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Portrait de la designeuse matali crasset par Julien Jouanjus

Le Centre Pompidou &... matali crasset

Sa silhouette est reconnaissable entre mille. Mais c'est surtout son travail, souvent poétique et presque toujours inspiré par la nature, qui a fait d'elle l'une des designeures françaises les plus connues dans le monde. Rencontre avec une créatrice qui n'aime rien tant que de s'affranchir des codes.

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Avec sa coupe au bol et ses grosses montures, matali crasset (en minuscules, elle y tient), 55 ans, est presque devenue un logo à elle toute seule. La designeure est aussi l’une des rares figures de ce milieu à être aussi connue du grand public. matali crasset repense tout : des chaises, des couteaux, des marques, mais aussi des chambres d’hôtels et récemment, les kiosques à journaux parisiens. Son objectif ? « questionner l’évidence des codes qui régissent notre vie quotidienne pour mieux s’en affranchir et expérimenter ». Et de ré-enchanter les objets du quotidien, sans esbroufe, et en s’inspirant largement de la nature. matali crasset :  « Mon ambition est de créer les milieux où peuvent s’épanouir la liberté, l’action, la convivialité et la générosité ». La designeure, qui a démarré avec Philippe Starck, s’attaque ainsi à tous les champs d’exploration artistique, de l’artisanat au luxe en passant par la scénographie, l’industrie textile ou l’architecture intérieure. Son histoire avec le Centre Pompidou est celle d'un lien très fort. Après le projet Blobterre en 2012, un jardin hybride foisonnant, elle conçoit en 2018 Saule et les Hooppies, un « tour musical itinérant qui propose un éveil à l’art et à la culture aux enfants de 5 à 10 ans ». Sorte de manège poétique et écologique qui déroule autour de l’arbre un écosytème imaginaire, Saule et les Hooppies est une comédie musicale, pensée avec le musicien Dominique Dalcan, dont les acteurs sont les enfants – et leurs parents. Et pour matali, l’occasion de convoquer « l’esprit des fêtes de fin d’année de l’école, quelque chose d’à la fois ludique et merveilleux ».

« Je me suis rendue au Centre Pompidou dès que je suis arrivée à Paris pour mes études de design aux Ateliers - Ensci, l’École nationale supérieure de création industrielle, vers 1987. Je viens d’un milieu rural et agricole, j’ai grandi dans un petit village de quatre-vingts habitants à proximité de Châlons-en-Champagne. Contrairement à d’autres, le Centre Pompidou c’était un lieu ouvert, il ne fallait pas montrer patte blanche avant d’y entrer… Alors j’ai pris toute cette culture avec gourmandise et enthousiame. Le bâtiment, avec son parvis, son Forum, dont on voit presque les tripes, me plaît beaucoup. C’est un lieu qui par principe se veut vivant, comme un organe vital de la ville. Dans les années 1980, j’allais beaucoup voir les expositions, je m’étais même abonnée aux visites guidées. J’allais aussi à la Bpi (Bibliothèque publique d'information), à la bibliothèque Kandinsky et puis à des répétitions à l’Ircam (Institut de recherche et coordination acoustique/musique), c’était possible. Je me souviens notamment d’un projet de “démocratie musicale” dans lequel on donnait une place équitable à tous les instruments, le violon comme la guitare, c’était drôle… À cette époque, il y avait aussi le Cci (Centre de création industrielle), et c’était très important pour moi qui voulais déjà devenir designeure.

 

Le bâtiment, avec son parvis, son Forum, dont on voit presque les tripes, me plaît beaucoup. C’est un lieu qui par principe se veut vivant, comme un organe vital de la ville.

matali crasset

 

Dans les collections, j’ai beaucoup regardé l’art brut de Jean Dubuffet mais aussi les sculptures de Jean Tinguely, même si aujourd’hui je m’intéresse à un art plus contemporain. Mes goûts ont en fait évolué en fonction de mes propres recherches. Récemment, je suis allée voir le spectacle de Théo Mercier et Steven Michel… Ma première collaboration avec le Centre Pompidou date de l’an 2000, avec Corinne Rozental pour “En quête d’objets” à la Galerie des enfants. Les enfants sont essentiels, nous avons tous la responsabilité de transmettre, et c'est ce que j’essaie de faire dans mes différents projets. Ce sont eux qui sont à l’origine du nom que je me suis choisi, un peu à mon insu. “matali”, c’est une déformation de mon prénom “Nathalie”, l’un des premiers phonèmes que prononcent les enfants, c’est “m”, comme dans “maman”. » ◼

Saule et les hooppies, l'enfance de l'art 

 

Commandé par le Centre Pompidou à la designeure matali crasset, Saule et les hooppies est un tour musical itinérant qui propose un éveil à l’art et à la culture aux enfants de 5 à 10 ans. Associant le design, le conte, la musique et la danse, Saule et les hooppies est à la fois une œuvre et une comédie chantante. Elle permet de prendre conscience du rôle de chacun dans la sauvegarde de la planète. Elle incite les participants, les enfants comme leurs parents, à déployer leur énergie et leur entrain pour que le dispositif prenne vie. Les chansons ont été écrites et orchestrées par le chanteur et artiste sonore Dominique Dalcan. Saule et les hooppies a été pensé pour circuler à travers la France. Ce tour musical fait escale de ville en ville pour faire vivre aux enfants, accompagnés de leurs parents ou dans le cadre scolaire, une expérience artistique participative et immersive. L’objectif est que ce projet permette des points d’ancrage entre les équipes du Centre Pompidou et les territoires qui l’accueillent. La présence de Saule et les hooppies est l’occasion de mener avec les structures locales (culturelles, sociales, sportives...) diverses actions de médiation et d’éveil à l’art (ateliers jeune public, événements festifs, présentation d’œuvres...).