Tête rouge
[1915]
Tête rouge
[1915]
Domain | Peinture |
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Techniques | Huile sur carton |
Dimensions | 54 x 42,5 cm |
Acquisition | Achat, 1964 |
Inventory no. | AM 4286 P |
Detailed description
Artist |
Amedeo Modigliani
(1884, Italie - 1920, France) |
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Main title | Tête rouge |
Creation date | [1915] |
Domain | Peinture |
Techniques | Huile sur carton |
Dimensions | 54 x 42,5 cm |
Inscriptions | S.B.G. : modigliani |
Acquisition | Achat, 1964 |
Collection area | Arts Plastiques - Moderne |
Inventory no. | AM 4286 P |
Analysis
Tête rouge (cat. rais. 1, n o 50, sous le titre Tête de jeune femme rousse ), acquise lors de la vente de la collection André Lefèvre en 1964 (cat. vente n o 210), appartient à un ensemble de figures comparables peintes par Modigliani en 1915. Sa technique cézannienne d’esquisse la rapproche du célèbre Portrait de Pablo Picasso (1915, cat. rais. 1, n o 85) et du Portrait d’Henri Laurens (1915, Lucerne, coll. Rosengart). La violence de sa couleur sanguine, dans la lignée du chromatisme fauve de Matisse et de Derain ou de la coloration océanienne des Demoiselles d’Avignon (1907) de Picasso, sa morphologie typiquement primitiviste, plus ou moins inspirée des masques Fang du Gabon (ovale fin du visage, dissymétrie, nez en quart de brie, yeux bouchés, bouche minuscule) déréalisent la tête. Elles la métamorphosent même en masque, doté de la présence énigmatique et magique conférée aux masques tribaux. Ainsi projetée hors de l’obscurité par son pigment sanguinolent de tête coupée, Tête rouge resplendit comme une apparition, celle d’une des ultimes icônes du cubisme.
Brigitte Leal
Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007
Analysis
Les contemporains de Modigliani, comme Cendrars ou Vlaminck, ont répandu la légende du bohème dissipé dessinant sans relâche dans les cafés de Montparnasse avant de disperser ses feuilles au hasard, « ses mains intelligentes traçant d’un seul trait, sans hésitation, un dessin qu’il distribuait comme une récompense aux camarades qui l’entouraient » (Vlaminck, Portraits avant décès, 1943). Pourtant son corpus de dessins, qui forme un vaste répertoire d’expérimentations formelles, ainsi que sa recherche de « plénitude » à travers une « forme définitive », exprimée dans une lettre du 23 avril 1913 au Dr Paul Alexandre, témoignent de l’ambition et de l’importance de l’œuvre dessiné. Les dessins répertoriés entre 1905 et 1919, encore quelquefois rassemblés dans des carnets, sont de trois ordres. En 1906-1907, lors de sa première année de séjour à Paris, Modigliani s’exerce en multipliant les académies d’après le modèle vivant. Puis, en 1908, son dessin prend un tour plus impressionniste, avec des choses vues, happées dans la rue, au cirque, au cabaret. Vers 1910, alors qu’il codifie définitivement son style, le dessin devient dépendant de la peinture et de la sculpture, prépare les grands nus couchés ou les portraits de son cercle d’amis, collectionneurs, modèles ou artistes, ainsi que les têtes et les cariatides en grès et en marbre.
S’il est possible de considérer comme authentiques une bonne vingtaine de sculptures, le nombre et l’importance des dessins « relatifs à ses travaux de sculptures » (selon la prudente terminologie adoptée par Ceroni) sont mieux connus depuis la publication en 1994 du fonds du Dr Alexandre – le premier et le principal collectionneur de Modigliani, avec Roger Dutilleul –, fonds qui recèle encore, malgré sa dispersion, quelque 376 numéros, parfois datés, des années 1912 à 1914. Les dessins de têtes, tracés sur papier blanc ou quadrillé, sont des schémas en gros plan, de face ou du profil gauche, comme la Tête de profil du Musée (Parisot 1/13), donné par Modigliani à Arp sans doute en 1914, ou les deux Tête de profil, également au crayon bleu, du musée d’Art moderne Lille Métropole (donation Geneviève et Jean Masurel). Malgré de légères différences de détail, qui permettent de les rattacher aux différentes sculptures, ils sont imprégnés d’une même stylisation, fondée sur des modèles africains ou khmers et sur une géométrisation cubiste des formes, réduites à leurs lignes de contour tracées à main levée : ovale du visage, redoublé par l’amande vide ou noircie des yeux, triangle du nez, cylindre du cou, dont la pureté archaïsante est rehaussée par la luminosité des volumes vides, équivalente à celle des pierres taillées.
Le motif de la Cariatide apparaît dans une sanguine en 1908, puis est déclinée entre 1911 et 1915 en de nombreuses variations au crayon, à la tempera, ou aquarellées de couleurs vives, réparties entre collections privées et publiques (MOMA, Baltimore, Philadelphia, MAMVP, etc.) et dans une huile sur toile de 1911-1912 (Düsseldorf, KNW). Les premiers dessins de cariatides sont des nus debout longilignes et raides, empreints de la prégnance de l’art grec archaïque, qui seront matérialisés dans la pierre par la statue pilier du Nu en pied (1912-1913, Canberra, Australian National Gallery). Le carton du Musée (Parisot, 7/13) appartient à l’ensemble des huiles ou des gouaches très colorées, aux inflexions orientales, khmers ou indiennes (qui évoquent les aquarelles d’inspiration cambodgienne de Rodin présentées chez Bernheim en 1907), aux lignes fluides et décoratives harmonieusement enroulées autour de l’orbe finement ciselé du visage. L’épais cerne noir qui sert d’écrin au nu rose accentue son caractère de bloc ramassé sur lui-même et rehausse l’éclat raffiné des carnations. Si une seule autre sculpture de cariatide est connue – la pierre aux volumes puissants de la Cariatide agenouillée de 1912-1913 (New York, MOMA) –, les spécialistes rattachent les dessins à un projet de Modigliani, non abouti, de « temple de la volupté », peut-être inspiré par la lecture des Chants de Maldoror de Lautréamont, dont il avait envoyé un exemplaire au Dr Alexandre.
