Dessin érotique
[1949]
Dessin érotique
[1949]
Ámbito | Dessin |
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Técnica | Encre de Chine, grattage et frottage sur papier contrecollé sur carton |
Medidas | 21 x 26,6 cm |
Adquisición | Achat, 1992 |
Inventario | AM 1992-115 |
Información detallada
Artista |
Jean Dubuffet
(1901, France - 1985, France) |
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Título principal | Dessin érotique |
Título atribuido | Conjugaison |
Fecha de creación | [1949] |
Ámbito | Dessin |
Técnica | Encre de Chine, grattage et frottage sur papier contrecollé sur carton |
Medidas | 21 x 26,6 cm |
Inscripciones | Non signé, non daté |
Adquisición | Achat, 1992 |
Sector de colección | Cabinet d'art graphique |
Inventario | AM 1992-115 |
Análisis
C’est au cœur de recherches regroupées par Dubuffet sous le titre Tables paysagées, Paysages du mental, Pierres philosophiques que naîtra la série des dessins Bums de Bowery, inspirée par les clochards new-yorkais présents à proximité de l’atelier de l’artiste lors de son séjour aux États-Unis, de novembre 1951 à avril 1952. La concomitance de ces deux groupes de travaux, relevant de préoccupations a priori éloignées les unes des autres, est à appréhender à la lumière de l’entreprise de généralisation dont Dubuffet approfondit et précise le concept au fil de ses nouvelles séries. Le Géologue, de décembre 1950, petit bonhomme à la loupe scrutant un paysage sommaire et inaugurant, selon Max Loreau, les Paysages du mental, va donner l’impulsion pour « faire le grand saut […] d’un espace perçu à un espace percevant ». Ou encore « ce que le personnage croit prospecter est ici une minuscule parcelle de l’ensemble uniforme auquel il appartient. […] Si bien que, regardant la terre, c’est sa propre substance même qu’il regarde. […] Le spectacle se déplace soudain : il se transforme en intériorité ; ce réseau d’humeurs, de courants et de crépitements devient mon être même. » Les lignes enchevêtrées, comme recelant la poussière, la saleté et les vapeurs d’alcool des Bums de Bowery, ne sont pas sans évoquer ce glissement réciproque de l’humus à l’humain. Ces grands corps habités par tout un grouillement que rend l’encre de Chine et ici l’aquarelle semblent offrir au regard leur processus de sédimentation, leur structure interne. On songe aux Corps de dames, initiés moins de deux années auparavant, et parcourus par d’autres réseaux vitaux – ainsi que par une dimension scandaleuse. Encore avant eux, en 1949, se manifestait déjà, de façon quasi symbolique, sous le couvert de jeux amoureux et le prétexte d’un texte en jargon à illustrer (Labonfam abeber par inbo nom), la perméabilité des êtres et les courants qui les unissent et les traversent. Cette généalogie du corps, auquel se substituent bientôt des surfaces (sols, tables…), trouve un prolongement singulier, en 1954, avec le motif des Vaches, que le peintre s’attache à décliner avec virtuosité et humour à l’occasion de séjours à la campagne. C’est à propos de cette série que Dubuffet précise sa position quant au dessin « sur le vif », qu’il bannit au nom de l’exercice visant à « restituer dans la figuration d’un objet tout le système complexe des impressions que nous en recevons dans les positions normales de la vie ordinaire, la manière dont il vient frapper notre affectivité et les formes qu’il prend dans notre mémoire ». Ainsi des Vaches, dont Dubuffet n’a pu s’empêcher de faire « une espèce de guignol saugrenu et de tous les éléments de la campagne – prairie, arbres et autres – une sorte de théâtre grotesque », leur conférant « par le moyen de cette irréalité même, une réalité plus intensément vivante ».
Sophie Duplaix
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008