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La Colonne sans fin

1918-1938

Constantin Brancusi

 

La verticalité est la dimension première de l’œuvre de Brancusi. C’est une dimension spirituelle qui ne définit pas une mesure mais une direction, un élan vers le ciel. L’élan vertical de ses sculptures vient du centre de la Terre et le socle symbolise le prolongement de cette énergie contenue au sein de la matière. 

La Colonne sans fin, constituée de rhomboïdes superposés, pourrait n’être qu’un socle que l’énergie de la Terre propulse vers un espace infini. 


La Colonne sans fin fait écho aux origines rurales de Brancusi qui transforme un motif des habitations paysannes de son village natal. Ce motif est lié au thème mythologique de l’axis mundi, un axe qui soutient la voûte céleste et assure une liaison avec la Terre. Comme le précise Mircea Eliade : « l’axis mundi connaît de nombreuses variantes : la colonne irminsul des anciens Germains, les piliers cosmiques des populations nord asiatiques, la montagne centrale, l’arbre cosmique… » 

 

La première Colonne sans fin (1918) s’est développée progressivement dans l’atelier. Au départ, le rhombe apparaît surtout comme un socle ; c’est un élément simple issu de l’art populaire roumain que Brancusi modifie dans sa forme et son rôle au sein de l’atelier. La Colonne sans fin, selon l’artiste, « est un projet de colonnes qui, agrandies, soutiendront l’arche du firmament ». 

 

De fait, Brancusi exprime le désir de travailler de manière plus monumentale, à l’extérieur de l’atelier. En 1926, il taille dans un peuplier du jardin de son ami Edward Steichen à Voulangis, près de Paris, une colonne de plus de sept mètres de haut. Sans doute en relation avec un projet de colonne pour Bucarest, il façonne la grande Colonne sans fin en plâtre qui, par ses proportions, s’inscrit dans un espace monumental. À la fin des années trente, il réalise une colonne de près de trente mètres de haut pour le Monument aux morts de Târgu Jiu, en Roumanie.