Saison La Présence
2022-2023
Le thème
La Présence

Série de 6 tableaux réalisés pour l'accrochage du Musée national d'art moderne, Centre Pompidou
© Adagp, Paris. Photo : Centre Pompidou, Mnam-Cci/Philippe Migeat/Dist. Rmn-Gp
Si le musée a pour rôle de conserver la mémoire de la création artistique d’une époque donnée ou dans un champ donné, il a également et peut-être même surtout pour fonction de mettre le public en présence des œuvres qu’il conserve. C’est cette seconde mission des musées qui été remise en question lors de leur fermeture au plus fort de la crise sanitaire. Cette période a permis de vérifier que, malgré l’ingéniosité et les remarquables performances des télé-dispositifs, rien ne remplace le contact direct avec les œuvres. Aussi est-ce à tirer parti de cette mise en présence des œuvres et du public et à jouer des possibilités de sa réinvention que cette nouvelle saison d’Accélérations voudrait se consacrer.
Si l’un des objectifs de ce programme est d’enrichir la collection du Centre Pompidou, ces nouvelles acquisitions se feront au terme d’un processus qui aura d’abord mis une entreprise partenaire du programme et ses équipes en présence d’un ou une artiste au gré d’une résidence. Comme aucun, aucune des artistes concerné(e)s n’est encore présent dans la collection du Centre Pompidou, c’est donc la perspective de nouvelles présences qui se dessinent grâce à Accélérations.
Or, cette expérience de la mise en présence rencontre de plusieurs manières les mutations et les défis aujourd’hui affrontés par les entreprises. Quel sens retrouver à la présence commune, après de longs mois où le télétravail a dispersé les équipes, renvoyant les collaborateurs à l’intimité de leurs logis et souvent à la solitude d’une activité privée des multiples échanges que permet le simple fait d’être ensemble, « sur place » ? Quelle relation inventer entre présentiel et distanciel, dans l’exercice de métiers désormais distribués entre ces deux espaces, et où l’idée même de « lieu de travail » est profondément bouleversée ? Comment cultiver l’attention – c’est-à-dire la présence au monde – dans une vie active aux prises avec le multitasking et constamment traversée de sollicitations multiples ?
Parce que chaque œuvre d’art procède d’un désir de présence, installant une certaine façon d’être là, déployant autour d’elle un espace commun avec le public, la sélection proposée viendra faire écho à ces interrogations contemporaines, en témoignant des multiples façons dont les œuvres présentées dans un musée savent augmenter leur coefficient de présence.
Comme aucun, aucune des artistes concerné(e)s n’est encore présent(e) dans la collection du Centre Pompidou, c’est donc la perspective de nouvelles présences qui se dessinent grâce à Accélérations.
Michel Gauthier, conservateur en charge de la collection contemporaine, commissaire de la saison
Mathieu Potte-Bonneville, directeur du Département culture et création du Centre Pompidou
Les entreprises
L'événement inaugural
Live Magazine du Centre Pompidou Accélérations
Déclinaisons et dialogues autour de « la présence »
La nouvelle saison du Fonds de dotation Centre Pompidou Accélérations a démarré officiellement de manière festive mercredi 9 novembre 2022 avec un « Live Magazine Accélérations ». Une soirée qui a rassemblé plus de 350 personnes dans la grande salle du Centre Pompidou.
Pendant près de deux heures, entrepreneurs, artistes et journalistes se sont succédés sur scène pour une revue vivante et captivante autour du thème de « la présence », fil rouge de l’édition 2022-2023 du Fonds de dotation Accélérations.
Une soirée unique, en deux temps rassemblés dans une même dynamique, et rythmée par un groupe de 3 musiciens fusionnant en direct jazz, funk et soul.
Temps 1 :
6 histoires insolites, touchantes et surprenantes autour de la présence, en mots, en sons et en images.
