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Portrait de Mathieu Lehanneur par Lionel Gasperini

Le Centre Pompidou &... Mathieu Lehanneur

Il est l'un des designers les plus talentueux de sa génération, plaçant son travail à l'intersection entre design, technologie et art. Celui qui vient de dessiner la torche olympique pour Paris 2024 avait, dès 2010, conçu pour le Centre Pompidou le Studio 13/16, un espace novateur et multiforme pensé pour permettre aux adolescents de vivre une expérience unique, celle de la création. Entretien.

± 5 min

En 2010, Mathieu Lehanneur signe pour le Centre Pompidou un espace totalement nouveau : le Studio 13/16. Et pour penser ce lieu modulable et adaptable à l'envi, le designer multi-primé a fait une chose simple : « J'ai fermé les yeux. Et j'ai essayé de me souvenir de mes années d’adolescence, quand je passais mes après-midis à squatter le Forum... Les ados sont un public compliqué à capter et à intéresser, alors j’ai conçu un grand espace lounge dans lequel on peut passer du temps sans forcément participer, un lieu qui incite sans contraindre. Le Studio 13/16 est à la fois lieu d’expérimentation et de production, où l’espace lui-même est outil de création. Le plus souvent dans l’enceinte du musée, le processus de création est achevé. Ici, les adolescents sont dans un temps réel artistique ». Cette année, le Studio 13/16 fête ses dix ans, et Lehanneur (né en 1974) fourmille de projets pour le Centre Pompidou. Rencontre avec un créatif enthousiaste.

« Pour moi, le Centre Pompidou, en dehors du monument qui est une icône du design, c’est surtout un refuge, au sens premier du terme. Lorsque j’avais 16 ou 17 ans, j’y venais avec mes amis du lycée, on n’avait qu’à pousser la porte et on y passait un bout d’après-midi, ou davantage. On s’asseyait sur la moquette et on restait là, sans que personne n’y trouve à redire. Le Centre Pompidou, ce n’est surtout pas un monument qui dit « tiens-toi droit, essuie tes chaussures », il vous invite et vous donne confiance. Et il y a une œuvre qui pour moi raconte bien le lieu, c’est Plight, de Joseph Beuys, un piano à queue tapissé de feutre épais. Le Centre Pompidou, c’est un musée qui n’induit pas le chuchotement, on s'y parle à haute voix, comme on se parle dans la rue. Il y a une grande exigence dans le programme et les contenus, mais sans la bienséance propre aux musées classiques. Ici on a la liberté de ressentir sans timidité. Pompidou, c’est cette déambulation sans but, ni plan, juste être ouvert à se laisser attraper par une oeuvre … Je trouverai, ou quelque chose me trouvera.

 

Le Centre Pompidou, c’est un musée qui n’induit pas le chuchotement, on s'y parle à haute voix, comme on se parle dans la rue. Il y a une grande exigence dans le programme et les contenus, mais sans la bienséance propre aux musées classiques. Ici on a la liberté de ressentir sans timidité.

Mathieu Lehanneur

 

À la fin des années 1990, j’ai passé de longues heures à la Bpi (Bibliothèque publique d'information, ndlr) pour mon mémoire de fin d’études, et c'était une époque où Internet balbutiait… alors lorsque vous trouviez l’information que vous recherchiez, c’était comme trouver une pièce d’or en creusant la terre ! Dès son ouverture en 1977, le Centre Pompidou a été l’un des premiers lieux de culture à intégrer un atelier pour les enfants… Alors lorsqu’en 2009 on m’a confié la conception du Studio 13/16 pour les adolescents, j'y ai vu le même esprit précurseur ». ◼