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Avec Justine Decarsin, le président c'est bébé !

Designeuse textile et artiste, Justine Decarsin a conçu un atelier poétique et coloré pour les tout petits, ainsi que le graphisme vitaminé du visuel de la Mini Party des 24 et 25 février prochains. Rencontre avec une artiste pour qui l'éveil et l'éducation sont tout.

± 4 min

Justine Decarsin est designeuse textile pour la haute couture, elle est aussi artiste. Ce soir, installée sur les gradins du festival Hors Pistes au niveau -1 du Centre Pompidou, son casque à vélo soigneusement déposé à côté d’elle, la trentenaire parisienne raconte son parcours, la voix posée. Tout autour, le joyeux brouhaha des visiteurs et des visiteuses qui vont et viennent entre deux expositions.

 

Après des études de littérature et d’histoire des arts, elle enchaîne sur l’École supérieure des arts décoratifs d’où elle ressort diplômée en 2017. Son projet de diplôme ? Vêtements-couettes et syndrome de l’autruche. « On s’emmitoufle dans des vêtements de plus en plus amples, de plus en plus protecteurs, constate-t-elle. Toutes ces couches forment une frontière vis-à-vis des autres. Mon projet ? Un dispositif textile obligeant à sortir de ce cocon. »

 

Un peu plus tard, elle s’en inspire pour travailler avec des enfants atteints de troubles autistiques, avant de le décliner au Centre Pompidou, à l'attention d'enfants de 0 à 2 ans. Faire appel à ce « rapport très sensoriel, direct que ces tout petits entretiennent avec leur environnement » la séduit d'emblée. Mais elle y voit aussi l’occasion de donner un aspect très concret à ses précédentes recherches textiles et plastiques, restées jusqu’alors très théoriques, trop peut-être.

La jeune femme se lance donc dans la création d'un monde hyper coloré, ludique, avec des textures, des couleurs des matériaux bruissants afin, dit-elle, que « les enfants soient extrêmement stimulés ». Elle sollicite tous leurs sens à la fois, non sans une pointe de poésie ; un géant étourdi, un peu paresseux, a laissé traîner ses vêtements paysages et édredons, invitant les enfants à s’en déguiser. « Comme une manière de grands tapis d’éveil précise-t-elle, aux motifs abstraits pour que chacun, chacune puisse s’y projeter. Un univers à la fois familier et étrange. »

 

Voir des enfants se marrer sur ton travail, c’est toujours un truc très fort.

Justine Décarsin

 

Si Justine Decarsin est au dessin, si c’est elle qui choisit les tissus et qui conçoit les patrons, c’est son acolyte Marion Duvinage, costumière installée à Montreuil, qui réalise les pièces, assemble les vêtements.

 

Et leur coopération rencontre un vif succès ! « Il y a vraiment quelque chose qui s’est créé. C’est une expérience un peu magique, les enfants sont morts de rire, ils découvrent des choses, ils sont comme hors du temps. » Tant et si bien que le dispositif est promis à de belles itinérances, puisqu’il va d’abord rejoindre mille formes, le centre d’initiation à l’art pour les 0 - 6 ans, de Clermont Ferrand, puis des micro-crèches dans des centres de détention ; « La liberté vient de la confrontation à des choses inhabituelles », souligne l’artiste.

 

Pourtant, malgré cet engouement, la designeuse est saisie par le trac. Sans doute l’héritage familial de parents acteurs de théâtre. Mais il faut dire que pour elle, le Centre Pompidou représente beaucoup : « C’est sans doute en visitant l’exposition "Annette Messager, les messagers" que j’ai pris cette voie », confie-t-elle. La boucle est bouclée. ◼