Apollinaire et ses amis (2ème version)
1909

Apollinaire et ses amis (2ème version)
1909
Apollinaire et ses amis, peint par Marie Laurencin en hommage au poète et au panthéon cubiste, représente, de gauche à droite : la collectionneuse et écrivain Gertrude Stein, la muse de Picasso, Fernande Olivier, Apollinaire au centre, Picasso, la poétesse Marguerite Gillot, le poète Maurice Cremnitz et Marie Laurencin elle-même au piano. Le tableau est caractéristique du maniérisme cubiste, propre à Marie Laurencin, qu’Apollinaire défend lors du Salon des Indépendants en 1909. Il le reproduit dans Les Peintres cubistes, en 1912, dans lequel il écrit : « L’art féminin, l’art de Mlle Laurencin tend à devenir une pure arabesque humanisée par l’observation attentive de la nature (…). »
Domaine | Peinture |
---|---|
Technique | Huile sur toile |
Dimensions | 130 x 194 cm |
Acquisition | Dation, 1973 |
N° d'inventaire | AM 1973-3 |
Informations détaillées
Artiste |
Marie Laurencin
(1883, France - 1956, France) |
---|---|
Titre principal | Apollinaire et ses amis (2ème version) |
Ancien titre | Réunion à la campagne ; La noble compagnie ; Le rendez-vous des amis ; G. Apollinaire et sa famille |
Date de création | 1909 |
Domaine | Peinture |
Description | De gauche à droite : Gertrude Stein, Fernande Olivier, une muse non identifiée, Fricka (la chienne de Pablo Picasso), Guillaume Apollinaire, Picasso, Marguerite Gillot, Maurice Cremnitz et Marie Laurencin |
Technique | Huile sur toile |
Dimensions | 130 x 194 cm |
Inscriptions | S.D.H.DR. : Marie Laurencin / 1909 |
Acquisition | Dation, 1973 |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Moderne |
N° d'inventaire | AM 1973-3 |
Analyse
La peinture (cat. rais. n o 49), conçue comme un hommage au poète et au panthéon cubiste, représente, de gauche à droite : la collectionneuse et écrivain Gertrude Stein, la muse de Picasso, Fernande Olivier, « un ange couronné de fruits » (selon l’interprétation donnée par Jaime Sabartés en 1954), Apollinaire trônant au centre de la composition, Picasso, la poétesse Marguerite Gillot, le poète Maurice Cremnitz, plus connu sous son nom de plume de Maurice Chevrier, et Marie Laurencin elle-même au piano. L’œuvre entre dans la riche collection d’Apollinaire, au moment de sa séparation avec Marie Laurencin, en 1912, et reste accrochée dans l’appartement du 202 boulevard Saint-Germain (où mourut le poète) jusqu’en 1973. Elle apparaît d’abord au Salon des Indépendants, en 1909, sous un titre, « Une réunion à la campagne », qui fait peut-être allusion au type du « portrait-paysage » des deux tableaux du Douanier Rousseau représentant Apollinaire et Marie Laurencin à la même date ( Le Poète et sa muse , Bâle, Kunstmuseum ; Moscou, Musée Pouchkine). On la retrouve ensuite fréquemment intitulée « Au rendez-vous des amis », sans doute par analogie avec l’inscription tracée par Picasso sur la porte de son atelier du Bateau-Lavoir : « Au rendez-vous des poètes ». Son titre actuel provient probablement d’une confusion avec une peinture homonyme de 1908, qui met en scène les couples formés par Apollinaire et Marie Laurencin, Picasso et Fernande Olivier (anc. coll. Gertrude Stein, The Baltimore Museum of Art, coll. Cone). Plusieurs études sont préparatoires ou parallèles à sa réalisation : en 1908, des portraits peints de Guillaume Apollinaire (coll. Apollinaire, cat. rais. n o 37), de Pablo Picasso (Tateshina, Musée Marie Laurencin, cat. rais. n o 38) et de Maurice Cremnitz ( La Famille du poète , ibid. , n o 50). En 1909, trois dessins préparatoires sont exécutés : un Autoportrait à la coupe de fruits (anc. coll. Laboureur) et deux études d’ensemble (Tateshina, Musée Marie Laurencin ; Mnam, AM 1947-216, legs de Robert Le Masle). L’esquisse du Musée est significative d’une conception initiale plus allégorique, à la Puvis de Chavannes, incarnée par une figure de la poésie drapée à l’antique, de dos au premier plan, effacée de la peinture. Ce rassemblement symbolique, à la fois amical, intellectuel et sentimental, du cercle cubiste qui est dominé, comme le tableau de Maurice Denis, Hommage à Cézanne , par l’emblématique compotier de fruits du maître d’Aix, pourrait être interprété comme une réponse au contenu autobiographique, relevant de la blague d’atelier, des Demoiselles d’Avignon de Picasso (1907). Avec son décor simplifié, dont les couleurs évoquent les paysages de La Rue-des-Bois (1908) de Picasso, et ses figures en forme de masques à la charnière du primitivisme et du style naïf du Douanier Rousseau, le tableau est caractéristique du maniérisme cubiste, propre à Marie Laurencin. Apollinaire le défendit vigoureusement dans sa chronique du Salon des Indépendants, en 1909, et le reproduisit dans Les Peintres cubistes , en 1913.
Brigitte Leal
Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007