Le Labyrinthe
[1938]

Le Labyrinthe
[1938]
Dans une lettre à son galeriste, Daniel-Henri Kahnweiler, Masson évoque cette œuvre comme « la clé de toute la série de tableaux entrepris depuis le printemps 1938 ».
En une seule figure «totem» sont combinés ici le labyrinthe de la mythologie grecque et son prisonnier Minotaure, mi homme, mi taureau : mais le second renferme le premier, inversion singulière du mythe. La figure géante qui s'élève sur un fond rappelant les paysages de la période espagnole du peintre, se montre tour à tour paysage, animal, végétal et architecture. Masson crée un univers d'associations hybrides au bord du chaos, particulièrement symptomatique du climat angoissé qui prévaut avant la Seconde Guerre mondiale.
Ámbito | Peinture |
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Técnica | Huile sur toile |
Medidas | 120 x 61 cm |
Adquisición | Don de Basil et Elise Goulandris, 1982 |
Inventario | AM 1982-46 |
Información detallada
Artista |
André Masson
(1896, France - 1987, France) |
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Título principal | Le Labyrinthe |
Fecha de creación | [1938] |
Ámbito | Peinture |
Técnica | Huile sur toile |
Medidas | 120 x 61 cm |
Inscripciones | S.B.DR. : andré Masson |
Adquisición | Don de Basil et Elise Goulandris, 1982 |
Sector de colección | Arts Plastiques - Moderne |
Inventario | AM 1982-46 |
Análisis
Comme Giorgio De Chirico, André Masson a interprété positivement cette figure du labyrinthe que le rationalisme grec avait associée à l’effroi et à la mort. Athènes en avait fait la demeure d’un culte criminel, le symbole de l’obscurité, de la perte des repères de la raison, le piège tendu par un Minotaure assassin. Dans ses derniers écrits, Nietzsche imagine une Ariane réconciliée avec les puissances obscures, séduite par un Dionysos qui susurre à son oreille : « Je suis ton labyrinthe ». Masson et le surréalisme avec lui ont voulu assumer cette « pensée labyrinthique » et céder aux séductions de la nuit, aux forces de l’irrationnel. En 1933, André Masson et Georges Bataille, désireux de placer le surréalisme sous l’égide d’un Minotaure apprivoisé, avaient imaginé, avec l’éditeur Tériade, une revue portant le nom du monstre, dont Masson avait dessiné l’effigie. Trois ans plus tard, l’écrivain et le peintre se retrouvent en Espagne pour concevoir une nouvelle revue capable de donner naissance à une mythologie moderne : Acéphale . Pour elle, Masson a conçu une créature symbolique de ses intentions. Elle est sans tête pour dire son émancipation des règles de la raison. Elle a pour blason, dessiné sur son ventre, la forme d’un labyrinthe, le symbole d’une pensée de l’instinct, capable de transformer la violence et l’égarement en principe civilisateur. En rassemblant au sein de son image les symboles des quatre éléments, Masson fait du labyrinthe le creuset et le manifeste d’une création nouvelle. De ce tableau, réalisé à Lyons-la-Forêt, à son retour d’Espagne, Masson écrira à Kahnweiler qu’il « était la clé de toute la série de tableaux entrepris depuis le printemps 1938 ». Il a été préparé par une série de dessins dont un pastel, Le Secret du labyrinthe (1935) et L’Univers dionysiaque (1937), conservés au Musée.
Didier Ottinger
Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007