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Espaces et usages

L'architecture du Centre Pompidou

Les espaces extérieurs

La Piazza

« Ça devait être un place for people, un lieu destiné aux rencontres. C’est pour cela que nous avons dessiné une place, qui était un choix totalement absurde parce qu’il y avait très peu d’espace, déjà insuffisant pour le bâtiment ! Et en effet, nous avons fait un bâtiment complètement démesuré, deux fois plus haut que les bâtiments voisins. Aujourd’hui tout cela semble très ingénieux, mais à l’époque ce n’était pas le cas. C’était une simple révolte. »1 

Renzo Piano

Dès le début de leur projet architectural, Renzo Piano et Richard Rogers prévoient un espace de rencontres et d’événements devant le bâtiment. Cette place inclinée, appelée Piazza en référence à la Piazza del Campo à Sienne, a pour ambition de devenir un espace de vie et d’animation. 

Les architectes ont choisi de n'occuper que la moitié du terrain de façon à libérer cette place et à faire de la façade transparente du Centre Pompidou un spectacle permanent. À l’origine du projet, la façade était prévue pour diffuser des écrans d’informations en direct, ce qui lui a valu la dénomination de Live center of information – projet toutefois jamais été réalisé pour des raisons techniques. La Piazza est également un lieu d’exposition d’œuvres monumentales à l’instar du Diatope de Iannis Xenakis à l’ouverture en 1977, le Pot doré de Jean-Pierre Raynaud en 1998, Horizontal d’Alexander Calder et Coup de tête d’Adel Abdessemed l’année suivante. 


Grâce à son inclinaison en pente douce, la Piazza permet d’élever un bâtiment de grande hauteur tout en respectant les normes imposées dans le paysage parisien.

Pendant la fermeture du Centre Pompidou de 1997 à 2000, la Piazza a accueilli une structure éphémère, appelée le « tepee », conçue par le cabinet Chaix & Morel Associés. Ce « tepee » s’est doté d’une programmation culturelle intense avec performances, conférences, et ateliers de pratique artistique, ainsi que la boutique-librairie, tout en rendant compte de l’avancée des travaux.


L'atelier Brancusi

De son premier atelier en 1916 jusqu’à sa mort en 1957, le sculpteur Constantin Brancusi a souhaité que les œuvres communiquent entre elles à travers l’aménagement de son espace de travail. Pour ce faire, il lie ses œuvres à leur contexte de création en laissant les socles apparents et baigne ses sculptures dans la lumière. Afin de conserver ses œuvres tout en les présentant au public, Constantin Brancusi lègue l’ensemble de son atelier à l’État français en 1956. La condition de ce legs est de reconstituer fidèlement l’atelier tel que l’artiste l’a conçu.


En 1978, une première reconstitution est érigée sur le côté nord de la Piazza. Cet atelier est configuré à échelle 1 et à l’identique de l’atelier de l’artiste de son vivant. 
Des inondations en 1990 entraînent la fermeture de l’atelier. Renzo Piano est chargé de concevoir un nouvel espace réunissant les œuvres et outils de l’artiste. Depuis 1997, le nouvel atelier présente 137 sculptures et 41 dessins


L'Ircam

En 1970, Georges Pompidou décide de consacrer un lieu dédié à la recherche acoustique. Dès l’origine, le Centre de recherche acoustique-Cra (futur Ircam) est pensé en lien avec le projet du Centre Beaubourg. Le président de la République charge le compositeur Pierre Boulez d’imaginer et de diriger ce centre dédié au son et à la musique. L’architecture de l’Ircam est confiée à Renzo Piano.

 

L’Institut de recherche et de coordination acoustique/musique (Ircam) est inauguré en 1977. Les premiers concerts ont lieu en 1978. 

Disposant d’abord d’espaces exclusivement souterrains, le bâtiment se dote par la suite d’une tour, réalisée en 1990, par le Renzo Piano Building Workshop. Les espaces remplissent des fonctions novatrices pour l’époque : chambre anéchoïque (« chambre sourde » qui offre un espace d’expérimentation acoustique spécifique), espace de projection et laboratoires font la part belle à la recherche musicale et à l'innovation scientifique et technologique.

 

L’Ircam est un lieu ouvert au grand public, comme en atteste sa programmation culturelle et sa médiathèque dédiée aux ressources musicales.

