Sans titre
1984

Sans titre
1984
Domain | Dessin |
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Techniques | Aquarelle et mine graphite sur papier vergé |
Dimensions | 31,5 x 24 cm |
Acquisition | Achat, 1984 |
Inventory no. | AM 1984-815 (14) |
Is part of the set |
Die Burg Suite (Dissociable set of artworks) |
Detailed description
Artist |
Thomas Schütte
(1954, République fédérale d'Allemagne) | |
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Main title | Sans titre | |
Series title | Die Burg (La forteresse) | |
Creation date | 1984 | |
Is part of the set | Die Burg Suite (Dissociable set of artworks) Suite de 15 dessins 1984 31,5 x 24 cm | |
Domain | Dessin | |
Techniques | Aquarelle et mine graphite sur papier vergé | |
Dimensions | 31,5 x 24 cm | |
Inscriptions | Titré, signé et daté en bas au milieu, au tampon : - DIE BURG - Thomas Schütte 1984 | |
Acquisition | Achat, 1984 | |
Collection area | Cabinet d'art graphique | |
Inventory no. | AM 1984-815 (14) |
Analysis
Formé à la Staatliche Kunstakademie de Düsseldorf dans les années 1970, notamment auprès de Gerhard Richter, Thomas Schütte développe un travail pluridisciplinaire (installations, sculptures, photographies) où le dessin, qui occupe une place importante, a valeur intimiste. Investissant son œuvre d’une réflexion sur la place de l’Homme dans une Allemagne reconstruite, Schütte donne une vision déshumanisée, mélancolique, grotesque, inquiétante, où l’architecture tient souvent un rôle dominant, symbolique des désastres de l’histoire. Ainsi la série Die Burg , constituée de quinze dessins, décrit sous la forme d’un story-board ce que découvre un promeneur à travers son cheminement erratique dans une forteresse qui, au premier regard, a l’allure improbable d’un château de sable. L’aspect onirique des images contraste avec l’austérité des lieux, tous vides, commandés par une composition ou une symétrie rigoureuse, et dont l’étrangeté oppressante est renforcée par le choix des cadrages : seuls sont représentés des murs, des couloirs, des fenêtres occultées, des portes, des meubles et des pièces vacantes. L’espace évoque celui d’un bunker, fermé et angoissant malgré la fraîcheur colorée de chaque vision aquarellée, dont l’aspect rappelle les illustrations d’un conte pour enfants. Le tondo ovale qui marque l’entrée obéit ironiquement à la tradition iconographique la plus familière. Si la présence humaine est bannie, seules demeurent quelques traces d’un passage récent : feu de cheminée, lit fait, drapeau flottant au vent… Une énigme sournoise se fait jour, laissant le spectateur hésiter entre le charme d’un récit fantastique et l’angoisse d’une tragédie. Fiction ou témoignage ? Temps passé ou présent ? L’annotation mécanique tamponnée en bas de chaque dessin (« – Die Burg – Thomas Schütte 1984 ») assigne en réalité à chaque feuille une valeur documentaire – universelle – plus que romanesque : le Burg du conte romantique de la tradition allemande se transforme en lieu sans nom et sans attache, vestige d’un désastre historique.
L’utilisation de l’aquarelle, technique immédiate, légère par excellence et intimiste, ajoute à la morbidité secrète du propos : par ce médium que l’artiste emploie volontiers pour des sortes de journaux, c’est l’« insoutenable légèreté de l’être » qui se manifeste plutôt que la monstruosité d’une humanité hybride – géante ou lilliputienne – dénoncée dans les œuvres spectaculaires de Schütte.
Macha Daniel
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
Bibliography
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