Les puissances du désordre
1964 - 1965

Les puissances du désordre
1964 - 1965
Domain | Peinture |
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Techniques | Huile sur toile |
Dimensions | 298 x 993 cm |
Acquisition | Don de M. Alexander Iolas, 1979 |
Inventory no. | AM 1979-68 |
Detailed description
Artist |
Matta (Roberto Antonio Sebastián Matta Echaurren, dit)
(1911, Chili - 2002, Italie) |
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Main title | Les puissances du désordre |
Other title | L'heure de la vérité |
Title given | L'heure de la verite |
Creation date | 1964 - 1965 |
Domain | Peinture |
Techniques | Huile sur toile |
Dimensions | 298 x 993 cm |
Inscriptions | R.T. : Sur les côtés droit et gauche : L'HEURE DE VERITE |
Acquisition | Don de M. Alexander Iolas, 1979 |
Collection area | Arts Plastiques - Moderne |
Inventory no. | AM 1979-68 |
Analysis
La démesure exceptionnelle du format de la toile, qui fait suite à celle de la peinture murale (aujourd’hui détruite) Vivir enfrentando las flechas , 1961, réalisée pour l’université de Santiago du Chili – il faut y voir le désir de Matta de renouer avec la grande tradition latino-américaine des chroniques peintes pour le peuple –, est celle d’un véritable écran de projection. La courbure concave de son installation en augmente encore l’effet panoramique et la perspective : un tel espace de diorama est révélateur des liens établis par Matta avec le cinéma et avec la bande dessinée des Comics . En 1964, il conçoit de fait le dispositif du cube ouvert – espace de « projection spatiale de son inconscient », dira t-il –, qui lui permet de déployer, sur les six faces du cube, les différentes parties d’un polyptique « universel », intitulé L’Espace de l’espèce : son projet est bien celui d’une œuvre totale, dont l’ambition mentale et conceptuelle est à la mesure de son développement physique (exposition « Matta. Le cube ouvert », Lucerne, Kunstmuseum, 8 août-26 septembre 1965).
Même appliquée, comme dans Grimau , au scandale d’une exécution capitale – celle du dirigeant communiste espagnol Julián Grimau, exécuté le 20 avril 1963, sur ordre de Franco –, la vision du peintre s’élargit et revêt une portée métaphorique et universelle. Sa peinture-manuscrit se déroule en un récit bouillonnant de visions de science-fiction, qui est celui des paniques de la désintégration, thème récurrent de son œuvre, et qui avait déjà constitué le sujet, en 1956, de sa première grande peinture murale pour l’Unesco, Les Doutes des trois mondes . Qualifiée d’« épique » (Alain Bosquet), symptomatique du renouveau de la grande « peinture d’histoire », où sens et image se retrouvent intrinsèquement liés, sa production picturale, toujours dénonciatrice des machinations des pouvoirs et des tyrannies, va devenir, même si le sarcasme du peintre s’élève à une dimension poétique, une référence pour les tenants de la « figuration narrative » (Fromanger, Seguí, Malaval, Arroyo, Erró, Rancillac, etc.) qui envahit, en 1965, la scène parisienne après deux décennies d’abstraction.
Agnès de la Beaumelle
Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007