Exposición / Museo
Erik Boulatov
28 sep - 27 nov 1988
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Cette exposition est consacrée au peintre russe Erik Boulatov. Les 22 tableaux exposés représentent la quasi-totalité de l’œuvre picturale de Boulatov et permettent d’observer les étapes successives de sa création, allant de l’Autoportrait et l’Entrée (1972), jusqu’à la Révolution-Perestroïka (portrait de Gorbatchev).
Erik Boulatov commença ses études artistiques en 1952, à l’Institut Sourikov (peintre « national » de la fin du 19e) […]. On y jetait l’anathème sur l’avant-garde russe des années 20-30, mais en général, sur tous les « décadents bourgeois occidentaux » avec, à leur tête, Cézanne et Matisse. Un des anciens professeurs de l’Institut, Lopatov, invitait parfois ses meilleurs élèves chez lui et, dans la pièce, laissait « traîner », comme par mégarde, quelques livres d’art ouverts sur les reproductions des artistes européens du 20e siècle. C’est ainsi que Boulatov découvrit Cézanne ; il en approfondit la connaissance grâce aux liens d’amitié qu’il noua avec Robert Falk et Vladimir Favorski, deux « anciens » de l’avant-garde des années 20. Boulatov affirme leur devoir non seulement une nouvelle approche artistique mais aussi toute une philosophie, une vision du monde permettant de distinguer le vrai du réel […].
En effet, peindre signifie pour Boulatov découvrir une réalité authentique parmi celles, nombreuses, qui ne sont que superficielles ou artificielles. Le tableau donc, ou plutôt le processus de sa création, permet d’éliminer de la réalité tout le fortuit, tout le faux et donne à chaque image et à chaque signe (lettre) sa signification véritable. […]
Les sujets, les motifs de ses tableaux sont toujours inspirés de son univers quotidien. Une photo, un slogan, une affiche, des panneaux de propagande constituent pour Boulatov ce « monde de falsification et d’illusion qui lui-même, sans être une vérité, est pourtant une réalité ». […] « Peindre un tableau, dit Boulatov, c’est survivre. A condition qu’il soit réussi, que la réalité extérieure qui y est représentée soit remise à sa place. La vérité jaillira alors du tableau en apportant catharsis et espoir. »
Même s’il admet que ses œuvres peuvent susciter plusieurs lectures, Boulatov n’aime pas être attaché à l’hyperréalisme qu’il considère comme une fixation, un enregistrement par rapport à la vitalité de ses peintures. Le vrai tableau doit vivre, il doit en émaner une force et surtout une lumière. En effet, comme pour de nombreux peintres russes, la lumière constitue pour Boulatov l’élément principal de la peinture. [ …]
La découverte relativement récente de Boulatov par l’Occident changea sa position en URSS, où, tout en étant considéré, admiré même, par l’élite intellectuelle de Moscou, il intriguait mais restait longtemps incompris. Seuls quelques amis, et notamment Oleg Vassiliev et Ilya Kabakov lui permirent de supporter sa solitude et son isolement. Au mois de mai 1988, il fit partie de la sélection officielle soviétique pour la Biennale de Venise.
« Tu n’iras jamais à Paris » avait prédit un jour une de ses confrères en regardant son œuvre. Il y sera du 28 septembre au 27 novembre, dans les Galeries contemporaines du Mnam, au Centre Georges Pompidou.
D’après Stanislas Zadora, CNAC magazine, n°47, 15 septembre-15 novembre 1988
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