Avec la participation d’artistes et intellectuels, parmi lesquels Léna Mauger, Jan Banning, Adrianna Wallis, Barbara Iweins, Élodie Emery et Valérie Cordy.
Temps 2 :
4 dialogues animés et pertinents entre mécènes et artistes pour interroger la présence à l’aune :
- du post Covid et des mutations du monde du travail avec Matthias Leridon, président du Fonds de dotation Centre Pompidou Accélérations et président de Tilder et la journaliste Élodie Emery
- de notre société de consommation, de la matérialité des objets, des œuvres d’art avec Pierre de Pellegars, directeur Gestion de fortune de BNP Paribas et la photographe Barbara Iweins
- de notre capacité d’attention, de concentration, avec Dominique Mockly, président de Teréga Accélérateur d’Énergies et la plasticienne Adrianna Wallis
- de nos engagements collectifs et individuels avec Jean-Paul Julia, directeur général de la Banque Populaire Bourgogne Franche-Comté et la journaliste Léna Mauger.
En présence de Michel Gauthier, conservateur en charge de la collection contemporaine, et commissaire de la saison 2022-23.
Et des 4 artistes sélectionnés pour réaliser une œuvre dans le cadre d’une résidence au sein d’une des entreprises mécènes : Armand Jalut, Isabelle Le Minh, Chloé Quenum et Stéphanie Saadé.
Extraits de l'événement inaugural :
Les résidences d'artistes en entreprises
Un vivre ensemble créatif
Chaque saison du Fonds de dotation est placée sous le commissariat d’un conservateur du Musée national d’art moderne (Mnam). C’est à lui que revient la tâche d’identifier, avec ses collègues, les artistes susceptibles de participer à ce programme de résidences en entreprises.
Ces artistes sont ensuite présentés aux entreprises membres du Fonds de dotation. Les binômes artiste-entreprise se forment ainsi tout naturellement après une première rencontre, afin de s’assurer de leur envie réciproque de vivre ensemble cette aventure de plusieurs mois. Le conservateur commissaire accompagne également les artistes tout au long de leur résidence, pour répondre à leurs éventuels questionnements sur les œuvres qu'ils sont en train de réaliser.
C’est aussi lui qui pilotera l’entrée des œuvres produites au sein de la collection du Mnam, leur présentation au Centre Pompidou à la fin de la saison, ainsi que la coordination de l’ouvrage publié à cette occasion.
Le commissaire de la saison 2022-2023 est Michel Gauthier
Michel Gauthier est conservateur au Mnam depuis 2010 et a enseigné l’histoire de l’art à l’Université de Paris-Sorbonne de 2007 à 2019.
Au Centre Pompidou, il a notamment été le commissaire des expositions « Bertrand Lavier, depuis 1969 », « Sheila Hicks. Lignes de vie », « Vasarely. Le partage des formes », « Martin Barré », « Farid Belkahia. Pour une autre modernité » ou « La Dation François Morellet ».
Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages, parmi lesquels des recueils d’études (L’Anarchème, Les Promesses du zéro et Le Temps des intermèdes), des monographies (sur Mohamed Melehi, Gerhard Richter, Gerwald Rockenschaub, Claude Rutault ou Didier Vermeiren), ainsi que des essais (Olivier Cadiot, le facteur vitesse ou Saâdane Afif, Saturne et les remakes).
Les artistes sélectionnés pour la saison « Présence » sont :
Armand Jalut
en résidence chez Tilder
La peinture d'Armand Jalut convoque une iconographie cultivant l'ambiguïté et les paradoxes. Il extrait de ses collections d'images certains fragments, les soumet à des déplacements, des jeux combinatoires concevant un dispositif pictural ambivalent. Devenant artefacts, ces objets hyper-figurés s'enrichissent d'un potentiel narratif et affectif. Son travail rend compte de cette manière d’observer l'anodin, l’obsolète, manipulant et recontextualisant le sujet à travers le prisme déformant de la peinture, élaborant une projection fantasmée de l'accessoire.
