Epouvantail
29 janvier 1962
Epouvantail
29 janvier 1962
Domain | Dessin |
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Techniques | Encre de Chine sur papier |
Dimensions | 100 x 70 cm |
Acquisition | Achat, 1985 |
Inventory no. | AM 1985-466 |
Detailed description
Artist |
Vladimir Velickovic
(1935, Yougoslavie (avant 1991) - 2019, Croatie) |
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Main title | Epouvantail |
Creation date | 29 janvier 1962 |
Domain | Dessin |
Techniques | Encre de Chine sur papier |
Dimensions | 100 x 70 cm |
Inscriptions | Daté à gauche au milieu à l'encre de Chine : 29.1.1962 Non signé |
Acquisition | Achat, 1985 |
Collection area | Cabinet d'art graphique |
Inventory no. | AM 1985-466 |
Analysis
Cela s’appelle Épouvantail mais c’est une crucifixion, ou, plutôt, c’est un épouvantail hanté par le spectre de la crucifixion. L’œuvre est datée 1962 mais elle fait figure, comme les sept autres grandes encres de la collection, qui vont jusqu’aux années 1980, d’emblème du travail de Veličković. Par la technique employée – le trait d’encre acéré, lancé avec fulgurance – comme par l’obsession qui la traverse, qui est volonté d’exorcisme de situations humaines limites. Cet artiste, qui dit tenter avant tout de « laisser une cicatrice » dans la mémoire du spectateur, est un homme habité par l’horreur de la guerre. Celle dont il fut le témoin, enfant, dans un pays assailli par la barbarie nazie. Pas étonnant, dès lors, que Veličković manifeste – et ceci même au sein de son œuvre peint – une prédilection pour le dessin. Qui mieux que le trait peut, à la manière d’un scalpel, dire le corps souffrant ? Et quelle image plus que la crucifixion nous apprend que c’est l’humanité tout entière qui, au travers de l’expérience d’un homme, souffre ? L’épouvantail, c’est la version dérisoire du crucifié, sorte de Christ aux outrages réduit à faire peur aux moineaux. Qu’il dessine l’humain ou l’animal, le rat ou l’homme en mouvement, Veličković cherche à figurer l’humanité traquée. Même l’homme qui court, cette image empruntée aux photos de Muybridge, qu’il retravaille depuis bientôt vingt ans, n’est qu’un autre versant de cet être traqué que fige l’épouvantail. Nulle cruauté, néanmoins, dans ce travail, nul plaisir sadique de fouiller muscles et viscères à la pointe du crayon, mais une lucidité douloureuse. Celle de l’homme qui affronte la blessure en face. « J’ai toujours peint ce que l’homme est capable de faire à l’homme ».
Pierre Wat
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
By the same artist
Bibliography
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Velickovic : les versants du silence : Toulouse, Les Abattoirs, 17 novembre 2011- 29 janvier 2012.- Montreuil-sous-bois : Lienart éditions, 2011 (reprod. p. 62) . N° isbn 978-2-35906-074-4
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Velickovic : Le grand style et le tragique : Landerneau, Aux Capucins, 15 décembre 2019 - 26 avril 2020. - Landerneau : Fonds Hélène & Edouard Leclerc pour la Culture, 2019 (reprod. coul. p. 58) . N° isbn 979-10-96209-07-1
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