Tête de femme
1918
Tête de femme
1918
Ámbito | Dessin | Papier collé |
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Técnica | Gouache, fusain, papier et carton ondulé découpés et collés sur papier |
Medidas | 61 x 43 cm |
Adquisición | Achat, 1965 |
Inventario | AM 3406 D |
Información detallada
Artista |
Henri Laurens
(1885, France - 1954, France) |
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Título principal | Tête de femme |
Fecha de creación | 1918 |
Ámbito | Dessin | Papier collé |
Técnica | Gouache, fusain, papier et carton ondulé découpés et collés sur papier |
Medidas | 61 x 43 cm |
Inscripciones | Signé et daté en bas à gauche : H. LAURENS. 18. |
Adquisición | Achat, 1965 |
Sector de colección | Cabinet d'art graphique |
Inventario | AM 3406 D |
Análisis
La plupart des papiers collés de Laurens, associant des matériaux de couleur et de texture différentes, tout comme les « Constructions » qui leur sont apparentées, peuvent se rattacher à des séries : Têtes, Bouteilles, Instruments de musique, Natures mortes ... Comme si chacune des études sur papier s’attachait à l’un des points de vue sur une possible sculpture, tous ces points de vue différents étant par la suite synthétisés dans un petit nombre de constructions. La couleur joue dès lors chez Laurens un rôle très particulier : elle fige la répartition de l’ombre et de la lumière, combat sa modification incessante. L’utilisation des découpes de papier coloré vise à prévoir, dans le détail, la forme et la dimension de l’ombre, et pour ainsi dire à la matérialiser. Il faut noter cependant que, si semblables que pourraient apparaître la découpe des aplats de papier et celle des plans de bois mince ou des morceaux de tôle constitutifs des constructions, la sculpture achevée n’est jamais la simple réalisation en trois dimensions d’un modèle de papier. Leur relation est celle de la transposition, le papier collé est d’abord un outil de travail, un dispositif d’exploration de l’espace parfaitement mesuré qui sera celui des constructions.
Bouteille et verre (1917) en offre un bon exemple, d’autant que la collection du Musée autorise sa confrontation avec la construction en bois et tôle peints correspondante (Bouteille et verre, 1917). Ressemblances et différences sautent aux yeux : un « vrai » morceau d’étiquette collée sur l’arrondi de la bouteille pour la construction, et seulement deux lettres allusives (un V et un N, presque interchangeables) pour le papier collé. La couleur est plus présente dans la construction : au bleu soutenu s’ajoute un vert. Surtout, les matériaux plus diversifiés (l’utilisation de tôle ondulée, par exemple) traduisent plus directement ce qui n’est indiqué sur papier que par des ombres dessinées (à la craie pour le verre cannelé). Mais, dans les deux cas, et dans toute la série des Bouteilles, qui comprend au moins dix papiers collés et six ou sept constructions, Laurens s’appuie sur une sorte de schéma, qu’il module ensuite : la dissociation (le dédoublement) de la forme cylindrique transparente de la bouteille, et de la forme également verticale, et le plus souvent sombre, qui indique la densité de sa présence dans l’espace. D’où des opérations de décomposition complexes, parfois difficilement lisibles. Progressivement, le thème des figures contamine en effet celui des bouteilles. Redressée, la bouteille acquiert une monumentalité de colonne, et devient quasiment anthropomorphique – dans Bouteille et verre, le goulot se perçoit aussi comme un œil.
Reprenant un thème favori des papiers collés de Braque en 1913-1914 – guitares, mandores, mandolines ou clarinettes posées avec des partitions sur des guéridons –, Laurens réalise en 1917-1918 une très belle série, comme en hommage à son ami. Cependant, les matériaux et la géométrie de ces collages sont différents de ceux de Braque. Sur un fond de carton beige ou gris, Laurens place des éléments nettement découpés, différenciés et superposés, avec quelques accents vigoureux de fusain ou de craie blanche, sans modulation des passages, donnant le sentiment d’une construction déjà solidifiée. Les ombres dessinées sont réduites au minimum : dans Mandore et clarinette (1918), Laurens n’indique les volumes que par des contrastes forts (et tout à fait abstraits) de noir et de blanc. Trois aplats blancs évoquent le manche et les cordes de la mandore, ainsi qu’une partie de la clarinette, tandis que sa caisse ronde apparaît en noir sur le fond de papier ocre et de carton gris. En dépit de sa taille modeste, ce papier collé est étonnamment monumental. Il ne se rapporte directement à aucune construction repérée – à l’exception de Mandoline (1918), connue seulement par une photographie, où jouent de même, transposées en tôle peinte, des découpes noires et blanches d’une précision presque hallucinatoire.
Cette même économie des moyens, cette même restriction des formes, cette même efficacité poétique sont à l’œuvre dans le papier collé Tête de femme. Dans ses derniers papiers collés de 1918, Laurens introduit le carton ondulé, dont il se sert en général pour figurer les cordes d’une guitare, mais ici, de façon plus surprenante, pour représenter la chevelure ramassée en chignon, le visage et le buste. À ces œuvres de plus en plus dépouillées et limpides (le dessin sans ombres est réduit à l’essentiel, quelques ronds seulement pour signifier l’œil, les perles, et un sein vu de face et de profil), le carton ondulé apporte un relief saisissant. Ce matériau qui porte en lui-même la succession de l’ombre et de la lumière annonce les bas-reliefs raffinés des années suivantes : à partir de 1919, Laurens va poursuivre avec la terre cuite son travail sur la recherche de formes simples, la subtilité des découpages et des superpositions de plans.
Isabelle Monod-Fontaine
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
Bibliografía
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Braque/Laurens un dialogue. Autour des collections du Centre Pompidou, Musée national d''art moderne et du Musée des beaux-arts de Lyon : Lyon, Musée des beaux-arts, 21 octobre 2005-30 janvier 2006. - Paris : Editions du Centre Pompidou, 2005 (sous la dir. d''Isabelle Monod-Fontaine et Sylvie Ramond, avec Marielle Tabart) (cit. p. 58, reprod. coul. p. 73) . N° isbn 2-84426-288-0
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Invention et transgression, le dessin au XXe siècle : Collection du Centre Pompidou, Musée national d''art moderne, Cabinet d''art graphique : Besançon, Musée des beaux-arts et d''archéologie, 27 avril-27 août 2007.- Paris : Editions du Centre Pompidou, 2007 (cit. p. 20 et reprod. coul. p. 27) . N° isbn 978-2-84426-326-1
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Collection Art graphique : [Catalogue de] La collection du Centre Pompidou, Musée national d''art moderne - Centre de création industrielle. - Paris : éd. Centre Pompidou, 2008 (sous la dir. d''Agnès de la Beaumelle) (cit. et reprod. coul. p. 102-103) . N° isbn 978-2-84426-371-1
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Le Cubisme : Paris, Centre Pompidou, 17 octobre 2018-25 février 2019 (sous la dir. de Brigitte Leal, Christian Briend et Ariane Coulondre) (reprod. coul. p. 135) . N° isbn 978-2-84426-826-6
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