Direzione (Direction)
1967 - 1968
Direzione
(Direction)
1967 - 1968
Le mouvement et la fragilité de nos corps dialoguent avec l'inertie et l'immuabilité de cette masse de granit.
Dès le milieu des années 1960, Giovanni Anselmo s'engage avec le groupe de I'Arte Povera et réalise des œuvres à partir de matériaux naturels comme la pierre, le bois, ou les matières végétales. S'appuyant sur les lois de la pesanteur ou de la gravité, il s'intéresse aux notions de tension, d'énergie et d'éternité. Ce bloc de granit triangulaire est incrusté d'une boussole qui indique le nord, vers lequel la pointe de la sculpture est également orientée. Anselmo interroge nos repères spatiaux et corporels face à la présence physique et au poids de cette pierre.
Ámbito | Sculpture |
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Técnica | Granit et boussole |
Medidas | 16 x 220 x 101 cm |
Adquisición | Achat, 1983 |
Inventario | AM 1983-485 |
Información detallada
Artista |
Giovanni Anselmo
(1934, Italie - 2023, Italie) |
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Título principal | Direzione (Direction) |
Fecha de creación | 1967 - 1968 |
Ámbito | Sculpture |
Descripción | Bloc de granit de forme triangulaire avec incrustation d'une boussole. La pointe de la pierre est tournée vers le nord de sorte que cette dernière dessine l’axe de symétrie du triangle. |
Técnica | Granit et boussole |
Medidas | 16 x 220 x 101 cm |
Adquisición | Achat, 1983 |
Sector de colección | Arts Plastiques - Contemporain |
Inventario | AM 1983-485 |
Análisis
Lorsque se tient en 1968, à la Galleria Sperone de Turin, sa première exposition personnelle, Giovanni Anselmo est déjà engagé aux côtés du critique Germano Celant sous la bannière de l’Arte povera, dans la revendication d’une création alternative à l’imagerie consumériste du pop art ou aux prothèses technologiques de l’op’art, tout en dénonçant le monopole minimaliste américain et ses réponses à la crise de l’œuvre d’art. Dans le manifeste de l’exposition fondatrice du mouvement, « Arte Povera e im spazio », à la Galleria La Bertesca de Gênes (1967), Celant formule les intentions d’une attitude qui entend se transcrire dans les formes : « La complication visuelle non directement liée à l’essence de l’objet est rejetée. […] Le caractère empirique et non-spéculatif de la recherche est exalté, ainsi que les faits réels, la présence physique d’un objet, le comportement d’un sujet. » L’œuvre d’Anselmo concrétise pleinement ce programme par la sobre économie de ses propositions, aux antipodes de toute récupération culturelle, où confluent des énergies contingentes à la matière, à sa forme et à sa situation. Direzione est à ce titre exemplaire du processus de révélation des « forces en action » cher à l’artiste piémontais. La direction de l’axe invisible indiquée par la boussole enchâssée dans le bloc de granit détermine la position de ce dernier : la pointe du triangle de pierre posé à même le sol doit également indiquer le nord. L’œuvre sublime ainsi l’inertie apparente de la masse soumise aux forces telluriques et s’inscrit dans une géographie cosmique où le visiteur est invité à se situer. Seuil d’une expérience primordiale, Direzione constitue l’une des expressions les plus monumentales d’un « art pauvre » envisagé comme une réduction essentielle à la matière.
Nathalie Leleu
Source :
Extrait du catalogue Collection art contemporain - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Sophie Duplaix, Paris, Centre Pompidou, 2007