Acquise lors de la vente de la collection André Lefèvre en 1964, Tête rouge (Ceroni, 1950) peut être rapprochée, par son caractère d’esquisse et son chromatisme intense, d’une série d’huiles sur carton contemporaines, comme le Portrait de Pablo Picasso (coll. part.) et le Portrait d’Henri Laurens (Lucerne, musée Rosengart). Le fa presto de la touche, l’incandescence de la couleur, qui renforce la force iconique de cette apparition, la sauvent de la dépersonnalisation, liée à une stylisation mécanique du primitivisme et du cubisme qui pèse sur les portraits de Modigliani.
Sans rompre entièrement avec ce refus de saisir l’individualité du modèle, les portraits dessinés des deux dernières années de création de l’artiste, marquées par sa rencontre avec Jeanne Hébuterne et le séjour niçois, évoluent vers une nouvelle forme de maniérisme, comparable au tournant siennois ou gothique de Derain. Les nombreux portraits peints ou dessinés de Lunia Czechowska restituent la grâce et l’élégance du modèle, une jeune Polonaise proche de Léopold Zborowski, le marchand de Modigliani. Ce dessin (Parisot, III, 63/19), qui provient de la collection de Roger Dutilleul (lequel possédait aussi le détail en gros plan de la tête), est une étude pour le portrait peint de la collection Herz, de New York. L’inscription du corps dans l’espace par une ligne souple et légère, délicatement ombrée mais outrée jusqu’à la déformation, pousse le modèle ingresque, qui est alors également déterminant pour Picasso, vers une sorte de maniérisme excentrique : Modigliani se tourne vers le Parmesan et vers Pontormo, dont les résonances donnent tout son charme et sa douceur à cette figure de mélancolie.
Brigitte Leal
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
Bibliography
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Modigliani y su tiempo, Madrid, Museo Thyssen-Bornemisza, 2008.- Madrid, Museo Thyssen-Bornemisza/Fundacion Caja, 2008 (cat. n° 54 reprod. coul. p. 99) . N° isbn 978-84-96233-55-3
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Collection Art graphique : [Catalogue de] La collection du Centre Pompidou, Musée national d''art moderne - Centre de création industrielle. - Paris : éd. Centre Pompidou, 2008 (sous la dir. d''Agnès de la Beaumelle) (cit. et reprod. coul. p. 80-81) . N° isbn 978-2-84426-371-1
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Amedeo Modigliani : Saint-Tropez, L''Annonciade, musée de Saint-Tropez, 3 juillet-18 octobre 2010 (sous la dir. de Jean-Paul Monery) (cit. p. 14 et reprod. coul. p. 33)
Retratos : obras maestras, Centre Pompidou : Madrid, Fundacion Mafpre, Sala des exposiciones recoletos, 26 septembre 2012-6 janvier 2013 (sous la dir. de Jean-Michel Bouhours) (fig. 6 reprod. coul. p. 18 (oeuvre non exposée)) . N° isbn 978-84-9844-403-2
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Modigliani et l''Ecole de Paris : en collaboration avec le Centre Pompidou et les collections suisses : Martigny, Fondation Pierre Gianadda, 21 juin-24 novembre 2013 (sous la dir. de Catherine Grenier) (cat. n° 7 cit. p. 38 et reprod. coul. p. 39) . N° isbn 978-2-88443-146-0
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Amedeo Modigliani et ses amis, Paris 1906-1920 : Pise, Palazzo Blu, 3 octobre 2014-15 février 2015. - Genève/Milan : éd. Skira, 2014 (sous la dir. de Jean-Michel Bouhours) (cat. n° 53 cit. p. 158 et reprod. coul. p. 159)
Modigliani e la bohème di Parigi : Turin, Galleria Civica d''Arte Moderna e Contemporanea, 14 mars-19 juillet 2015. - Milan : Skira, 2015 (sous la dir. de Jean-Michel Bouhours) (cat. n° 72 cit. p. 202 et reprod. coul. p. 203)
Amedeo Modigliani, l''oeil intérieur : Villeneuve d''Ascq, LaM, 27 février-5 juin 2016. - Paris : Gallimard, 2016 (cat. n° 58 reprod. coul. p. 87) . N° isbn 978-2-07-017867-4
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Modigliani : Budapest, Hungarian National Gallery, 29 juin-2 octobre 2016. - Budapest : Magyar Nemzeti Galéria, 2016 (sous la dir. de Kovacs Anna Zsofia et Jeanne-Bathilde Lacourt) (cat. n° 35 cit. p. 117 et reprod. coul. p. 94) . N° isbn 978-615-5304-61-3
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Amadeo Modigliani : Helsinki, Ateneum, Kansallisgalleria, 28 octobre 2016-5 février 2017. - Helsinki : Ateneum, Kansallisgalleria, 2016 (sous la dir. de Anna-Maria von Bonsdorff et Timo Huusko) (reprod. coul. p. 63) . N° isbn 978-952-7067-37-6
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