La salle des 12 drapeaux de Kriegsschatz
[1984]
La salle des 12 drapeaux de Kriegsschatz
[1984]
Domain | Dessin |
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Techniques | Aquarelle et mine graphite sur papier collé sur carton, avec rabat en papier |
Dimensions | 27 x 35 cm |
Acquisition | Don de l'artiste, 1989 |
Inventory no. | AM 1989-643 (2) |
Is part of the set |
Sans titre (pour I love my Lulu) (Dissociable set of artworks) |
Detailed description
Artist |
Sarkis (Sarkis Zabunyan, dit)
(1938, Turquie) | |
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Main title | La salle des 12 drapeaux de Kriegsschatz | |
Creation date | [1984] | |
Is part of the set | Sans titre (pour I love my Lulu) (Dissociable set of artworks) 1984 | |
Domain | Dessin | |
Techniques | Aquarelle et mine graphite sur papier collé sur carton, avec rabat en papier | |
Design stage | Etude préparatoire pour "I love my Lulu" | |
Dimensions | 27 x 35 cm | |
Inscriptions | H.G. : Lulu - les Drapeaux | |
Acquisition | Don de l'artiste, 1989 | |
Collection area | Cabinet d'art graphique | |
Inventory no. | AM 1989-643 (2) |
Analysis
« Brouillage culturel et confusion des territoires », l’œuvre multiforme de Sarkis est la construction, intime et théâtralisée, d’un parcours initiatique, tout autant visuel que mental. S’y intègrent aussi bien les objets, les sculptures et les aquarelles de sa création que des pièces anonymes trouvées ici et là, des objets familiers ou ethnographiques, des sculptures anciennes, qu’il s’approprie pour les détourner en signes esthétiques personnels, en autant de morceaux d’un espace et d’un temps métaphoriques. Chacun existe pour sa forte charge explosive, sensible et émotionnelle.
Ainsi, lorsque Sarkis fait appel à la pratique très classique du dessin – ou plutôt de l’aquarelle –, c’est l’impact quasiment alchimique de l’eau et de la couleur sur le papier qu’il recherche, la charge lumineuse et la vie incontrôlée de la matière aqueuse : c’est-à-dire – et il faut y voir la grande leçon de Joseph Beuys – le pouvoir énergétique du matériau le plus pauvre et le plus précaire ; du matériau le plus archaïque aussi. Sarkis garde de sa culture d’origine non seulement le secret de la lumière-couleur mais un respect absolu du papier, pour lui support et trace de mémoire ; d’où le rôle actif qu’il attribue à ses feuilles aquarellées, souvent surencadrées de néons ou d’autres objets, et intégrées dans un vaste dispositif scénographique. Exposées, elles sont là pour témoigner : ainsi, dans la salle de I Love my Lulu , pour offrir à Lulu et à son public les reflets chatoyants des installations produites ou rêvées par son créateur autour d’elle.
Icône fétiche de Sarkis aux multiples apparitions publiques, depuis sa création pour l’exposition « Der Anfang der Jahhundert » à la DAAD de Berlin (1984) jusqu’à sa venue au Musée en 1994, Lulu , vêtue de sa robe de bandes magnétiques jetées par brassées, nimbée de quatre lumières – verte, rouge, jaune et bleue –, est entourée de son cortège de neuf aquarelles, dont les titres évoquent les différentes « salles » conçues pour elle : La Salle du rideau de la fin des siècles , La Salle des douze drapeaux de Kriegsschatz , celle des Bateaux de Kriegsschatz , etc. Ces aquarelles doivent être suspendues par leur volet brun et à une hauteur précise, telles des fenêtres ou des miroirs. À la fascination qu’exerce Lulu – inquiétante comme l’Olympia de Hoffmann –, silencieuse quoique irriguée encore de la musique de Berg qui coule dans ses veines, s’ajoute le mystère de ces aquarelles colorées, à la fois fragiles et flamboyantes.
Agnès de la Beaumelle
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
Analysis
L’œuvre est réalisée entre le 23 mars et le 13 mai 1984, durant l’exposition « Der Anfang des Jahrhunderts » à la DAAD Galerie de Berlin. Le corps de Lulu est constitué d’une structure en fil de fer, recouverte des bandes magnétiques, jetées en brassées, de l’opéra d’Alban Berg, Lulu – donné par l’orchestre de l’Opéra de Paris sous la direction de Pierre Boulez – et de deux gobelets en plastique, l’un en guise de tête, l’autre, de sein, ainsi que d’une tige à la hauteur des reins, « comme si le dos de Lulu était un fusil ». « Je tenais à ce que ma Lulu écoute tout ce qu’il y a dans l’histoire de son corps […] la musique est la sculpture. » À l’égal de la Lulu de Berg, la sculpture de Sarkis « doit être publique. […] C’est une pièce qu’il faut mettre en scène. » Elle est tout d’abord présentée entourée des neuf aquarelles préparatoires dont les titres évoquent les œuvres et les thèmes chers à Sarkis – Kriegsschatz (le trésor de guerre), Le Forgeron (petite sculpture en bronze des années 1930), le capitaine Sarkis, le peintre en bâtiment –, les expositions en travaux ou des notions comme le son, le choc et la musique. Selon les expositions, Lulu se présente tantôt dans une semi-obscurité, légèrement nimbée dans sa quadruple lumière, verte, rouge, jaune et bleue, tantôt violemment éclairée avec les mêmes couleurs, telle une icône offerte au regard entre la princesse, la vierge et la putain. Désormais montée sur roulettes, Lulu vit sa propre vie dans de multiples relations avec d’autres œuvres, mise en scène, selon le lieu, au gré des infinies interprétations de Sarkis.
Nadine Pouillon
Source :
Extrait du catalogue Collection art contemporain - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Sophie Duplaix, Paris, Centre Pompidou, 2007
Bibliography
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