 

https://www.ircam.fr/


Les espaces intérieurs

Quelques chiffres :
  • 10 niveaux de 7 500 m2
  • 12 210 m2 dédiés à la présentation de la collection du Musée national d’art moderne
  • 5 900 m2 dédiés aux expositions temporaires
  • 2 salles de cinéma (315 et 144 places)
  • Une salle de spectacle (384 places) et une salle de conférence (158 places)
  • Une bibliothèque de lecture publique de 10 400 m² pouvant accueillir 2 200 lecteurs 
  • La bibliothèque Kandinsky, dédiée à la documentation et à la recherche, s'étend sur 2 600 m2

Le Forum

Le Forum est l'espace névralgique et le lieu emblématique de la pluridisplinarité du Centre Pompidou. 

En 1977, situé dans le prolongement du plan incliné de la Piazza, il conduit à une vaste fosse de 900 mètres carrés qui se déploie sur les 3 niveaux de circulation : sous-sols, piazza, mezzanine. C'est l'espace commun où se rencontrent des projets interdisciplinaires : installation d’œuvres monumentales, événements, expositions, concerts…

En 2000, il subit une transformation majeure. La fosse est considérablement rétrécie et donne accès aux salles de spectacles, cinéma et conférences, espaces d’exposition du niveau –1. Au niveau 0, la partie nord du Forum est réaménagée au profit des espaces réservés à l'accueil des groupes de visiteurs et aux ateliers pour le jeune public.


Le Musée national d'art moderne

La plus grande collection d’art moderne et contemporain d’Europe se déploie sur les niveaux 4 et 5 du Centre Pompidou. Elle expose en permanence plus de 1 000 œuvres d'une collection qui en comporte au total plus de 140 000.

 

De 1977 à 1985 : une muséographie innovante

•    La muséographie offre des open spaces. Les parois sont amovibles et laissent apparaître les tuyauteries. 
•    Le parcours est libre et non fléché. Le musée est ouvert sur l’extérieur et sur la ville.

 

De 1985 à 1997 : une muséographie plus classique et mieux adaptée à la collection 

Ces travaux font suite à l’accroissement de la collection et à la nécessité de transformer les espaces du musée pour créer des allées monographiques ou thématiques. Ils sont confiés à  Gae Aulenti, architecte des espaces intérieurs du Musée d’Orsay
•    Installation de cimaises (panneaux où sont accrochés les tableaux) plus hautes et d’un éclairage plus adapté.
•    La surface dédiée aux galeries contemporaines est doublée.

 

D’octobre 1997 à décembre 1999 : un musée plus accessible

Agrandir, restaurer et redistribuer les espaces, parfaire le confort d’accueil et d’accès pour le public. 
•    La présentation de la collection du Musée d’art moderne s'étend sur la totalité des niveaux 4 et 5. 
•    Aménagement de bassins sur les terrasses reflétant le paysage et les sculptures.

Les terrasses du Musée sont un lieu de découverte d’œuvres monumentales et de contemplation sur la ville. Au nombre de trois, elles sont situées au niveau 5 du musée et permettent d’exposer des œuvres de très grande taille comme celles d’Henri Laurens, ou encore de Takis.  


La Bibliothèque publique d'information

Dès 1963 et dans le cadre de la rénovation du quartier des Halles, naît l’ambition de créer des espaces de lecture publique. En 1967, le projet est approuvé par le ministère de l’Éducation nationale et l’année suivante, son futur emplacement est trouvé : ce sera sur le plateau Beaubourg. En 1970, le projet de la nouvelle bibliothèque est rattaché à celui du Musée national d’art moderne qui doit être construit sur le même emplacement. 


La Bibliothèque publique d’information (Bpi), située aux niveaux 1 et 2 du Centre Pompidou, s’est imposée comme un lieu de recherche, d’étude et de lecture incontournable à Paris. Elle a enregistré 1 275 722 entrées en 2019. 


Au-delà de son activité de bibliothèque de consultation, la Bpi propose également une riche programmation tout au long de l’année : projections cinéma, expositions et festivals.

 

https://www.bpi.fr/



Citation :

1. in Piano + Rogers. Centre Pompidou, Paris : Éditions du Centre Pompidou et Lia Piano de la Fondazione Renzo Piano, 2017, p. 192-193