Tête de Montserrat n° 2
25 mai 1940
Tête de Montserrat n° 2
25 mai 1940
Domain | Dessin |
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Techniques | Encre de Chine sur papier |
Dimensions | 31,7 x 39,8 cm |
Acquisition | Don de Mme Roberta González, 1956 |
Inventory no. | AM 1910 D |
Detailed description
Artist |
Julio González
(1876, Espagne - 1942, France) |
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Main title | Tête de Montserrat n° 2 |
Title given | Femme criant |
Creation date | 25 mai 1940 |
Domain | Dessin |
Techniques | Encre de Chine sur papier |
Dimensions | 31,7 x 39,8 cm |
Inscriptions | Daté et monogrammé en bas à droite : 25-5-40 / J.G. |
Acquisition | Don de Mme Roberta González, 1956 |
Collection area | Cabinet d'art graphique |
Inventory no. | AM 1910 D |
Analysis
La guerre d’Espagne (1936-1939) puis la Seconde Guerre mondiale modifient le cours de la sculpture de González. Auparavant, l’artiste ferronnier élaborait une œuvre conjuguant l’abstraction de structures linéaires « ascétiques », selon un critique de son exposition de la galerie Le Centaure, à Bruxelles (30 mai-10 juin 1931), et la fidélité aux thèmes classiques, modernisés par un traitement épuré et géométrique (séries des Femme assise et du Petit torse égyptien de 1935-1936). Se détournant de ses modèles intemporels et de sa recherche formaliste, il aborde une nouvelle étape. Le premier jalon en est La Femme au miroir , qui répond à une commande pour le Pavillon de la République espagnole à l’Exposition internationale de 1937, à Paris. L’artiste récuse tout engagement partisan, mais choisit le biais d’une iconographie allégorique de la déploration et du deuil pour témoigner du conflit qui ravage sa terre natale.
Le cycle d’une centaine de dessins et de quatre sculptures dédié, entre 1938 et 1942, à la figure de la Vierge catalane de Montserrat (historiquement utilisée comme symbole de révolte) ne se limite pas à la reprise des poncifs de la peinture d’histoire et à la gestuelle dramatique de figures aux bras levés vers le ciel et criant, dans la lignée des « femmes qui pleurent » de Picasso ; au peintre de Guernica (1937), il est également redevable de l’usage exclusif du noir et blanc, qui donne aux dessins leur coloration tragique. Leur rythme cinématographique est dû à la pratique répétitive de González, qui procède à une démultiplication des plans, alternativement rapprochés et lointains, et des compositions – silhouettes brutalement éclairées sur des fonds d’encre, ou délicatement ombrées sur la page nue. Autant d’essais inspirés qui donnent leur souffle épique à un ensemble abouti par des sculptures : La Montserrat (1936-1937, Amsterdam, Stedelijk Museum) ; Masque de Montserrat criant (1938-1939, MNAM) ; Petite Montserrat effrayée (1941-1942, MNAM) ; Tête de Montserrat criant (1942, MNAM), dans lesquelles est amorcé un retour vers une forme de naturalisme académique. Ce tropisme figuratif, latent dans l’œuvre de González, est battu en brèche, à la fin de sa vie, par des séries de dessins souvent très colorés, comme Homme cactus , postérieur au fer de 1938-1939, ou noircis à l’encre ou au fusain, comme Tête à la bouche ouverte , 1939, et Personnage à la boule , 1940. En raison de la guerre, ces deux projets ne seront pas matérialisés par des sculptures, mais ils portent la marque d’un intérêt pour les formes organiques et métamorphiques que sculptent également, à la même époque, Picasso et Giacometti.
Brigitte Leal
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008