraite ou figurative) porte forcément l'influence de l'image animée (vidéo, cinéma) et réciproquement.

L'exposition présente donc aussi bien des exemples de l'influence réciproque de l'image fixe et de l'image animée dans l'art (avec des artistes peintres et photographes d'un côté, vidéastes et cinéastes de l'autre) que des artistes qui utilisent indifféremment les deux types d'images.

L'exposition est divisée en trois sections, à travers trois sources d'inspiration différentes :

- la première évoque la création des années 1960-70 (300 m²) : les travaux de Martial Raysse, dont le Centre possède un fonds très représentatif, qui s'intéresse très tôt au cinéma et l'intègre dans son travail Les Nouveaux réalistes qui, tel Jacques Mahé de la Villeglé et son fameux "Tapis Maillot", travaillèrent à partir des affiches de cinéma. Les artistes de la Figuration Narrative et leurs références au film noir dans leur tableaux ont tous pratiqué le cinéma ou la vidéo parallèlement à la peinture. Certaines de leurs œuvres font aussi directement référence à leur fascination pour la Chine maoïste de ces années (Eduardo Arroyo, Erro, Gérard Fromanger, Jacques Monory, Rancillac, Hervé Télémaque).

- La seconde section propose les nouvelles orientations nées en France à partir des années 1980 (250 m²) : Elle est divisée en 3 thèmes :

1- La réflexion, menée par des artistes tels que Annette Messager, Jean Le Gac et Jochen Gerz, autour des relations entre narration et images animées, en particulier, à travers une comparaison entre photographie et texte.

2- L'histoire de la peinture vue par le cinéma expérimental de Jean-Marie Alberola et Thierry Kuntzel.

3- Les techniques de la peinture appliquées au cinéma expérimental (Théo Hernandez, Cécile Fontaine)

- La dernière section présente, à travers une sélection d'oeuvres des années 80 à aujourd'hui, les rapports complexes entre image fixe et image animée : La peinture d'aujourd'hui même lorsqu'elle est abstraite porte la trace du "passage" de l'image, pour reprendre le titre d'une exposition au Centre

Pompidou (Carole Benzaken, Philippe Cognée, Bernard Frize, Bruno Perramant). La photographie et la sérigraphie permettent d'évoquer des catégories fondatrices du cinéma comme le défilement, la projection, la répétition (Jean-Marc Bustamante, Valérie Jouve, Suzanne Laffont, Patrick Tosani, Seton

Smith). La vidéo est aujourd'hui l'un des matériaux principaux d'installations souvent monumentales, qui occupent des salles entières (Thierry Kuntzel, Ange Leccia, Sue Mei Tse, Pierrick Sorin).