Exhibition
Jean-Luc Vilmouth
9 Oct 1991 - 5 Jan 1992

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L’œuvre de Jean-Luc Vilmouth a longtemps été associée à la Nouvelle sculpture anglaise, à la fin des années soixante-dix et au début des années quatre-vingt. Il ne s’agissait pas à proprement parler d’un mouvement, mais plutôt d’un rapprochement effectué par la critique entre des artistes qui élaboraient leurs œuvres à partir d’objets du quotidien. Vilmouth souligne vouloir proposer un complément à l’objet plutôt que de le transformer. Cela le conduit à se qualifier d’« augmentateur » : « Ce qui m’intéresse dans ce concept ce n’est pas de chercher une nouvelle arithmétique des objets (bricolage surréaliste) mais de provoquer à partir de l’objet une augmentation : le même et un autre en même temps. » Véritable auteur, il confère une portée à l’objet, et il lui ajoute un écho. Car c’est le contact avec la réalité qui intéresse Jean-Luc Vilmouth, avouant s’intéresser avant tout à l’invention humaine, et donc aux relations que l’objet entretient avec le monde. Loin des préoccupations formalistes, il choisit les objets pour, dit-il, leur potentiel, leur mémoire.
Cette exposition est consacrée à l'artiste français Jean-Luc Vilmouth.
A une époque où la prolifération de l’article industriel semble constituer simultanément le moyen et l’aboutissement de monde contemporain […], la frontière entre l’œuvre d’art et l’objet est visiblement bafouée et le regard a parfois quelque mal à repérer le contour du territoire auquel il est confronté, quand il ne s’agit pas d’une volonté délibérée de l’artiste. […] Ainsi procède Jean-Luc Vilmouth : l’usage qu’il fait de l’objet l’arrache de toute fonctionnalité. Que ce soit par une opération de recouvrement, de démultiplication ou d’enfouissement, l’objet n’est pas pris pour ce qu’il est dans le monde mais pour ce qu’il peut provoquer comme effet poétique ou ludique.
Dès ses premiers travaux il s’est attaché, peut-être de façon inconsciente, à construire un vocabulaire de base qu’il n’a cessé depuis d’enrichir. Une réflexion sur les constituants de la sculpture fonde ce vocabulaire formel : qu’est-ce que retirer de la matière, que veut dire en ajouter, que signifie déplacer un objet d’un volume à une surface ? Plutôt que de travailler sur une matière abstraite, il choisit de s’appuyer sur le matériel qui se trouve à portée de main. […]
Depuis une dizaine d’années il a multiplié ses champs d’investigation, et aujourd’hui ses objets métamorphosés entretiennent plus de rapport de différence que d’identité avec les objets surréalistes et a fortiori avec la sculpture traditionnelle. Ses objets par leur déterritorialisation, acquièrent une nouvelle identité. Ils deviennent le lieu où se rencontrent de nouvelles forces […]. Parfois, au contraire, l’objet résonne de sa propre force.
Dans ce nouvel ordonnancement d’un monde poétique où l’imaginaire se substitue à la fonctionnalité, Jean-Luc Vilmouth ne cesse de déjouer à la fois l’art et le réel. En vrillant les catégories formelles et les taxinomies opératoires, et en réinjectant dans le réel des objets transformés par un glissement sensible, il se révèle comme un manipulateur non seulement des signes du quotidien mais aussi de l’espace social. Son œuvre tient sans doute par cette faculté rare de susciter, encore, l’énigme.
D’après Paul-Hervé Parsy, Le Magazine, n°65, 15 septembre-15 novembre 1991
Where
Galeries contemporaines
When
9 Oct 1991 - 5 Jan 1992