Le ciel meurtrier
[1927]

Le ciel meurtrier
[1927]
À la recherche constante d'images "poétiques" et "bouleversantes", Magritte développe à partir de 1926 le motif de l'oiseau mort, associant la violence à une image convenue de fragilité et d'innocence.
Précédé par la peinture Le Plaisir, (1927, Kunstsammlung Nordrhein Westfalen, Düsseldorf) montrant une petite fille dévorant un oiseau et inspirée par l'épouse de l'artiste dévorant un animal en chocolat, Le Ciel meurtrier démultiplie le motif du volatile ensanglanté sur un paysage menaçant. Contrastant avec l'atrocité du sujet, la répétition régulière et symétrique des oiseaux évoque les papiers peints décoratifs que René Magritte réalisait au début de sa carrière.
Ámbito | Peinture |
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Técnica | Huile sur toile |
Medidas | 73 x 100 cm |
Adquisición | Achat, 1979 |
Inventario | AM 1979-105 |
Información detallada
Artista |
René Magritte
(1898, Belgique - 1967, Belgique) |
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Título principal | Le ciel meurtrier |
Fecha de creación | [1927] |
Ámbito | Peinture |
Técnica | Huile sur toile |
Medidas | 73 x 100 cm |
Inscripciones | S.B.G. : Magritte |
Adquisición | Achat, 1979 |
Sector de colección | Arts Plastiques - Moderne |
Inventario | AM 1979-105 |
Análisis
Le motif de l’oiseau mort apparaît en 1926 avec les premières œuvres « surréalistes » de René Magritte (un collage, L’Oiseau mort de 1926-1927, montre un moineau couché sur le flanc). Ses tableaux ont alors pour ambition de provoquer chez le spectateur un « effet bouleversant ». Le sadisme qui consiste à associer l’idée de mort ou de violence à l’image convenue de la fragilité et de l’innocence — le petit oiseau — s’inscrit dans cette stratégie. Plusieurs œuvres recourent, en 1927, à ce procédé. Le Plaisir montre une jeune fille dévorant un oiseau à pleines dents. L’image est inspirée à Magritte par sa femme Georgette qu’il voit manger un animal en chocolat. Les formules qu’il explore pour susciter un « bouleversement », « la création d’objets nouveaux, la transformation d’objets connus, le changement de matières pour certains objets, […] l’utilisation de certaines visions du demi-sommeil ou de rêves…» (R. Magritte, « La Ligne de vie II », Écrits complets , édition établie et annotée par André Blavier, Paris, Flammarion, 1979, p. 143) ne satisfont pas son confident Paul Nougé, qui leur préfère la cruauté du Plaisir : « …Malgré leur efficacité certaine, je ne puis m’empêcher de penser que ce n’est pas dans cette direction que nous ferons une découverte importante, mais bien dans la voie qu’indiquait la toile que je ne puis oublier : la jeune fille mangeant un oiseau. » (cité in cat. rais. I, p. 217). Magritte conçoit une variation à partir du Plaisir en peignant Le Ciel meurtrier (cat. rais. I, n o 153) qui multiplie par quatre l’effet de son premier tableau. Les oiseaux à demi-dévorés laissent entrevoir leurs viscères chocolatés. Ils s’impriment de façon régulière sur la toile à la manière des motifs des papiers peints qu’a conçus Magritte, quelques années plus tôt.
Didier Ottinger
Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007