Armand Jalut est né en 1976 à Paris ; il vit et travaille à Paris.
Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions, notamment au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, au Centre d’art contemporain La Halle des bouchers à Vienne, au Pern Museum of Contemporary Art en Russie, au Musée des Abattoirs-FRAC Occitanie de Toulouse. Il a participé au programme de résidence Paris/Los Angeles F.L.A.R.E. Il enseigne à l’École supérieure d’art de Clermont Métropole.
Isabelle Le Minh
en résidence chez Banque Populaire Bourgogne Franche-Comté
Isabelle Le Minh explore l’essence et les limites de la photographie, en réactive l’histoire, les techniques et les théories. À travers une œuvre protéiforme et polysémique, elle questionne la nature du médium, mais aussi la notion d’originalité dans un mode dominé par l’image. Ayant recours à la citation ou au détournement, ses œuvres jouent avec les mots, les signes et les codes culturels, dans une veine conceptuelle et sensuelle. Hommages et références aux artistes et théoriciens de l’art, aux procédés chimiques, au matériel de prise de vue et aux nouveaux supports technologiques sont autant de jalons qui rythment cette exploration photographique.
Isabelle Le Minh est née en 1965 à Shötmar (Allemagne) ; elle vit et travaille à Nogent-sur-Marne.
Après une formation scientifique, Isabelle Le Minh délaisse une carrière d’ingénieur brevets à Berlin pour s’orienter vers la photographie. Elle est diplômée de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles en 1996 et est professeure de photographie à la Haute école des arts du Rhin à Strasbourg.
Chloé Quenum
en résidence chez Teréga, Accélérateur d’énergies
Chloé Quenum travaille à partir d’éléments graphiques, linguistiques ou mobiliers provenant de cultures variées, qu’elle extrait de leur contexte et schématise. Elle interroge l’effet que le changement de contexte induit sur leur compréhension et par conséquent leu capacité à générer de nouvelles histoires.
Elle invite à écrire de nouveaux récits mais toujours sur le mode d’un langage crypté. Ainsi elle engage l’imaginaire à se projeter sur ces formes nouvelles, encore chargées de la mémoire de leur signification originelle. Cette notion de déplacement se retrouve dans ses installations qui convient à la déambulation et à la flânerie.
Chloé Quenum est née en 1983 à Paris ; elle vit et travaille à Paris.
Chloé Quenum obtient son diplôme de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris en 2011, puis étudie l’anthropologie de l’écriture à l’École des hautes études en sciences sociales. Ses œuvres ont fait l’objet de nombreuses expositions et elle a participé à différentes résidences comme celle de la Fondation d’entreprise Hermès (2020), du CCA Lagos avec la Fondation Kadist (2019), ou encore de la Te Whare Hera-Wellington International Artist Residency en Nouvelle-Zélande.
Stéphanie Saadé
en résidence chez BNP Paribas Banque Privée
« Le travail de Stéphanie Saadé développe un langage de la suggestion, jouant sur le poétique et la métaphore. Elle nous livre des indices, des signes, des pistes sans images et parfois muettes, qui se répondent les uns les autres comme les mots d’une seule phrase. À nous, spectateurs, de les décrypter, tel un archéologue face à des traces, des fossiles, des fragments. L’énigme se situe souvent du côté de l’histoire personnelle de l’artiste. » (Caroline Cros, historienne de l’art et commissaire d’exposition, 2017).
Stéphanie Saadé est née à Beyrouth en 1983 ; elle vit et travaille à Paris.
Stéphanie Saadé est diplômée de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris (2010), elle suit ensuite un programme de troisième cycle à la China Academy of Arts de Hangzhou. Elle était artiste en résidence à la Cité internationale des arts de Paris (2015) et à la Jan van Eyck Academie de Maastricht (2014). Stéphanie Saadé a reçu le 3Package Deal, une bourse d’un an liée à 4 institutions et musées majeurs de la ville d'Amsterdam (2018-2019).